avec les ministres du ro i; c a r , en Perse comme en Turquie, Iors-
que le roi se met à la tête de son arjnée ou s’absente pour quelque
tems de sa capitale, les ministres et tous les officiers de la cour
sont obligés de le suivre.
Le commissaire des relations commerciales non® promit de retirer
cette boîte, et de nous la faire passer à Casbin par la première caravane.
Casbin n’est éloigné que de vingt lieues de Téhéran o ù mous
devions nous rendre, et ces deux villes ont entr’elles de très-fréquentes
communications j de sorte que nous ne pouvions manquer
de la recevoir avant même d’en’ avoir besoin, si toutefois elle nous
était envoyée de Constantinople , .ainsi qu’on nous l ’avait fait
espérer.
La mission dont nous étions chargés, exigeant que nous eussions
un drogman probe et intelligent, nous proposâmes à un
jeune Ragusais, nommé Garamau , de nous suivre. M- Caraïuaji
était le commis d ’un négociant italien , dont les majeurs, établis à
Gonstantanople, vcxiaiéutdc faire banqueroute ; il jouissait à Ragdad
d’une très-bonne réputation ; il savait fort bien l’italien , le turc et
l ’arabe; H parlait un peu le français, et se livrait depuis quelque
tems à l’étude du persan. Comme il allait.se trouver sans emploi,
il saisit avec empressement l’occasion qui se présentait de voir la
Perse, d ’en apprendre plus promptement la langue, et de se frayer
par-là une routé au drogmanat chez quelque ambassadeur européen;
Nous sortîmes de la ville le 18 mai 1796 , un peu avant le coucher
du sole il, e t nous vînmes attendre , au bord du Tigre , que
toute .la caravane fut réunie : elle se mit en marche à huit heures;
elle était co mro osée de qu atre-v in g t-dix cavaliers persans qu,i
venaient de visiter les tombeaux d ’Ali et de Hossein, et d’une
soixantaine de -chevaux chargés de riz , de dattes, de quincaillerie
européenne, de piastres turques et de quelques effets des voyageurs
.
Lorsque nous montâmes àicheval, l’air commençait hêtre rafraîchi.
par. un léger vent .d’est qui nous venait des hautes montagnes
q u i séparent la Turquie de la Terse ; mais la journée avait été trè$-
CH A P I T R E P R E M I E R . 3,
chaude. Le thermomètre de Réaumur était monté à 3o degrés ; il
avait été à 28 et 29 les deux jours; précédées. Le vent avait faiblement
soufflé du sud pendant ces trois jours. Vers les dix heures,
nous eûmes un moment de calme : nous vîmes alors se former peu
à peu à l ’ouest de notre route;, un brouillard qui s’élevait de la
te rre, ou se fixait à sa surface : bientôt nous ressentîmes quelques
bouffées d’un vent très-chaud. À onze heures , nous étions au
milieu de ce brouillard : on eût dit qu’il était formé d’une poussière
subtile et brûlante. L ’air était irrégulièrement a g ité , et il
nous venait de tems en tems, et de tous les côtés , un vent brûlant
qui nous eût suffoqués s’il eût soufflé de suite quelques minutes..
Un morne silence régnait dans la caravane. Nos chevaux avaient
ralenti leur marche, e t paraissaient souffrir autant que nous.
Nous restâmes près de cinq heures; dans cette espèce de brouillard.
Lorsque nous en sortîmes , nous nous trouvâmes sur des. tqrres
Cultivées et arrosées ; jusqu’alors nous avions marché sur un te r-’;
rain inculte depuis long-tems abandonné. ;
Nous arrivâmes à sept heures du matin au bord, dé la TJiala ;
elle était à peu près aussi grande et aussi tranquille qu’est la Seine
a Paris dans la même saison : c’est le Delas des An ciens. Elle prend
sa source au mont Zagros, à quelques lieues Sud-est de- Scherzour. s
Nous la passâmes dans un grand bateau dé bois de chêne, enduit,
extérieurement d’un mélange de terre et de bitume. Les bateliers
demandèrent peu de chose ; mais des commis qui se trouvaient 14
exigèrent un péage de seize paras, ou à pën près seize sous de
France par monture. Le pacha de Bagd ad ,'pou r qui on le pré-,
lè v e , avait eu l ’honnêteté de joindre aux lettres qu’il nous avait
envoyées, un teskéré ou ordre portant exemption de tons droits et
péages établis dans sa province.
Nous côtoyâmes la rivière près d’un quart d’heure , et nous arrivâmes
4 un petit village nommé Bakouba entouré de dattiers , dé
citron ¡ers, de grenadiers et autres arbres fruitiers. Je crois «pie
c è s t lé ; même que Pietr ô. ¡délia V aile noi unie Btrli crus ; Tavernief,
Bourous, et Other, Buhris.
Nous nous reposâmes toute la journée dans au carayanserai situé
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