général, le confident et l’ami; il venait d’être nommé premier ministre
, et réintégré dans tous ses biens ,£ t Akbar méditait la plus
noire trahison. Aussi ambitieux, aussi cruel que son père, mais
plus dissimulé, il avait fui Chiras et s’était rendu à Ispahan, moins
pour se soustraire à la colère de Sadek et aux outrages de ses fils ,
que pour être plus à portée, auprès d’Ali-Murad, de lui plonger le
poignard dans le sein lorsqu’il en serait tems.
Ali-Murad, comme tous ceux que le mérite ou la faveur porte
aux premières places , avait des envieux, des jaloux , peut-être
même des ennemis : Akbar s’attacha à les connaître ; il en sonda
quélques-uns , s’ouvrit à eux , et leur proposa de se joindre à lu i,
de seconder ses efforts, de lui faire un parti assez puissant pour le
conduire au trône après qu’il aurait abattu celui qu’il accusait d’être
l’auteur de la mort de son père.
Ce complot lut découvert presqu’aussitôt que. la confidence en
eut été faite, et A k b a r , convaincu de son crime , fut condamné à
mort. Djafï'ar, qui avait à venger celle de son père et de ses frères,
fut chargé de cette exécution ; il lui plongea le poignard dans le sein ,
et fit exposer son corps durant trois jours sur la place publique.
Nous ne devons pas oublier de dire que, durant le siège de Chiras
,de fameux Azad-Khan mourut dans son palais , de mort naturelle
, à l ’âge de soixante-six ans. La veille de sa mort, il avait fait
appeler Hadgi-Bakher, nazir de Sadek, lui avait remis une lettre
pour son maître, et l’avait prié d’obtenir que son corps fût déposé
dans la mosquée de Seyd-Ali-Hussein, jusqu’à ce que ses femmes ,
ses enfanset ses esclaves pussent l’emporter à Kaboul. A la lecture
de la lettre d’A z a d , Sadek avait promis de remplir les intentions
du malade, et à sa mort il avait chargé Ali-Nagui-Khan de ne rien
épargner pour ses funérailles. Elles furent célébrées en octobre
1780, avec beaucoup de pompe.
■ Mais ce ne fut qu’après le siège, que la dernière partie des
volontés d’A zad put être remplie : ce ne fut qu’alors , et après en
avoir obtenu la permission du vainqueur , que les femmes, les
enfans et les esclaves purent se rendre, avec leur dépôt et leurs
richesses, à Kaboul.
C H A P I T R E XVI I I .
Révolte d ’Aga-Méhémet-Khan. A li-M u ra d envoie contre
lui Scheik-prsis , et obtient des succès. Désertion des
troupes de Scheik-Prsis. M o r t d’Ali-M ura d. Troubles
à Ispahan. L e gouverneur veut s’ emparer de l ’autorité.
Djajÿur-Khan le met en f u i t e . et s e fa it nommer régent.
Guerre enti'e lui et Aga-Mékémet-Khan. Troubles au
nord et au midi. D ja ffa r est mis à mort p a r une troupe
de seigneurs conjurés.
L a prise de Chiras fit mettre bas les armés dans le midi, à tous
ceux qui tenaient pour le parti de Sadek. Toutes les villes du Ker-
mân, du Laarestan et du Shusistan s’empressèrent d’envoyer leur
soumission à Ali-Murad, et d’implorer sa .clémence : les scheiks
arabes du Kermésir lui firent passer des présens, et la promesse de
payer à l ’avenir, plus exactement que par le passé, les subsides auxquels
ils sont assujettis. Dans le nord, l’Aderbidjan, l’Érivan, ainsi
que le Mogan, le Chyrvan et le Daghestan, qui n’avaient jamais
voulu se prononcer en faveur de Zéki ou de Sade'k, le reconnurent
formellement pour le chef de l’Empire. Ainsi, de toutes les pro •
vinces qui avaient été soumises à Kérim, il n’y eut que le Mazan-
deran et le Guilan qui refusèrent d’adhérer au voeu général, et qui
déclarèrent ne vouloir obéir qu’à Aga-Méhémet-Khan.
C’était le second des fils de Mohammed-Hassan-Khan. Retenu
comme otage à Chiras, durant le règne de Kérim, il s'était enfui
à la mort de ce prince, avec ses frères Djafïàr-Kouli-Khan et Ala-
Kouli-Khan, et s’était rendu à Aster-Abad, qu’il était venu à bout
d ’enlever à son frère Moustâpha, et de soumettre à son autorité
particulière.
Maître d’A ster-Abad, Aga-Méhémet-Khan avait levé des troupes
Z z 2