étroits, plantés de figuiers, d’orangers, de mûriers, qui sont de
chaque côté, et sur un amphithéâtre de fort beaux oliviers plantés.
sur la pente de la montagne.
A u nord du grand port on remarque, sur une hauteur , une
eglise neuve, dédiée à la V ierge , qù’un prêtre grec, venu de l ’intérieur
des terres pour se soustraire au pouvoir arbitraire et tyrannique
des Turcs, afait bâtir, et pour laquelle il a employé presque
toute sa fortune. Comme il devait y avoir le lendemain une grande
fête consacrée à la V ierge, et que les cérémonies religieuses devaient
commencer le soir même de notre arrivée, nous eûmes le plaisir de
voir un grand nombre de femmes de Parga s’acheminer vers l’église ,
accompagnées de leurs maris, de leurs parens ou de leurs amis,
chantant tous à l’envi des chansons grecques qui'n’avaient plus la
monotonie de celles de l’Archipel ou de Constantinople. Lè chant
a pris ici une modification italienne qui le rend fort agréable. La
plupart de ces groupes vinrent se promener en calque sur le grand
p o r t, et jouirent quelque tems de la fraîcheur de la soirée avant de
se transporter à l ’église, où ils devaient passer la nuit par dévotion.
Ces femmes nous parurent avoir plus de beauté, plus de fraîcheur
que celles de l’Archipel et de l ’A ttique ; leur maintien était
plus aisé, plus gracieux , et aussi décent ; elles portaient un habit
moitié grec , moitié italien, qui les parait très-bien, et permettait de
voir l’élégance de leur taille. Les femmes du peuple, bien vêtues
d’ailleurs, marchaient pieds nusjles autres étaient fort proprement
chaussées, pt toutes portaient, au lieu dévoilé, une espèce de schai
sur la têtey qui descendait négligemment sur le menton, et tombait
ensuite sur une épaule. ■
Le z 5 , nous partîmes avant le jour, et nous nous avançâmes lentement
avec un léger vent qui nous venait de l’intérieur des terres.
Nous longeâmes la côte de l ’Epire, et, vers les onze heures, le vent
étant déjà au nord-ouest, nous traversâmes le canal de Corfou,
et nous mouillâmes près de l’embouchure de la petite rivière qui
vient du quartier de L efkimo, situé à une lieue de l’extrémité méridionale
dé l’île. Le canal, dans cette partie, a environ cinq mille
toises de largeur ; il s’élargit beaucoup au-delà de la pointe des
Salines, et ne commence à se resserrer qu’au pied du mont Saint-
Salvador d’un côté, et le cap de Giravolia de l’autre : il n’a plus,
vers l’écueil de la Serpa, qu’onze cents toises.
Dans la nuit et dans la mâtinée du 26 ju ille t, un léger vent de
terre nous .permit de gagner la rade de Castradès , située au sud
de la ville de Corfou. Nous fûmes obligés d’y passer la journée,
èt nous n’en sortîmes le .lendemain que pour faire une quarantaine
désagréable, et d’autant plus inutile., que nos mariniers n’y furent
point soumis.