sont ni belles ni nombreuses. Les rues sont sales, étroites , très-
sinueuses ; elles ne sont point pavées, et les eaux qui y coulent
en abondance, y entretiennent de la boue presque , toute l’année.
Les maisons sont toutes bâties en terre : celles des riches n’ont
qu’un etage ; celles des pauvres n ’ont ordinairement que le rez de
chaussée. Les unes et les autres sont surmontées de terrasses, sur
lesquelles on couche, comme dans toute la Perse, trois ou quatre
mois de l’année.
Le territoire de Kermanchah est un des plus beaux, des plus
•arrosés et des plus fertiles de la Perse. L ’eau qui descend de toutes
parts des montagnes voisines, vient répandre sur cette terre privilégiée,
la fraîcheur et l’abondance ; elle y fait croître, presque
sans culture, tout ce qui est nécessaire à l ’homme. On trouve dans
ce pays, des fruits et des légumes de tonte espèce. Le froment et
l ’orge y sont abondans, et les troupeaux fort nombreux. La vigne
y vient très-bien; mais on est obligé d’enterrer les ceps durant l ’h iver,
pour les garantir de la gelée, car il y lait très-froid en décemb
re , janvier et février, et la terre y est ordinairement couverte de
plusieurs pieds de neige.
I l nous reste à parler du monument qui se trouve aux environs
de la ville. La description que nous en avons faite, diffère peu de
Celle que M. de Beaucliamp a fait insérer dans le Journal des iSaq
nans (1). Nous allons pourtant la donner, parce qu’elle peut jeter
un nouveau jour sur un objet qui a pu mériter les recherches d’un
des plus sa vans hommes du siècle. Nous regrettons de n’avoir pas
dessiné avec tout le soin possible ce qui est relatif à ce monument,
et de nous être contentés d’une simple esquisse. Nous devons dire
pour notre excuse , que si nous n’avons pas donné à notre travail
toute la perfection qu’il méritait, c’est,qu’on nous dit à Kermanchah,
qu’un Français, venu quelques années.auparavant de Bagdad, en
avait pris une, copie et y avait travaillé plusieurs jours. Nous ne doutâmes
pas que ce ne iûtM. de Beauehainp, que nous savions être parti
de Bagdad dans l ’intention de relever lescôtes de la mer Caspienne.
; (i) Novembre 1790, pag. 726.
Voici la description que nous fîmes sur leé lieux.
Après une heure et un quart de marche à cheval, à travers une
plaine bien cultivée , presque toute plantée en vignes , nous arrivâmes,
en nous dirigeant à l ’est, au pied d’une montagne tres-
élevée, très-escarpée, presque coupée à p ic , que les gens du pays
nomment Tak-Bostan, Tak-Rustan et Tak-Khosrou. A quelques
pas de la montagne il y a deux sources très-considérables d’une
eau vive et très-fraîche, qui se répand sur les terres d’alentour, y
forme des marécages, va se réunir ensuite en un même lit et donner
naissance à la petite rivière de Kara-Soui.
Autour de ces sources , et un peu plus loin dans la campagne ,
on voit des pierres taillées en carré long, qui sont visiblement les
restes d’un vaste réservoir, dont on reconnaît encore quelques
traces.
A u devant de la grande source on a taillé, dans une roche calcaire
très-dure, une salle de trente pieds de haut, trente pieds de
large et autant d’enfoncement, et on y a sculpté au fond, en relief,
un guerrier à cheval, tenant de sa main gauche un bouclier, et
de sa droite une lance appuyée sur son épaule, et terminée postérieurement
par une espèce de drapeau. La,tête est couverte d’uii
casque, et le corps d’une sorte d’armure. Le cheval est richement
harnaché. La jainbe droite du cavalier est cassée, ainsi que la jambe
droite postérieure du cheval. Le museau est pareillement cassé. Le
cavalier et le cheval tiennent à la roche par le côté gauche ; ils ont de
quinze à dix-huit pieds de haut. A u dessus de la tête du cavalier;
on remarque Un globe ( p l. 3g, f g . !
; Une corniche très-saillante sépare cette première figure de trois
autres qui occupent tout l’espace compris de là au sommet de la
voûte. La figure du milieu, qui paraît la principale, et qu’on pourrait
regarder comme un jeune ro i, à en juger par sa coiffure et
son visage imberbe, présente de sa droite,- à un homme vieux et
portant une longue barbe, un objet qu’on ne sait à quoi rapporter :
c’est une espèce de boule, d’où s’élève un corps triangulaire,, droit,
marqué de lignes transversales, et d’où part au dessous un autre
corps plus alongé, un peu courbé, également marqué de -lignes