d,’élévation, elles se seraient écoulées par cette voie dans la Propontide.
Si tout concourt à prouver que le niveau de la Caspienne a baissé,
rien n’indique sur les côtes de la Mer-Noire, que le même abaissement
ait eu lieu. Y yoit-OJi, comme je l’ai dit ailleurs, des grèves
considérables, des pentes insensibles, des vestiges récens de corps
marins, ainsi que le présentent tous les environs de la Caspienne?
On ne regardera pas sans doute comme une preuve de l ’abaissement
des eaux, les terres basses qui se trouvent aux environs des bouches
du Danube, du Dniester et du Dnieper : on peut facilement se convaincre
que ce sont des terres d’alluvion qui ont reculé les limites
de la mer dans cette contrée, sans abaisser ses eaux. Tous les grands
fleuves de l ’un et de l ’autre hémisphère présentent un pareil empiétement
des terres sur les mers ; tous ont à leur embouchure des
plaines plus ou moins étendues, suivant la masse de leurs eaux, et
suivant la disposition des côtes.
M. de Choiseul, dans un Mémoire lu à la séance publique de
l ’Institut le premier germinal an i 3 , a cherché à prouver que les
Anciens avaient eu connaissance des leux souterrains qui avaient
ouvert le Bosphore de Thrace, Il ne doute pas que les eaux de la
Mer-Noire n’aient été autrefois beaucoup plus élevées ; qu’elles ne
se soient ouvertes tout à coup un passage à la suite de quelqu’érup-
tion, et ne se soient répandues dans l'Archipel et dans la Grèce ; ce
qui a occasionné le déluge d’Ogygès.
M. Dureau de la Malle fils, dans un Mémoire lu depuis peu dans
une séance particulière de la classe des sciences physiques et mathématiques,
a été du môme avis que MM. Pallas et Gmeiin quant à
l ’étendue de la Caspienne dans des tems reculés, et quant à sa jonction
avec le Pont-Euxin. Mais il va plus loin ; il cherche à prouver
que, douze à treize siècles avant Hérodote, la Caspienne, la mer
d’A z o f et la Mer-Noire ne formaient qu’une seule mer presqu’égale
eu étendue à la Méditerranée ; que la mer d’A z o f, depuis Hérodote,
a diminué des cinq,sixièmes ; que la Mer-Noire a considérablement
perdu en étendue à sa partie septentrionale , depuis, les
bouches du Danube jusqu’à celles dù Phase; qu’un grand nombre
de témoignages historiques fixent la formation du Bosphore ou l’irruption
de la Mer-Noire dans la Méditerranée, aux siècles de Da-
naüs, de Cadmus, de Cécrops, de Deucalion; que, par l'effet de
cette irruption, les eaux couvrirent une partie de Sarnothrace et de
la Grèce ; que les îles enfin de Rhodes et de Délos furent quelque
tems couvertes par les eaux de la m e r , et M. Dureau'de la Malle
appuie ce qu’il avance, de tous les passages des Anciens qui peuvent
y avoir rapport.
Sans vouloir entreprendre de débrouiller dans les auteurs grecs
et latins, comme les deux savans que nous venons de citer, ce qui
est du domaine de l’Histoire et ce qui appartient aux allégories de
la Fable ou aux fictions de la Mythologie ; sans chercher jusqu’à
quel point on doit admettre des faits tout-à-fait contraires aux lois
de la physique, tels que des îles très-grandes, très-élevées, et point
du tout volcaniques, comme Rhodes, qu’on fait sortir du sein des
mers; d’autres, comme Délos, qu’on fait se promener long-tems
avant de se fixer ; d’autres enfin, telles que les Cyanées, qu’on fait
danser, s’entre-choquer, disparaître et se montrer de tems à autre,
etc. etc. ; sans chercher, dis-je, à connaître les causes de ces inondations
qui eurent lieu en Béotie sous le règne d’Ogygès, sans examiner
si on doit ajouter foi à ce qui est rapporté deux siècles et
demi après, au sujet des torrens de pluie qui inondèrent toute la
surface de la terre et qui noyèrent le genre humain, excepté Deu-
caliori et Pyrrha son épouse, nous ferons seulement observer que,
quelle que fût la hauteur à laquelle on peut raisonnablement supposer
que les eaux de la Mer-Noire se soient jamais élevées avant
de communiquer avec la mer Egée , et quelle qu’en fïtt l’étendue,
jamais ces eaux, à la suite d’une ou de plusieurs éruptions volcaniques,
s’écoulant successivement et lentement par un canal long
et étroit, tel que celui du Bosphore, entrant de là dans la mer de
Marmara., et se répandant sur les terres basses qui l ’entourent de
toutes parts, enfilant ensuite le long canal des Dardanelles; ces
eau x, dis-je, parvenues dans la vaste étendue de l’Archipel, ne
pouvaient s’élever que de quelques pieds aux environs du cap Sigée,
sur les côtes de la Troade et sur. celles de Ténédos , et elles ne