des montagnes assez hautes dans l ’intérieur. Au-delà de la plaine
de l’É tolie, que nous jugeâmes avoir deux lieues de profondeur,
nous voyions une chaîne de montagnes fort hautes, qui nous parurent
faire suite aux deux qui s’élèvent en pyramide en face de Patras.
Xæs pêcheries sont affermées par Je grand-seigneur à des Grecs du
p a y s , pour la valeur de 4°>°ao piastres. On y prend divers poissons
que l’on lait sécher au soleil, et que l ’on consomme presque tout
dans l ’Empire othoman : on y prépare aussi de la poutargue, fort
recherchée des Vénitiens et des Provençaux.
Nous levâmes l’ancre à dix heures du matin, et fîmes route, par
un vent de nord-oüest assez frais, vers le canal qui sépare l’île de
Çéphalonie de celle d’Ithaque ;,nous passâmes au sud des îles O x ia e :
ce sont deux rochers inhabités, où se trouvent trois ports,qu on dit
être fort bons, et où se réfugient les pirates., dont la côte d’Ltôlie
est infestée; ifs montent au nombre de d ix , douze ou quinze tout
au plus, des bateaux fort légers, qui vont à la rame et à la voile,
et ils attaquent avec audace les navires qu’ils voient mal a rmesain si
que ceux qu’ils jugent n’être pas sur leur .gardé.
•Ces îlots sont plus .près 4e la terre , qu’ils ne sont marqués sur les
cartes; ils sont au nord-ouest du cap, que nous avons dit s’avancer
dans la mer au-delà ou à l’ouest de l’embouchure de l’Achéloiis.
Le vent ne nous permettant pas d’entrer dans le canal., nous
louvoyâmes toute la journée, et revînmes vers les deux rochers
pour y mouiller. Ne pouvant les atteindre / nous gagnâmes la côte
et jetâmes l’ancre an peu au dessus du cap que nous avions devant
nous le matin ; de sorte qu’après avoir resté en mer toute la journée,
nous n’avions fait le soir que deux lieues. Le cap se termine
par une petite montagne que nous avions prise auparavant pour
une î le , et qui le fut peut-être avant que les aterrissemens eussent
agrandi cetteJoâte. >
Le 20, avant le .jour /nous levâmes l ’ancre, et nous nous dirigeâ-
uxes une seconde fois vers le canal de iÇéphalonie. A trois heures
après midi nous étions à.une lieue seulement dé l ’extrémite méridionale
de l’île d’Ithaque; quand tout à coup nous lûmes balottés
par .dexhoniféesqui nous venaient en divers-sens. Le vent denordouest
continuait pourtant de souffler entre Ithaque et la Romélie ,
ainsi que nous en jugions par deux bateaux qui se trouvaient à
quelques milles de nous, vers l ’écueil de Dragonneau. Nous passâmes
plus d’une heure sans pouvoir avancer, et avec une mer
qui nous fatiguait beaucoup. Enfin, naus essayâmes, à force de
rames , de nous porter sur Çéphalonie; mais le vent d’ouest, qui
venait du canal , nous en écarta. Nous voulûmes alors nous
diriger sur Dragonneau : le vent de nord s’y opposa. Nous prîmes
le parti d’aller vers Ithaque : le vent de nord-ouest nous empêcha,
constamment d’en approcher. Nous lutâmes de cette manière contre
le vent, jusqu’à la nuit. Comme il tomba alors , nous profitâmes
du calme pour gagner à la rame le port de L ia , situé à la partie la
plus orientale d’Ithaque.' Il était onze heures lorsque nous pûmes
jeter l’ancre.
Ce port est étroit, un peu sinueux, fort profond , ouvert à l’est
et au nord-est, mais assez sûr , quelque tems qu’il fasse, même
pour les plus gros vaisseaux. La côte est élevée, calcaire, toute couverte
d’arbrisseaux ; elle était inculte, quoiqu’elle fut partout propre
à la culture de la vigne et de l’olivier.
Le 2 1 , nous longeâmes la côte avec le calme, et vînmes mouilleT
au port Skinos , situé à gauche , vers l ’entrée du vaste port de
Vathi. Il y a quelques habitations sur le rivage de celui-ci; mais
la ville de Thiaki est située à quelque distance , sur la pente d’une
montagne.
L ’île est montagnense, assez bien cultivée; elle produit assez de
grains pour les habitans : on y voit quelques oliviers et beaucoup
de vignes, d’où l ’on tiré une assez grande quantité de ce petit raisin
sans pépins, connu sous le nom de raisin, de Corinthe. Sa population
, à ce qu’on nous a dit, est de sept à huit mille ames.
Nous avons remarqué sur la côte où nous sommes descendus,
une pierre calcaire blanchâtre fort dure , qui nous parut en quelques
endroits devoir être très-propre à carreler les Cours, et même
les appartemens; elle se sépare en feuillets plus ou moins épais. $
Au nord-est de cette île , que les Grecs nomment aujourd’hui
T h ia k i, il y a un écueil connu sous le nom à’A tto c o , que les
. Y y y a