par un chëmin é t ro it, pratiqué dans le roc. Lutf-Ali, au bout de
trois mois, força le khan à lui ouvrir les portes et à se rendre ; il
lui fit grâce de la vie à cause du courage qu’il avait montré, mais
il s’assura de sa personne. La ville reçut un nouveau gouverneur,
et se soumit, ainsi que toute la province.
Lutf-Ali se rendit de là dans le Kerman, afin d’y étouffer tout
germe de rébellion , et s’assurer de la fidélité du gouverneur.
Dans le tems que le fils faisait rentrer dans le devoir les provinces
du midi, lé père faisait ses dispositions pour se porter vers
le nord. Il sortit à cet effet de Chiras dans le courant de mai 1788,
avec une armée de cinquante mille hommes , et se dirigea vers la
ca'pitale. Il fut obligé, sur la route, d’attaquer les places qui appartenaient
à Méhémet, et que celui-ci avait fortifiées avant de se
rendre à Téhéran,, où il faisait sa résidence. Yesdeeast et Abada
ne l ’arrêtèrent pas long-tems? mais Komché résista, et soutint,
pendant plus de deux mois, tous ses efforts. Ala-Kouli, que son
frère avait laissé à Ispahan avec environ vingt mille hommes, vint
au secours de la ville menacée , et tenta plusieurs fois d’y faire
entrer dés vivres et des munitions sans pouvoir réussir : les déta-
chemens qu’il chargea de cette opération furent taillés en pièces ;
lui-même se vit dans le plus grand danger : il fut sur le point d’être
enveloppé par des forces très-supérieures;, ce qui l’obligea à se
sauver de n u it, et à abandonner ses tentes et une partie de son
bagage. Komché, par cette retraité, ayant perdu tout espoir d’être
secouru, ouvrit ses portes peu de jours après, et se soumit. Six
mille Kagiars qui s’y trouvaient, furent faits prisonniers , et les
habitans fortement imposés. "
Après ce succès, Djaffa r, ne trouvant plus aucun obstacle, se
porta vers la capitale, où il entra le 21 octobre 1788. Ala-Kouli
l ’avait évacuée depuis quelques jours, et avait pris, avec toute son
armée, la routé! de Téhéran.
Dans ces ; entrefaites y Lutf- A li était revenu triomphant à Chiras
: il avait éxpédjè, en arrivant, un courier à Djaffar, pour lui
demander, la permission d’aller :le joindre;,il attendait le retour
de ce oouriçr lorsqu’il apprit que son père abandonnait, pour
la
la troisième fois , Ispahan. à son ennemi, et qu’il revenait à
Chiras.
Djaffar en sortit en effet le 2 novembre, sur le bruit qui se
répandit qu’Ismaël-Khan approchait avec une armée considérable,
dont Méhémet lui avait confié le commandement.
Ce qui avait'donné lieu, à ce bruit, c ’est qu’Ismaël, ennuyé de
la v ie trop-monotone de-dervicbe, .était venu', quelque tems auparavant,
se jeter aux pieds d’A la -K ou li, et Pavait conjuré d’écrire
en sa faveur à Méhémet, de l'assurer qu’il était prêt à se dévouer
à son service, et à m archer .contre son cousin Djaffar, à qui il ne
pourrait jamais faire trop de ma! pour l ’outrage qu’il en avait
reçu.
Ala-Kouli s’était empressé d’accueillir Ismaël- : il lui avait fait
quelques présens , et l ’avait envoyé à son frère comme un homme
qui pouvait, par ses talens et ses rapports, lui ren'dre de très-grands
services.
Méhémet reçut Ismaël avec tous les témoignages d’estime, de
considération et de bienveillance que méritait le guerrier disting
u é , le neveu de Kérim , l’ennemi de Djaffar : il le questionna
beaucoup sur les moyens, de soumettre le midi de la Perse ; il voulut
connaître les ressources de Son ennemi; il voulut savoir quelle impression
cet ennemi faisait sur l’esprit des peuples qui lui étaient
soumis. Satisfait des réponses d’Ismaël, il le retint à la cpur, lui
assigna un traitement considérable, et lui fit bientôt espérer le
commandement d’une partie de l’ armée,
_ Dès qu’on sut à Téhéran l’accueil favorable que Méhémet lui
avait fa it, tous les seigneurs s’empressèrent de lui faire leur cour :
ce fut à qui pourrait obtenir ses bonnes grâces ; ce fut à qui- lui
donnerait la fête la plus brillante, ou l ’inviterait aft festin le plus
somptueux,
Ismaël était dans l’âge des plaisirs : il les aimait, et-s’y livrait
avec une sorte d’abandon ; il était libéral dans ses dépenses, magnifique;,
fastueux dans ses goûts ; il avait de l ’e sprit, de" la gaîté, et
_nne amabilité qui le faisait chérir de. tous ceux qui rapprochaient.
Adroit dans tous les exercices du corps, personne ne maniait mieux
Tome III. • G c c