le pays pour schals, pour vêtement d’h iv e r , pour manteaux de
vo yag e, pour couvrir les chevaux, pour emballer les marchandises,
les matelas et couvertures, e tc ., tout cela emploie une très-grande
quantité de laine. Néanmoins il en passait beaucoup autrefois à
Bagdad , à A lep , à Smyrne , à Constantinople.
Ces laines sont de plusiëurs sortes : i° . celle de mouton à large
queue, dont la qualité varie suivant les p a y s , mais qui n’est en
aucune part aussi belle que les Mines d’Espagne ou d’Angleterre.
2o. Les teftiks ou laines de chevron; elles sont de trois qualités :
la n o ire , ìa ronge et la blanche. La noire vient du Khorassan, de
Bokhara, de Samarcande; elle est supérieure aux deux autres. Je
ne suis pas bien certain q ù’on la tire du chameau bactrien, quoiqu’on
me l ’ait assuré pendant mon séjour, en Perse.
L a rongé, qui vient de tout le nord de la Perse, du Khorassan,
du Ségëstan, du Kandahar et du Kerman , est produite bien certainement
par le chameau bactrien ou à deux bosses : elle est plus
abondante et moins estimée que la précédente ; elle se vend à/peu
près un tiers de moins. .
L a blanche vient du midi de la Perse ; elle est fournie par le chameau
d’Arabie ou chameau à une bosse on ne l’évalue dans le
commerce, qu’à la moitié du prix de la rouge.
Ces trois qualités de laine arrivaient mêlées, dans des sacs de cinquante
ou de cent ocques, suivant qu’elles étaient apportées par des
mulets on par des chameaux. La meilleure se payait jusquà huit
piastres turques le tchekis on lés deux ocques. On préférait celle qui
répandait une odeur de musc , qui était bién nette ou dépouillée
des petits brins produits par l’épiderme de l’animal. Il fallait que
la laine noire fût la plus abondante, et qu’il y en eût fort peu de
blanche. Les Juifs achetaient assez souvent cette laine, telle que
les Persans l’apportaient, et en séparaient les trois qualités.' Les
Anglais n’achetaient que la noire , et ils exigeaient qu’elle fût
exempte d’impuretés. L e s Français la recherchaient aussi sans dédaigner
les deux autres. Les Hollandais et les Vénitiens prenaient
de tontes les qualités. Il ne passait ordinairement que -de la rouge
à Livourne.
Le
Le chameau bactrien a constamment une laine plus fine, plus
abondante, que le chameau d’Arabie ; elle est plus longue, plus
moelleuse, plüs douce au toucher, et d?un e . couleur rousseâtre.
J’en-ai vu chez .lés- fabricans. à Paris., qui la faisaient passer pour
de la laine de vigogne, quoiqu’ils l’eussent reçue pour dp. \& laine
de cheyroTh On ne,l’emploie,guère en-Europe que pour-la fabrication
des chapeaux.; mais on eu fait en Perse fies schals qui sont fort
beaux,,et qui durent presqu’autant quje ceux de Kacliemire.
Ce chameau est plus fo r t, plus gros,,-et résiste mieux au froid
que celui d’Arabie. C’est lui qu’on élète dans l’Asie mineure,, dau«
le nord de là Perse, dans ie Tour an y la Tartarie, le Kandahar ,
Kachemire, et'toutes les contrées orientales froides on tempérées.
Le chameau d Arabie, nommé aussi dromadaire , n’habite au
contraire que les pays chauds, tels que l’Inde, le midi de la Perse,
l’A rabie, l ’Egypte et le nord de l’Afrique. Le premier porte mille
et même douze cents livres lorsque le trajet qu’il a à faire n’est pas
bien long. En caravane on ne lui fait guère .porter au-delà de huit
cents livres. La charge du second est fixée à six cents livres en
caravane,¡et à huit cents lorsque le trajet n’est que de quelques
journées ; l’un a le; poil rousseâtre ¿celui de l’aiitfeqst ordinairement
blanchâtre;; tous les ,deüx perdent naturellement leur toison au
printems : lorsqu’elle est toute tombée., les Persans et les Arabes
sont- dans' l’usage dê leur poisser ou goudronner le corps afin de les
garantir .des mouches-, des taons, et surtout des, oestres, qui les
inquiéteraient beaucoup , et ¡Jes mettraient même en fureur sans
cette précaution.
■'3?. Là laine ou poil dq phèvre : il y > snrijqs montagnes du Kerman
une chèvre différente de celle d’A ngo ra , dont la toison est
un peu moins longue , un peu moins fine , mais plus moelleuse et
pins douce.'On l’emploie toute, dans le pays. Battue , épluchée et
cardée, on en obtient deux qualilés-ibrl: différentes : la partie la plus
grossière, ou se trouvent quelques poils plus gros et plus forts ,
sert à faire des étoffes qui ressemblent, nn peu à nos camelots : on
fait, avec la partie la plus fine, des serges très-beHes, ou des schalg
qui approchent un peu de ceux de Kaofiemire.
Tome III, ^ a