venir à Caraman : le sol y est trop élevé, et le froid trop v if pour
ces végétaux. Nous séjournâmes le 2 5 , et nous partîmes le 26 pour
nous rendre à Koniéh.
Après quatre heures de marche dans une belle et large vallée,
nous dépassâmes la montagne au pied, de laquelle sont les ruines
de Larenda, qtii était à notre droite, et celle que nous avions à
gau che, et nous nous trouvâmes dans une plaine très-vaste , où
nous fûmes surpris de ne voir aucune sorte de culture. Nous nous
arrêtâmes, après neuf heures de marche, sous les arches d’un pont,
où nous passâmes la nuit.
La rivière sur laquelle ce pont est bâti, n’avait presque pas d’eau ;
mais elle en re ço it, nous dit-on, beaucoup en hiver : elle va se
rendre au lac qui se trouve à l ’orient de Koniéh.
Le 27, nous marchâmes huit heures dans la même plaine, et
nous arrivâmes à Koniéh.
Cette ville est située au 37e. degré 5a minutes de latitude, suivant
les observations de M. Niébuhr ( t ) ; elle est dans une plaine
très-étendue, et de la plus grande fertilité, à l’orient d’une montagne
qui lui fournit de l ’eau en abondance. On v o it, à une lieue
de ses murs, un lac peu étendu , qui est entretenu par les eaux
superflues de la v ille , et par celles de la petite rivière que nous
avons fait remarquer en venant de Caraman.
Koniéh portait autrefois le nom d'Iconium ; elle fut une des
plus riches et des plus considérables de la Lycaonie, province de
la Cappadoce. On ignore l’époque où elle passa au pouvoir des
Sarrasins, et comment elle fut ensuite le chef-lieu d’un Etat indépendant
: on sait qu’Alaeddin y régnait lorsque Togrul , fils de
Suleyman-Chah. et père d’O thman, premier empereur des Turcs,
lui envoya une ambassade pour lui demander quelque place , xdans
ses États, où il pût s’établir avec les cinquante mille familles que
(1) Ce célèbre voyageur a envoyé il y a quelque tems , à M. Barbié du Bocage,
les latitudes par lui observées des villes d’Erecli, de Koniéh, de Cara-Hissar , de
Kutayéb, dé Brousse et de Mundania, que M. Barbié du Bocage a bien voulu
nous communiquer •
son
son; père avait amenées des Contrées situées à l’orient de la Caspienne.
1 '
A la mort d’Alaeddin , la ville ët les» ; provinces qui en dépendaient
, passèrent au pbuvoir d’Othman, qui prit le titre de sultan,
tandis qu’il n’avait eu jusqu’alors que celui de sér¡¡.skier où général
des troupes d’Alaèddin. Cette ville n’a pas cessé depuis lors d’être
au pouvoir des Othomans elle est aujourd’hui le: chef-lieu d’un
pachalifc, qui comprend7 sept" sanjaks ;■■ savoir : K o n iéh , qui ¡est en
meme tems la résidence du pacha; N ik id é , Y en isch er, K irch u ri,
A kshéer, K aisariéh e t Aksera'i. On y compte n 3 zaïms et 5i 3
timariots, qui forment, avec-leurs gebelis, un corps de 4,600 hommes
, indépendamment des janissaires et des spal^js, dont le nombre
est bien plus considérable.
Les remparts de cette v ille , qu’on juge de construction arabe à
«es tours rapprochées, et aux inscriptions en cette langue, qui s’y
trouvent en divers endroits, S o n t en assez bon état, et d’une pierre
calcaire assez dure ; mais le palais des sultans, qui est dans l’intér
ieur, sur une petite éminence, et qui servait en même tems de
forteresse, tombe en ruines ; une partie même a été démolie : on
voit," par ce qui est conservé, qu’il a été.fort étendu; et d’une assez
belle architecture.
Il ne reste de la ville grecque aucun monument qui soit debout,
aucuù temple, aucun édifice dont on puisse observer les ruines. On
Voit seulement que les remparts furent construits avec lés matériaux
de l’ancienne ville : ils présentent partout des inscriptions
grecques, ou tronquées, ou renversées : partout 011 voit des pierres
sculptées qu’on a retaillées ou qu’on a employées telles qu’on les
trouvait; quelques-unes ont des croix simples ; d’autres ont des
croix doubles, semblables à celles des chevaliers de Malte. Parmi
les inscriptions , les unes sont en beaux caractères, les autres sont
peu lisibles , et ressemblent à celles qu’on voit dans les monu-
mens du Bas-Empire.- On y remarque aussi beaucoup de lions
sculptés.
Sur la porte par laquelle nous sommes entrés vers le sud, il y a
deux génies ailés, tenant à la main une bouteille, et deux sortes
Tome II I. Q q q