l’atmosphère lorsqu’ils forment d’épaisses forets sur tous les lieux
élevés. t .
La privation de bois y est telle aujourd’h u i, que de.Kermanchah
à Téhéran, de Téhéran à Ispahan , et de cette dernière ville à la
première, nous n’avons vu aucun arbre, aucun arbrisseau qui ne
fût planté et arrosé de main d’homme, autour des habitations.
Sans doute il fut un tems où toutes les montagnes étaient boisées,
o u tous les coteaux étaient couverts de vignobles., où les plaines
produisaient d’abondantes récoltes. On voit partout d e là terre, et
partout elle est propre à la végétation : on en juge par cette infinité
d’astragales, de rosiers et d’autres arbustes épineux qu’elle produit,.
et dont les Persans se servent au lieu de bois pour tous les besoins
domestiques.
Mais comment les forêts, qu’on doit suppose! avoir couvert autrefois
les■ montagnes de la Perse, ont-elles disparu? Est-ce par une
trop grande consommation de bois lorsque ce pays était tres-peu-
plé? Est-ce par de fréquens incendies? Les montagnes se trouvant
peu à peu ou tout à coup dégarnies, n’ont-elles pu reproduire
spontanément des arbres q u i, pour germer, croître et prospérer,
avaient besoin d’être garantis par d’autres des ardeurs du soleil,
avaient besoin d’un sol ombragé et humide? Toutes les montagnes
que nous avons parcourues sont propres aux chênes, aux pins ,
aux cèdres, aux cyprès, aux thuyas, aux genévriers, aux téré-
binthcs, aux azeroliers. Nous avons vu plusieurs de ces arbres sur
la frontière occidentale de la Perse, sur des montagnes qui ne diffèrent
des autres que parce qu’elles ont dû être toujours éloignées
des grandes villes. r
S i, par des soins constans, des dépenses excessives et une longue
persévérance, on parvenait à couvrir de grands végétaux toutes
les terres abandonnées ; si des forêts de chênes, de pins , de châtaigniers
, de cyprès couronnaient les montagnes} si des platanes,
des peupliers:, des saules , des tilleuls étaient répandus plus abondamment
dans les vallées ; si les plaines étaient ornées de noyers,
dé mûriers; de vignes, d’une infinité d’arbres fruitiers; si tous lès
champs offraient les riches cultures de coton , de tabac, de maïs ;
si les plantes céréales étaient plus répandues; si, comme autrefois,
le Persan apportait tous ses soins à se procurer des fontaines et des
sources artificielles ; s’il arrêtait les eaux de pluie ou de neige dans
toutes les gorges, dans tous les vallons, et en formait des lacs, des
étangs ,. comme faisaient ses ancêtres ; s i , dis-je, il parvenait , à
f°!ce de soin et de culture, à couvrir toutes les terres de végétaux,
il n est pas douteux que les Chaleurs ne fussent alors moins fortes ;
l ’atmosphère deviendrait un peu plus humidé : on verrait tomber
un peu pins souvent de la pluie ; les nuages s’arrêteraient ou se
fixeraient sur- les monts les plus élevés ; les sources seraient plus
abondantes , et les cultures se multiplieraient de jour en jour en
raison des besoins.
Ces améliorations ne pourraient manquer d’avoir lieu avec un
gouvernement toujours sage, toujours éclairé; avec ùne religion
plus raisonnable que celle de Mahomet, avec la religion, par exemple,
des anciens Perses, qui obligeait l’homme à travailler à la
reproduction, à la multiplication de sa propre espèce, et à celle de
tous les animaux et de tous les végétaux utiles.
Mais dans l’état actuel de cet Empire , et lorsque chaque j our
voit s obstruer et disparaître cés canaux souterrains creusés à grands
fraiSjpar les anciens habitàns, dans la vue de se procurer des sources
artificielles pourTarrosement des terres; lorsque chaque jour voit
tarir une fontaine, voit dessécher un étang, voit détruire un canal ;
lorsque des contrées entières deviennent désertes par l’effet des
guerres intèstines qui desolent, depuis plus de quatre-vingts ans,
ce malheureux Empire ; lorsqu’on sait que, dans ce p a y s , les terres
les plus fertiles, cessent de l ’être si elles sont pendant quelque tems
abandonnées , attendu que le sél marin s’en empare, on est bien
porté à croire que la sécheresse et la chaleur doivent augmenter de
jour en jou r , au point que bientôt, sous quelque gouvernement que
Ce pays se trouve , quelle que Soit la religion que le hasard où les
circonstances lui donnent, il ne sera plus possible de-,le ramener a:
1 état de population, de force et- de splendeur où il était parvenu
lorsqu’il donnait, par exemple, des lois à une infinité de peuples, ;
lorsqu il avait .etendu sa. domination depuis la mer Imée. et le Pont- '
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