qu’un seul et même Empire de tous les pays compris entre le Tigre
et l’Indus, entre la Caspienne et le golfe Persique.
Aclimed n’avait pas tous les talens de Nadir, mais il était dévoré
de la même ambition : il ne savait pas, comme lu i, faire plier toutes
les volontés et maîtriser en quelque sorte tous les événemens; mais
c ’était un général habile, un chef audacieux. Chéri de ses soldats,
à la tête desquels il combattait toujours, il pouvait compter sur leur
zèle et sur leur dévoûment.
Après avoir bien affermi son pouvoir et l ’avoir confié à un de
ses plus proches parens , il avait quitté Kandahar dans le courant
de l ’année 1749 , avait soumis le Ségestan sans combattre, et était
venu mettre le siège devant Hérat à la fin de la même annéé.
Cette ville n ’avait pas alors une forte garnison ; néanmoins elle
était en état de résister; elle était pourvue de vivres : ses murailles
avaient été réparées, et les habitans s’étaient aminés, et avaient juré
de s’ensevelir sôus les ruines de leurs maisons, plutôt què de passer
sous un joug étranger. D ’ailleurs Charokh, qui avait regardé cette
place comme une digue propre à arrêter les Afghans, s’était empressé
d’envoyer à son secours un de ses meilleurs généraux. Achmed
se serait vu forcé de lever le siège, et de porter ses forces ailleurs si
:le malheureux événement qui avait rappelé Youssèf n’eût laissé cette
ville sans défense.
Après son départ, le gouverneur, réduit à ses propres forces,
résista encorë quelque tems, et ne songea à se rendre què lorsqu’il
eut consommé tous ses vivres : il fallut alors, céder à la nécessité,
et se mettre à la merci de ses ennemis. Les Afghans entrèrent dans
Hérat à la fin du printems i 75o , en prirent possession et s’y fortifièrent
: ils ne maltraitèrent point les habitans ; ils n’en firent périr
aucun, mais ils eh exigèrent une somme d’argent assez forte.
Mir-Alim avait vu sans inquiétude les Afghans se répandre dans
la province de la Perse la plus voisine du Kandahar; il avait regardé
Hérat comme devant être le terme de l’ambition d’Achmed ; mais
lorsqu’il apprit que ce guerrier se disposait, après la prise de cette
ville , à pénétrer dans le Khorassan, il se hâta d’approvisionner
Mesched, et de mettre cette place dans un bon état de défense. ’
Rassuré de ce côté, Mir-Alim vint à la rencontre de son ennemi
vers la fin de l ’été, avec des forces à peu près égalés aux siennes par
le nëmbre ; mais Aclimed commandait aux-meilleures troupes que
Nadir a tait eues. Son armée , toute composée d’Afghans, n’avait
jamais combattu sous d’autres généraux : accoutumée à vaincre
sous les ordres d’Achmed, pouvait-elle ne pas être supérieure à
celle de Mir-Alim , qui était formée; à la hâte, de diverses tribus
qui différaient entr’élles quant aux- opinions religieuses, qui se
haïssaient, et dont quelques-Unes n’aimaient ni n’estimaient assez
leur chef pour lui obéir aveuglément.
Mir-Alim avait sans doute autant de courage et autant de talent
que son ennemi; mais à quoi servéntle courage et le talent d’un chef
lorsqu’il n’est point secondé, lorsque ses troupes n’attendent que
le signal du combat pour quitter ses drapeaux. Mir-Alim, au premier
choc, se vit abandonné des Turcomans et dès Ouzbeqs ; il fit
en vain tous ses efforts pour les ramener au combat ; en vain il
leur promit; tout le butin de l’ennemi, il ne put les gagner; ils
refusèrent avec obstination de tirer le sabre contre un homme
qu’ils étaient accoutumés à respecter, qui leS'avâit commandés,'qui
les avait conduits plusieurs fois à la victoire sous le règne de Nadir.
Les Arabes et les Curdes, bien plus nombreux que les Turcomans
et les Ouzbeqs, tinrent bon et se battirent avec le plus grand
courage. Mir-Alim, à la tête des premiers, fit mordre la poussière
à un grand nombre d’Afghans; il combattait encore vers le
milieu du jour, et tenait la victoire incertaine lorsqu’il fut atteint
dans la poitrine par le fer d’une lance. Sa mort fit cesser aussitôt
le combat : les Arabes et les Curdes se retirèrent en bon ordre.
Achmed ne jugea point à propos de‘ les poursuivre : content de
les voir céder le champ de bataille, il leur fit seulement promettre
de quitter le Khorassan et de se rendre dans leurs provinces respectives.
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Lorsqu’il se fut assuré que ses ennemis se- retiraient par des chemins
divers, il prit la route de Mesched, et arriva au pied de ses
murs en octobre de la même année i 75o .
Cette ville ayait alors sept ou huit mille hommes de garnison,