l ’Araxe ou dans le lac de Sévan. Celles de l’Aderbidjan vont Se
perdre presque toutes dans les lacs de Van et d’Urmia : il en va pourtant
dans l ’Araxe et dans le Kezil-Ouzan, fleuve qui va se jeter dans
la Caspienne à l’est d’Enseli, et qui paraît être le Mardus ou Amar-
dus des Anciens.
Le Haut-Curdistan et le mont Zagros, jusqu’au revers occidental
de i ’Elvind, sont moins boisés, moins humides que les provinces
situées plus au nord, et plus rapprochées des deux mers ; néanmoins
le sol est plus abondant en végétaux, que celui du reste de la Perse
les pluies même y sont un peu plus fréquentes. Les eaux vont se-
rendre dans le Tigre par le Kabour , le Khaser-Souï, le grand
Z a rb , le petit Z a rb , le Dus , la Diala, le Kara-Souï.
Si de l’Aderbidjan ou de l’Irak-Adjem on veut se transporter
dans le Guilan ou dans le Mazanderan, on est arrêté par les monts
Caspiens dont j’ai déjà parlé. A peine trouve-t-on, sur une longueur
de cent vingt à cent trente lieues, deux défilés par où l’on peut y
entrer. Le p remier, 'celui de Pyl-Rubar, situé à l extrémité orientale
du Guilan, est moins long que l’autre, mais il est plus étroit, plus
dangereux. La montagne, séparée en deux , n’offre, dans 1 espace
de trois ou quatre lieues, que des précipices affreux , des rochers
qui menacent de se détacher. Le chemin, taillé dans ces rochers ,
permet à peine à un chameau de passer. Deux fleuves, le Kesel-
Ouzan et le Schahersai ou Charoud, se réunissent à l’entrée de ce
défilé, s’y précipitent avec fracas, et augmentent, par le bruit et
l ’écume de leurs eaux, l’effroi que ces lieux horribles inspirent au
•voyageur.
Le second, connu autrefois sous le nom de P yles ou Portes
caspiennes, traverse le mont Aibours à 1 est du pic de Demavend.
Il a , du côté de la Médie , deux entrées ; l ’une à Guiias, village à
dix lieues est de Téhéran; l’autre, située à dix ou douze lieues au
sud-est, commence à Méhalle-Bag. Toutes deux vont aboutir à
Firuscuh ; mais on trouve * avant d’arriver à Héblerud, une gorge
qui conduit, par des vallées, dans la belle plaine élevée de Damegan
et de Bostan.
Lorsqu’on a dépassé ces montagnes, ayant même d’appercevoir
la mer Caspienne , on sent l’influence, de ses eaux ; on voit que ce
n’est plu6 le climat de la Perse, que ce,n’est plus le même sol, que
ce ne sont plus les mêmes productions. On vient de quitter un pays
sec, aride, à peine couvert de quelques plantes velues ou cotoneu-
ses, d’arbustes épineux ; on respire tout à coup un air plus frais ;
on foule des végétaux plus succulens ;; on apperçoit de toutes parts
des forêts semblables à celles dp nos Alpes ou de nos Pyrénées.
Descendu dans le plat pays ou .sur cette lisière qui s’étend le
long de la mer depuis Aster-Abad jusqu’à Lenkerou, on remarque
que la terre est plus grasse, plus humide ; que le ciel est moins
brillant, que l’atmosphère est moins pure que dans le reste de la
Perse-: on s’apperçoit que l ’air y est aussi bien plus doux l ’hiver., et
bien plus tempéré l ’été.
La cause 4 e cette différence-, dans les productions de la terre ,
dans l'humidité de l’air et dans sai température , est facile à saisir,.
Les vapeurs qui s’élèvent de la Caspienne, et que les vents du nord
amènent presque sans interruption, sont retenues par les hautes
montagnes, dont nous avons parlé; elles s’y fixent, s’y condensent,
y forment des brouillards, des nuages, et s’y résolvent en pluie ou
en neige. Il ne pleut guère, vers les bords de la mer, que depuis le
mois d’octobre jusqu’à la fin de juin ; mais, sur la, montagne , les
pluiesj se prolongent, la neige s’y montre de très-bonne heure, e t ,
pendant toute'l’armée , ,on y remarque de très-fréquens orages. La
quantité d’eau qui y tombe, est si grande, qu’il n’y a peut-être, dans
aucun pays de la Terre,, autant de ruisseaux , autant de torrens.,
autant de rivières que dans le Guilan et dans le Mazanderan. I
Quant à la température, on jugera facilement que le plat pays
étant bien au dessous du niveau des plaines de la Médie, la mer
Caspienne elle-même étant plus basse que l ’Océan , l’air doit y être
tempéré l’h iver, puisque ces provinces ne sont situées qu’au 37e. et
au 38e. degrés de latitude. En effet, cette température est si douce,
qu’on y voit prospérer les productions des pays chauds ; ce qu’on
ne voit pas à Casbin, à T éhé ran , à Kom, à Cachan, à Ispahan
même. Le mûrier, l’olivier, le caroubier, l’oranger, le citronier ,
le henné, y sont abondans ; la canne à sucre, qui ne pourrait