terres étaient pins fertiles , plus arrosées , mieux cultivées : nous
vîmes plusieurs ruisseaux dont les bords étaient couverts de myrtes,
de lauriers-roses, et surtout de reglisses : nous traversâmes un coteau
de fort bonne terre, tout lézarde, tout rong e, tout bouleverse
par les eaux de pluie, et nous arrivâmes à Patras après avoir marche
cinq heures.
Cette v ille , que les observations de M. Beauchamp placent au
38e. degré 12 minutes 41 secondes de latitude, est située sur la pente
nord-ouest d’une éminence , à un quart de lieue de la mér, et est
dominée au sud par une citadelle fort considérable, qu’on dit bâtie
sur les ruines de celle que les Romains construisirent lorsqu’ils
eurent fait de ce lieu une place de guerre et le siège d’un grand
commerce. Restreinte aujourd’hui, à un espace peu étendu , et
réduite à quatorze cents, maisons et à six mille âmes de population,
on v o it , par quelques ruines et quelques restés de murs, quelle
s’étendait autrefois, au n o rd , jusqu’au rivage de la mer, et qu’elle,
occupait, à l ’occident, tout le terrain élevé qui entourait le port.
, Ce p o r t, que les sables et les limons ont comble, est au dessous
de la ville moderne , vers le nord-ouest. Un mnr en demi-cercle,
solidement construit, fort épais à sa base, et qui s eleve en retraite,
soutenait les terres, et servait probablement, de ce côte, de rempart
à la ville. Wheler a pris cette enceinte pour un cirque; cependant
il ne peut y avoir de doute à ce sujet. Tous les habitans assurent
avoir ouï dire aux vieillards, qu’il y. av3.it encore, de leur tems |
le long de ce mur, de grands anneaux de 1er qui servaient autrefois
à amarrer les navires, et le terrain qui se trouve au-devant était
encore en partie sous les eaux lorsque les Venitiens étaient les maîtres
de la ville ; il a été exhaussé de quelques pieds, tant pour le mettre
en culture, que pour faire disparaître un foyer d’infection et de
mortalité.
Il y a peu de villes qui soient plus heureusement situées pour le
commerce , qui possèdent un territoire plus fertile , plus riche ^n
productions ; qui jouissent de points de vue plus beaux, plus variés ,
plus pittoresques; elle n’a point de port, mais sa rade est assez sûre :
les petits navires de Zante, de Céphalonie et de Corfou viennent y
prendre,
prendre, dans toutes les Saisons, du blé; de l’orge, du maïs, des
fromages, des bestiaux. Les navires européens y apportent, comme
dans les autres échelles du Levant, des draps, des bonnets, du sucre,
du café, de la cochenille, de l ’indigo, dès bois de teinture, du fe r ,
du papier, de la .quincaillerie, et y trouvent à charger quatre ou
cinq mille livres pesant de raisins de Corinthe, deux ou trois mille
inilleroles d’huile d’olive, quelques balles dé soie, fort peu de coton,
fan peu de gomme adragant que fournissent les montagnes des environs,
un peu de cire, de la laine commune et des fruits secs.
Le 18, dans la matinée, nous apperçûmes notre navire qui se
dirigeait vers la rade avec un petit vent de sud : nous envoyâmes
aussitôt un bateau pour faire dire au capitaine de mouiller au large,;
a cote d’un petit navire qui devait recevoir nos effets et noUs conduirez,
Corfou. Nous prîmes ;ce parti afin de n ’avoir rien à démêler
avec Je douanier, qu’on nous dit être fort peu accommodant.
Le même so ir , lorsque le vent de terre eut remplacé celui de
mér, nous déployâmes les voiles, et nous nous éloignâmes lentement
de la côte de Patras. Au soleil levant nous jetâmes i’anere aux
environs des pêcheries de Messalongi, distantes de quatre lieues de
la rade qué nous venions de quitter.
La eôte de l ’Etolieest basse, et la mer peu profonde : àplus d’une
lieue dé la terre on apperçoit bien distinctement le fond, qui tantôt
est vaseux et couvert d’herbes, tantôt est formé d’un sable fin et
uni. En s’approchant de Messalongi ou d’Anatolico située à quelques
milles plus à l ’occident, on n’a que trois ou quatre pieds d’eàu.
Le fleuve Achéloüs, désigné aujourd’hui sous le nom à' Aspro-Po-
tamo , paraît avoir formé une partie de la plaine basse qui se trouve
à son embouchure, et relevé le fond de la mer à une grande distance
de la côte.
Mouillés à une lieue sud de Messalongi, nous avions au aord-
nord-ouest un golfe profond dans lequel se trouve, parmi.des îlots,
la petite ville d’Anatolico. Les terres basses s’àvançaient à l’ouest,
et formaient un cap que nous doublâmes dans la nuit. La côte de
la Morée nous parut'assez,platë depuis Patras jusqu’au cap Papa,
surtout dans sa partie occidentale ; nous appercevions pourtant
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