C H A P I T R E X I Y .
Nouveaux troubles. Y o u s se f-A li, Mir-Alim et D ja ffa r
«veulent s ’emparer du pouvoir. Achmed-Chah pa raît
sur la scène, s'empare de Mesched et envoie une armée
dans le M azanderan. Origine de Mohammed-Hassan.
Guerre entre Teymouras et A za d . Ali-Merdan se f a i t
un pa r ti dans le Loristan, s ’ empare d 'Ispahan, veut
fa ir e déclarer roi un p e t it f i s de Chah-Hussein et se
fa ir e nommer régent : sa conduite à l ’ égard de Kérim :
i l est assassiné.
C h a r o k h , dernier et unique rejeton de la famille de Nadir et de
celle de Chah-Hussein, étant aveugle, et comme tel exclu du trône
par les lois et les usages, on vit paraître, sur tous les points de
l ’Empire j des ambitieux qui se flattèrent de lui succéder. Comme
personne n’y avait des droits, et que c’était à la force ou à l’adresse
qu’ils en appelaient, en un moment toutes les tribus s’armèrent
dans l ’intention de favoriser un de leurs chefs. Toutes les pro vin ces
furent agitées par les khans, et obligées de se déclarer en faveur
de quelqu’un d’entr’eux. Toutes les villes furent mises à contribution.
Ceux des gouverneurs qui né portèrent pas'leurs prétentions
jusqu’au trône, voulurent, pour la.plupart., sè rendre indépëndans.
Les plus faibles et les plus timides ne purent se dispenser de preit-
dre les armes, et de se ranger sous la bannière de celui qu’ils devaient
le plus craindre, ou dont ils avaient le plus à espérer.
Dans cet état de choses, on peut bien croire que la Perse souffrit
encore plus que dans les dernières années du règne de Nadir ; elle
fut bien plus dévastée que durant les troubles suscités par ses neveux
après sa mort.
N ’ayant pas l’intention d’écrire une histoire détaillée de tous
les
les attentats qui se sont commis, de toutes les entreprises (fui ont
eu lieu et qui se sont succédées avec rapidité, ni de signaler ici tous
les ambitieux obscurs qui se sont montrés un instant sur la scène,
noùs nous j contenterons, de parler succinctement de ceux qui.sont
parvenus au suprême pouvoir , .ou qui ont .lutté pour cela avec
quelqu’espoir de succès.
Après la mort de, Seyd-Mohammed vers la fin de l'hiver 1760,
Xoussef ne voyant pas autour de lui de rivaux qu’il jugeât dangereux
, crut pouvoir facilement se rendre maître du Khorassan et de
toutes les provinces de la Perse s’il parvenait à agir au nom d’un
souverain légitime : il connaissait les préjugés de sa nation à fiégard
des plus proches parens de ses rois; il en voulut tirer parti, en
proposant aux seignéurs qui se trouvaient à Mesched , de replacer
Charokh, quoiqu’aveugle, sur le trône, et de lui donner un régent
jusqu’à ce qu’il eût un fils çn âge de gouverner.
Sa proposition était motivée sur ce que ce prince, étant le seul
héritier de Nadir, qui avait conquis la Perse sur les Afghans, et le
seul héritier de Chah-Hussein, à qui ces Afghans l’avaient enlevée,
ils, ne pouvaient,en exclure ses descendans sans injustice, et sans
plonger le royaume dans des troubles dont il ne serait pas facile de
sor.tir.
' ïo u s s e f , à; la tête d’une armée victorieuse, se flattait de faire
adopter ses propositions quant à Charokh, et il ne pouvait douter ,
après les services qu’il venait de rendre à ce prince, qu’il ne fût le
premier à demander son bienfaiteur pour régent.
_ Le peuple ,de Mesched, revenu de son erreur, . était déjà fâché
d’avoir pris les armes contre un jeune ro i, dont les premiers pas au
trône avaient été signalés par des actes de justice et de bonté, et
Youssef, par ses qualités personnelles, par l’espoir qu’il donnait
d’une sage conduite, par les créatures qu’il se faisait chaque jour
dans toutes les classes de citoyens, était parvenu à créer dans la
ville une opinion qui lui était très-fa,vorable.
. Mais dans le tems qu’il travaillait dans Mesched à se rendre agréable
au-peuple et à capter les suffrages des grands , Mir-Alim-Klian
et Djaffar- Khan, postés aux environs de N ichapour, se fortifiaient,
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