qui s’étend depuis le cap Sunium jusqu’au-delà de Mégare d’un
cote, et jusqu au mont Parnès de l’autre, n’ont pas aujourd’hui
huit mille amés, tant cette partie de la Grèce est en général dépeuplée
depuis qu’elle appartient aux Turcs.
Athènes et sa province dépendent du pachalik de Négrepont,
et forment un sanjak, où sont quinze zaims et timariots, qui possèdent
en cette qualité quelques terres, et perçoivent quelques droits
sur les villages. La ville a été pendant long-tems un apanage du
kislar-aga aujourd hui il n’en reçoit que quelques légers revenus,
et c ’est le chelibi-effendi, comme percepteur du nouvel impôt,
qui est devenu le seigneur d’Athènes, et quelquefois son protecteur
auprès du trône.
Un vaivode a la police de la ville, et y perçoit les impositions.
La justice est administrée par un cadi, nommé chaque année par
le cadilesker de Romélie; il juge seul et sans appel, ainsi que tous
les cadis de l’Empire, pour toutes les affaires civiles que l ’on porte
à son tribunal.
Outre ce c ad i, il y a un mufti nommé par le scheik-islam, qui
doit prendre connaissance de toutes les affaires qui ont quelque
rapport à la religion et aux lois de Mahomet. Aucune sentence,
dans ce cas, ne doit être rendue parle cadi, que le mufti n’ait donné
ses décisions. Sa place est ordinairement permanente, quoique le
scheik-islain puisse le déplacer à volonté.
L ’impôt qu’Athènes et l ’Attique doivent compter au chelibi-
effendi:, est aujourd’hui de cent trente mille piastres , tous frais
d’administration turque prélevés : il se compose du karatcli, du
dixième des productions sur les terres, d’une taxe particulière sur
•les vignes, et des droits perçus sur lé vin. La douane sur les marchandises
n’y est pas comprise.
Les'Grëcs, courbés sous la plus humiliante tyrannie, exposés à
être continuellement insultés par les T u r c s , à être dépouillés au
-moindre prétexte, à être punis de mort sur un simple soupçon ,
ont conservé à Athènes une apparence de liberté; ou pour mieux
d ire , ils y jouissent de quelques privilèges, à la faveur desquels ils
peuvent, avec plus deoonfiance et de sécurité qu’ailleurs, cultiver
leurs propriétés, se livrer à quelque genre d’industrie, ou faire tel
commerce qu’ils jugent à propos.
Chaque année, dans une assemblée où tous les chefs de famille
ont le droit d’assister, on élit quatre magistrats, qui, sous le nom
imposant d'Archontes , exercent sur leurs concitoyens une sorte
d’autorité, et sont, auprès du gouverneur tu r c , des protecteurs
d’autant plus à ménager, qu’ils peuvent porter leurs plaintes ou
leurs réclamations jusqu’aux environs du trône, et faire rappeler
et punir un vaivode qui abuserait un peu trop du pouvoir qu’il a
en main.
Les archontes s’assemblent tous les jours pour prendre connaissance
de tout ce qui intéresse les Grecs de la ville , écouter leurs
plaintes, terminer à l’amiable ou juger sans aucun frais tous les
procès, toutes les contestations qui ont lieu entr’e u x , pqur éviter
surtout que ces contestations soient portées au tribunal des Turps,
Ils font aussi tout ce qu’ils peuvent pour qu’aucune plainte, aucune,
faute, aucun délit-ne parvienne à la connaissance du vaivode; ou
si ce gouverneur en est instruit, ils tâchent d’obtenir la permission
d’infliger eux-mêmes la ‘punition; ils font modérer les amendes; ils:
empêchent, autant qu’ils le peuvent, la publicité du délit.
Ces magistrats ont sous eux deux procurateurs, plus spécialement
chargés de défendre auprès du vaivode le droit des Grecs, de
plaider en leur faveur toutes les fois que le ministère publie croit
devoir réprimer ou.punir. Ce sont les intermédiaires entre les archontes
et le vaivode, entre la police grecque et la police turque,
Indépendamment des archontes et des procurateurs , 011 nomme
chaque année autant de magistrats qu’il y a de quartiers ou de
paroisses dans la ville. Ceux-ci portent le nom d’épitropi; ils exercent
une sorte de surveillance dans leur quartier ; et ont plus immédiatement
chaque famille grecque sous leur protection : leur principale
fonction ensuite est de travailler, de concert;avec les archontes,
à la répartition de l’impôt, des avanies et de-tous les frais cpie les
Grecs sont obligés de payer.
Lorsque l’archevêque est de résidence à Athènes, il y a chez lu i,
tous les lundis, une assemblée à laquelle il assiste avec tous les