au centre du village, et nous partîmes le 20 mai au lever du soleil.
Après deux lieures et demie de marche, la trop forte chaleur nous
obligea de camper : on choisit pour cela les environs d’un ruisseau
qui sert à l ’arrosement des terres, et qui vient de la rivière : ses bords
étaient couverts de liciéts, de mimeuses, de réglisses et d’un, grand
nombre d’autres plantes. Une multitude d’insectes plus brillans les
uns que les autres, voltigeaient autour d’elles. Le pays paraissait
habité et cultivé de toutes parts. Nous avions autour de nous divers
bouquets de palmiers, indice d’autant de villages. Le vent fut au sud
toute la journée, et la chaleur bien plus forte que les jours précédons.
a Nous montâmes à cheval vers les dix heures du soir, et marchâmes
sept heures et demie pour arriver à Chehraaban , village
assez considérable, mais à moitié ruiné; il est situé sur un canal
qu’on nous dit venir de la Diala : il y a à ce village un péage de
huit paras par charge ou par monture. Nous ne nous y arrêtâmes
pas : on nous fit camper à une demi-lieue plus loin.
Le même jou r , à quatre heures du so ir , quoique la chaleur fût
encore très-forte, nous fîmes une lieue et demie, et campâmes jusqu’après
minuit au bord d’un canal qui arrose et fertilise cette contrée.
De Bagdad ici, le terrain est uni; les terres sont très-profondes,
sans aucun mélange de pierres ni de gravier : ce sont des terres d’al-
luvion, formées anciennement par le Tigre ; elles sont de la plus
grande fertilité lorsqu’on peut lès arroser. Nous sommes à peu de.
distance d’un coteau de cailloutage à base de grès. Nous avons
devant nous, un peu à droite, des montagnes qui nous paraissent
couvertes de bois.-- ï
- Le 22 mai, avant le jo u r , nous traversâmes le coteau.dont nous
venons de parler; il est sec et aride, et a plus de deux lieues de
largeur. Nous nous trouvâmes ensuite dans une belle plaine arrosée
, et nous arrivâmes, après cinq heures de marche, à Khesel-
A b ad , village où l’on a établi un autre péage de huit paras. Nous
allâmes camper à une demi-lieue plus loin , près d’un bosquet de
dattiers.
- Le ¿3 , après six heures de marche, nous nous arrêtâmes au-delà
deKharnaki, dernier village où nous ayions apperçu des dattiers;
il est situé sur une rivière nommée Khaser-Soui, qui va se jeter
dans la Diala. Nous l’avons passée sur un beau pont construit en
briques.
Entre Khesel-Abad et Kharnaki, nous traversâmes une seconde
colline de grès et de cailloutage. Le sol nous parut s’élever insensiblement
depuis que nous avions quitté les terrés d’alluvion.
Le 24, nous eûmes six heures et demie de marche; nous traversâmes
des collines de grès et de cailloutage semblables aux précédentes,
et nous vînmes camper auprès des ruines d’une ancienne
ville que lesTurcs et les Persans nomment Khasri-Chirin o u Kha-
ser~Chirin. Nous avions à notre droite la petite rivière de Khaser-
Soui , dont nous avons parlé plus haut ; elle vient des montagnes
que nous avons devant nous : ses bords sont couverts de saules et
de lauriers-roses.
On apperçoit encore à Khasri-Chirin quelques restes de remparts
et d’une forteresse fort étendue, qu’on dit avoir été bâtie par
Khosrou ou Cosroës Parviz, pour y loger sa maîtresse Chirin.
Le 25, nous marchons six heures et demie : le terrain s’élève.
Nous traversons des collines calcaires, et avons à notre droite une
petite montagne couverte de chênes. Nous campons auprès de la
rivière K h a se r , dans une plaine peu étendue, mais arrosée et cultivée.
Depuis notre départ de Bagdad, nous avons vu partout couper
les orges ; les fromens sont presque mûrs.
Le 26, nous passons près du village de Sarpil, où l ’on exige un
péage de trente paras par monture : on-nous force nous-mêmes à
le payer, malgré le teskéré du pacha; Nous remarquons près du
village une colline calcaire, qui présente une coupure par où passent
le chemin et une petite rivière, que nous croyons être la même
que celle des jours précédens. On voit auprès de cette coupure, des
terres amoncelées et quelques décombres qui annoncent qu’il y
avait là autrefois une ville assez étendue.
- A une lieue de Sarpil nous passons par une autre coupure assez
étroite, où l’on apperçoit encore les restes d’un gros mur qui la
fermait probablement. La colline où se trouve cette coupure est