garde , tous ceux qui s’étaient approchés de lui pour le tuèr. Délivré
de ce premier danger, il voulut se mettre en mesuré pour les
faire investir ; mais il ne fut pas assez tôt o b é i, ou le fut très-mal ;
ils lui échappèrent, et prirent le chemin de Chiras au nombre de
quelques mille.
Lutf-Ali envoya promptement des couriers à ses proches parens,
avec ordre défaire arrêter Hadgi-Ibrahim et ses partisans, on de
s’en défkire s’ils ne pouvaient les prendre vivans. Ses eonriers
Rirent arrêtés. D ’ailleurs, le gouverneur s’était déjà assuré de tous
les seigneurs zends, parens ou créatures de Lutf-Ali, et les avait
feît soigneusement garder. A l’heure convenue , et sans attendre
des nouvelles de Ses frères, il s’était mis en mesure de résister à
son gendre, quel que fût le résultat du complot qu’il avait formé
avec eux.
Le départ précipité de tant de militaires, et le motif qui y avait
donné lieu, excitèrent de la rumeur dans l’armée, et la plongèrent
dans une sorte de découragement. La crainte qu'il n’y eût encore
des traîtres parmi eu x , faisait demander hautement à tous les corps
la permission de se retirer. L u tf-A li, qui en fut instruit, crut ne
devoir rtem tenter, pour le moment,. contre Méhémet ; il avait
d'ailleurs à prévenir les suites de cette désertion , et empêcher
qn’Ibrahim ne soulevât la ville contre lui ; il prit donc le parti de
retourner à. Chiras avec son armée , afin de punir les coupables ou
déjouer leurs complots.
Arrivé aux portes de Chiras, il les trouva fermées : il fit sommer
le gouverneur de les ouvrir; celui-ci répondit par des coups de
canon. Lutf-Ali se disposait à l’assiéger quand tout à coup il se
vit; sans armée. Ibrahim y avait envoyé des émissaires chargés d’en
gagner une partie , et de désorganiser l’autre ; il faisait menacer les
uns de massacrer leurs femmes et leurs enfàns s’ils ne rentraient
dans la. ville ; il faisait offrir aux autres de l’àrgent s’ils, voulaient
retourner sur leurs montagnes ou dans leurs provinces.
Cette ruse lui réussit ; tous les soldats qui avaient leur famille à ■
Chirqs,, s ’empressèrent d’y rentrer ; lés. autres acceptèrent les offres
qu’on.leur Élisait, et abandonnèrent l ’armée.
L u tf-A li, avec un petit nombre d’hommes qui lui restèrent attachés
, prit la route de Bender-Rik , où il passa un an entier occupé
à lever des troupes et à former une autre armée.
Hadgi-Ibrahim voulut en vain s’y opposer : maître de Chiras , il
ne put venir à bout de soumettre le Farsistan, ni même de se faire
un parti dans les autres provinces.' Ses troupes , qui consistàieiit
alors en huit ou dix mille habitons , n’étaient pas du tout disposées
à combattre pour lui hors des -murs de la ville. Lui-même
n’était pas un habile guerrier : dès qu’il sut que son gendre levait
des troupes, et que les Arabes étaient prêts à passer de nouveau
sous ses enseignes, il se hâta d’écrire à Méhémet, et de le supplier
de venir à son secours, promettant de lui livrer Chiras, et dé lui
remettre le trésor royal qu’il avait en son pouvoir. Méhémet ne
manqua pas de répondre favorablement à cette invitation, et de
faire espérer promptement les secours qu’on lui demandait. Mais II
fut prévenu encore une fois par Lutf-Ali. Celui-ci n’eut pas plutôt
rassemblé dix-huit ou vingt mille hommes, qu’il vola à Chiras; il
en faisait déjà le siège, et he donnait aucun moment de relâche au
traître Ibrahim quand Méhémet parut à la tête d’une armée dè
soixante mille hommes.
Sans s’effrayer du nombre, Lutf-Ali l’attaqua plusieurs fois avec
quelque succès; il ne put pas la mettre en déroute, mais il l’empêcha
d’entrer à Chiras, et de Communiquer avec le rebelle; 'et
même, pendant plus, d’un mois qu’il ia tint en échec à quelques
lieues de la ville, il lui tuà tant de mondé', il lui occasionna1 une
.si:grande désertion ; qu’elle se trouva réduite de moitié.
Lorsqu’elle fut dans cet état, Lutf-Ali jugea que le tems était Tenu
de la détruire entièrement. Pour c ela , il fallait tjue ses troupes
dont le courage ne s’était pas 'démenti jusqu’alors , fissent un dernier
effort; et le secondassent de toutes leurs forcés. Il savait tout
ce que peut dans ces occasions un général habile qui a là confiance
de son armée ; il savait combien sont grandes ses ressources; 3
voulut y avoir recours ; il voulut ne rien négliger pour vaincre son
ennemi et rentrer à Chiras. Après avoir fait part à tous les chefs
assemblés de l’intention qu’il avait d’engager une affaire générale