V O Y A G E E N P E R S E .,
blessure est guérie au moyen de cette substance ; ce qui est sans
doute très-exagéré,
Asphalte, Naphte.
Il y a deux sortes d’asphalte, l’un noir et liquide, l’autre de couleur
ambrée qt liquide, qu’on tire de plusieursendroits de laPerse,
et notamment des environs de Bakou. Par la distillation, on obtient
une liqueur très-limpide, d’une odeur très-forte, très-pénétrante,
dont on se sert dans diverses maladies ; mais le plus grand usage
du naphte distillé, c’est pour donner aux vernis plus de brillant et
plus de solidité.
Le vernis ordinaire , celui que l’on emploie aux écritoires, aux
meubles, est fait avec l ’huile de lin et la.résine sandarous on san-
daraque, que l’on tient dans un état de liquidité : on en applique
une ou deux couches, et on les laisse sécher ; on passe ensuite le
naphte au moyen d’un pinceau. L’odenr, d’abord très-forte, se dissipe
encore pins vite que celle de l’essence de térébenthine.
Ou brûle, en quelques endroits, l ’asphalte n o ir , ainsi qu’on le
pratique à Bagdad et à Kerkouk.
Semenàne , ou Semen contra.
Il c ro ît , dans toute la Perse, une absynthe très-odorante, dont
on cueille les sommités après ou pendant la floraison ; c ’est ce qu’on
nomme, dans le commerce, semenoine on semen contra. Les Persans
en font usage, comme nous, dans les maladies vermineuses.,
dans les faiblesses d’estomac, les obstructions, la jaunisse. On sait
que cette substance est envoyée dans toute l ’Europe. Je donnerai
la figure et la description -de la plante.
Tuthie.
Quand le commerce de la Perse était libre /il passait , à Constantinople
e t à Smyrne, une grande quantité de tuthie. La plus estimée
était celle qui était bien pulvérisée et de couleur de plomb : les
Turcs la recherchaient et l ’achetaient presque toute. Celle que les
Européens achetaient, était en caisse car en sacs ; elle était grossière
et presque toujours fraudée. Il en passait en France, par Smyrne,
sept ou huit cents livres par an : lés Anglais en prenaient trois cents
livres ; les Vénitiens et les Livôurnois en achetaient aussi une petite
quantité : elle valait de 3o à 4° paras l ’ocque. La bonne se vendait
de 10 à 20 paras la drachme.
Bézoard-
Le bézoard est bien plus estimé qu’îl ne vaut, dans tontes les
contrées de l ’Orient. Les Persans recherchent et paient fort cher
celui qu’on trouve dans les chèvres sauvages et domestiques du
Kermesir. Ils font grand cas aussi de celui qu’on tire des béliers et
des boucs du Khorassan. Le bézoard, selon eux , est sudorifique,
excitant, cordial, aléxipharmaque j ils le prennent à la dose de deux
ou trois grains dans de l’eau de rose. Il en passe beaucoup en Turquie,
et fort peu en Europe.
Essence de rose.
A Chiras, dans le Farsistan et dans le Kerman, on cultive en
grand un rosier à fleur blanche (i) , pour en distiller les fleurs, et
pour en obtenir cette précieuse essence qui n’a peut-être rien jusqu’à
présent , en fait de parfum, qui lui soit comparable. Les P e r sans
en font une très-grande consommation , et en envoient beaucoup
dans l ’Inde et en Turquie. Elle est plus chère 4 Ispahan, que
Celle qu’on nous apporte de Constantinople et de Smyrne j çè qui
doit faire supposer que nous ne l ’avons jamais pure par la voie du
commerce.
Adragant.
Cette substance gommeuse se forme, depuis le mois de juillet jusqu’à
la fin de septembre , sur la tige de plusieurs espèces d’astragales
(0 Je soupçonne que c’est le rosier musqué ( rasa mosrhaf.a) > le même qvii,
selon l’observation, de Desfontaines, fournit l’essence de rose dans le royaume de
Tunis.