Téhéran. On nous montra beaucoup de grenades , tant douces;
qu’acides ; celle sans pépins ou à pépins avortés est la plus grosse ,
la plus sucrée et la plus estimée de toutes* Nous vîmes des coins
très-gros , très-odorans, supérieurs à: ceux du Midi de la France ;
des melons très-aqueux , très-doux, inodores, de toutes les couleurs,
à chair blanche-un peu verdâtre, à chair blanche un peu
jaunâtre , à chair rose et à,chair rouge, comme les nôtres.. Ces melons
inodores, qui viennent également en é té , ont l’avantage de-
pouvoir être Conservés sans .se gâter ni trop mûrir. Les carpous
ou pastèqnès étaient plus abondantes que les melons : il y en avait
à chair* verdâtre et à: chair rouge. Les premières avaient les graines
blanchâtres; les secondes les avaient noires, et quelques-unes les
avaient rouges. Ce fruit est très-aqueux et très-sucré : il y en a qui
pèsent de trente à quarante livres; ceux que nous vîmes n’allaient
pas au-delà de six ou sept*
On nous montra des cornouilles plus douces que les nôtres, des
jujubes fort grosses, fort mielleuses ; des pommes assez bonnes ,,
des poires médiocres t celles d’été yalent en général un peu mieux-
Nous goûtâmes plusieurs espèces d’azeroles assez agréables ,, et le
fruit du chalef ou olivier de Bohême, elaeagnus ¡ c e dernier était
peu savoureux.
L ’été on tro u v e , tant à Ispahan que dans le reste de la Perse ,
.plusieurs variétés de cerises assez bonnes, et.un grand.nombre de.
variétés d’amandes, toutes,excellentes* Les abricots sont aussi.fort
multipliés, et bien supérieurs à ceux d’Europe. On les fait séches
au soleil après avoir enlevé le noyau ; bouillis,. ils fournissent toute,
l ’année une compote fort b onne,e t assez.douce pour se passer de
sucre..
. Les raisins sont partout abondans et d’une excellente qualité*
Aucun de ceux que j’ai, goûtés à Consîantinople,. dans les îles de.
l ’Archipel, en Crète, en Chypre , en Syrie , en Provence , en Italie ,
ne m’a paru comparable au kichmich, dont le grain est blanc, ovale,
et de médiocre grosseur. La peau ;en est très-lime , et, les pépins,
sont,toujours avortés..
. L a figue est assez abondante les bonnes qualités avaient déjà
passé à Ispahan. Celles que -j’ai goûtées à Téhéran et à Cachan ne
valaient pas nos meilleures espèces de Provence.
Pour ce qui est des autres fruits, on peut compter la n o ix , la
châtaigne, la nèfle; ils sont assez communs, surtout vers le nord.
La pistache est cultivée à Gasbin et dans ses environs ; elle est un
peu plus grosse, et pour le moins aussi bonne que celle d’A lep. On
mange aussi diverses espèces de pistachfes qui ne sont pas plus
grosses que des noyaux de cepises. Nous en avons parlé dans le
chapitre X V Ie. du tome II.
L ’oranger, le citronier et les variétés qui en dépendent, ne peuvent
réussir à Ispahan : l’hiver y est trop froid : on ne les cultive
guère qüe sur les bords de la mer Caspienne, et depuis Chiras jusqu’au
golfe Persique. Le dattier ne vient qu’aux environs du golfe.
Le fruit de celui-ci est aussi bon qu’à Bagdad et àRassora.
' De Julfa nous nous rendîmes à Férabad, et.de là à la montagne
de Sophissar. Férabad était une superbe maison roy ale, qui fut
bâtie par Chah-Hussein, à demi-lieue sud-sud-ouest de Julfa ; elle
est détruite depuis long-tems, et la plupart des matériaux ont été
enlevés. On y remarque cependant encore les divisions principales
des édifices, qui paraissent avoir été très-considérables. Les jardins
étaient fort étendus, et l ’eau qu’on y avait amenée à grands frais f
était fort abondante. On y voit encore quelques restes de canaux,
mais on ne trouve plus nulle part une goutte d’eau. On ne voit pas
un . seul hrbre, un seul arbuste dans ce lieu , qu’on dit avoir été un
des plus beaux detia contrée.
En parcourant, à travers des décombres , les restes djun pavillon
, nous parvînmes à un petit escalier qui, nous conduisit dans
une chambre dont les murs.; bien;blanchis/présentaient sur leurs
quatre faces une suite, peinte en b leu , de tous les quadrupèdes
que connaissent les Persans, depuis le lion jusqu’au rat : ils. y étaient
deux à deux. Cette.procession d’ahiinaux, qui recommençait plusieurs
fois dans le même ordre , était .toujours terminée par deux
Capucins coiffés de leur capuchon vils portaient la tête inclinée, et
ils avaient les deux mains sur la poitrine. L ’idée du peintre nous
parut très-singulière. .Faut-il l’attribuer à l'habit de ces religieux,,