nouvelle troupe, toujours prêt à combattre , il se fit parmi lès
-Afchars, les Turcomans , les Ouzbeqs et les Curdes, tribus guerrières
répandues au nord et au nord-est du Khorassan , une telle
réputation d’intelligence, d’audace et de bravoure, qu’il les engagea
facilement à marcher sous ses bannières, et à venir enfin se
présenter sous les murs de Mesched.
Mélek-Mahmoud , devenu indépendant , y avaic une armée.
Nadir osa se mesurer à lui avec des forces inférieures., le battit plusieurs
f ois et s’empara de la ville.
Maître de cette place importante, il y appelle Chah-Tahmas, se
dévoué à son service, prend le nom de Tahmas-KoulL (esclave de
Tahmas), et jure de ne pas poser les armes, qu’il ne l’ait rétabli sur
le trône.
Nadir , connu depuis en Europe sous le nom de Tahmas-Kouli-
K h a n , agissant alors au nom de Tahmas, au nom du souverain
légitime, put commander à l ’opiuion, put exiger légalement des
contributions et se procurer une armée mieux organisée,, mieux
composée, mieux pourvue que celles qu’il avait jusqu’alors commandées.
«
Les ministres, les confidens de ce faible ro i, effrayés de l’ascendant
que Nadir allait prendre sur l’esprit de leur maître, firent
quelques efforts pour le traverser dans ses projets, pour le faire
échouer dans ses entreprises ; mais il surmonte tou t, et s’élève à une
hauteur qu’ils ne peuvent atteindre.
Par son activité, par son courage, par l’ascendant de son génie,
il appaise en peu de tems les troubles de toute la contrée ; il soumet
toutes les tribus révoltées, et les force à combattre pour lui.
Impatient de régner, Tahmas propose de marcher sur Ispahan.
Nadir , qui ne veut laisser aucun ennemi derrière lu i, juge plus convenable
d’aller assiéger Hé ra t, place importante ; qui était entre
les mains dés Abdafis , l ’une des plus considérables et des plus guerrières
tribus des Afghans. Cette ville ne peut résister à la force qui
l ’attaque; elle se soumet, et reçoit le gouverneur que Tahmas y
envoie.
Effrayé des progrès de Nadir, Écheref veut en vain les arrêter; il.
est complètement battu sur les bords de la petite rivière de M eh -
mandost, qui coule du-sud au nord entre Semnan et Damegan. Il
croit s’opposer à la marche de son énnemi en venant fortifier le
défilé de Serdé-Khar (i) ou de Méhallébag, mais ses troupes y
sont encore battues.
Écheref se voyant forcé de réunir toutes ses troupes contre une
armée qui venait de le vaincre deux fois , ne voulant pas l’attendre
dans une ville mal défendue, et au milieu d’une population immense
et ennemie ; craignant, après en être sorti, d’avoir à combattre deux
ennemis à la fois, conçut et exécuta en partie l'horrible projet de
massacrer tous les habitans en état de porter les armes (2) ; après
quoi il vint camper près du village de Mourt-Chekort, situé à dix
lieues au nord d’Ispahan.
Les deux armées- se trouvèrent en présence le i 3 novembre
1728 (3). Écheref y fut encore battu, et forcé de chercher son salut
dans la fuite : il arriva le soir même à Ispahan ; il en sortit la nuit,,
et prit avec tous les siens la route de Chiras.
Chah-Tahmas, qui était resté à Téhéran pour attendre le résultat
des événemens qui se préparaient, se hâta de venir dans la capitale
dès qu’il eut appris que les Afghans l’avaient évacuée ; il y fut proclamé
roi avec toute la pompe et toute la solennité qu’exigeait le
retour du souverain léaitime. D
(1) Ou Khavrar, les pyles caspiennes des Anciens.
(2) L ’auteur de VHistoire de N adir, traduite du persan par M. Jones, dit qu’É-
cheref, en arrivant à Ispahan, en fit massacrer a les innocens habitans, au nombre
» desquels se trouvaient plus de trois mille savans. Première partie, pag. 79. On
Ht cependant dans le Voyage en Turquie et en Perse , par M. Other, qu’Écheref
conçut le projet de ce massacre, mais que Nadir ne lui donna pas le tems de l’exé-
çuter. Tome / , pag. 307.
(3) L ’auteur de VHistoire de Nadir-Chah dit que cette bataille eut lieu le 20 du
mois de Rabiussani, que le traducteur dit se rapporter au i 3 novembre 1728.
M. Otber prétend que ce fut en novembre 1730. Voyage en Turquie et en Perse ,
tom. I , pag. 3o8. — ^L’auteur de Y Histoire des révolutions de Perse, d’après la
relation du consul français Gardane, qui se trouvait encore à Ispahan, rapporte
cette bataille au i 3 novembre 1729.
D d a