Tavernier, qui le premier apporta en France de cette laine, croit
qu’elle est fournie par une sorte dé mouton qui a cela de particulier
, dit-il, qu’il perd naturellement sa toison lôrsqu il a mangé de
l’herbe nouvelle, depuis janvier jusqu’en m a i, de sorte qu’on n a
pas besoin de le tondre (i).
Quoique nous n’ayions pas é té , comme lu i , dans le Kerman,
nous ne doutons pas , d’après les renseignemens que nous avons
pris à Ispahan, que cette laine ne soit fournie par une chèvre.
Nieburh l ’a cru de même ; c a r , en parlant d’un gros chat à longs
po ils, qu’on avait apporté à Abouchir du Kerman, chat dont il
a vu la même sorte à Constantinople (2) , il dit qu’il se trouve
aussi, dans le Kerman, des chèvres à poils longs et lins. (Tom. I I ,
pag. 7 7 .)
x Chevaux,
La quantité de chevaux de selle que la Perse fournit à la Turquie
et à l’indoustan, est toujours fort considérable. Par les renseignemens
qui nous ont été fournis durant notre séjour à Téhéran, il
résulte qu’il en passe environ deux mille chaque année en Turquie ,
et trois mille dans l’Indoustan. Les premiers peuvent être évalués
à 3oo piastres turques, ou 600 livres l’un dans l’autre 5 et les seconds
à 35o piastres ou 700 livres.
Les chevaux de l’Aderbidjan, du Chyrvan, de l’Irak-Adjem, et
même du Farsistan, sont regardés comme les plus beaux, les plus
forts et les plus capables de résister à la fatigue ; et ceux du Khorassan
sont , après les chevaux arabes et les chevaux tartares ,
réputés les meilleurs de la Perse pour la selle. Les premiers sont
achetés, par les marchands et les chefs de caravanes, à 2 ou 3oo
piastres ; les seconds sont recherchés par tous les grands seigneurs
et par tous ceux qui veulent être bien montes : ils se paient 5 ou
600 piastres, et même beaucoup plus. Ils ont l’avantage dêtre
(1) Les six Voyages de J , B . Tavernier, tom. I , pag. édition in-40» Paris,
1676.
(2) C’est celui que nous connaissons sous le nom de chat d*Angora*
mieux faits et moins maigres que les chevaux arabes, et de n’être
ni si petits ni si laids que ceux de Tartarie.
Les Persans prennent lé plus grand soin de leurs chevaux; ils ont
1 attention de les étriller deux fois par jou r, de les laver avec soin ,
de les bien frotter avec un linge grossier ou un feutre, et de les
garantir, autant qu ils le peuvent, de la trop forte impression du
soleil et de la trop grande fraîcheur de la nuit. Dans le repos, ils
leur mettent sur le dos un grand feutre ou une étofïè de laine faite
exprès; et quand ils reviennent de faire une course ou qu’ils se
reposent dans un voyage, ils n'ont pas plutôt mis pied à terre,
qu’ils les donnent à un domestique ou à un petit enfant, pour les
promener jusqu’à ce qu’ils aient repris haleine. Ils ne leur ôtent la
selle que lorsque la sueur a cessé entièrement.
Gn ne leur donne, pour toute nourriture, durant le jour , que
de la paille hachée, et lé soir une»ration d’orge. Dans les voyages,
on les laisse paître dans les champs ; et au printems, on les met
pendant huit jours à 1 herbe fraîche, afin de les purger.
Les Tartares ouzbeqs , ainsi que les Arabes du Kernjesir, sont
dans l’usage de faire subir aux chevaux qu’ils doivent monter habituellement,
une épreuve à laquelle quelques-uns succombent; c’est
de leur diminuer peu à peu la nourriture au point de ne leur plus
donner, par jou r , qu une poignée d’orge, et ensuite plus du tout
durant vingt-quatre heures, et de leur faire faire néanmoins une
longue course chaque jour. Accoutumés àune guerre de brigands,
obligés de se transporter à de grandes distances dans peu de tems
afin de surprendre une habitation, et de finr avec la promptitude
de 1 éclair s’ils se trouvent découverts et poursuivis , i l faut qu’ils
aient des chevaux capables de frire soixante ou q-uatre-vingts milles
sans s’arrêter et sans manger.
Coton.
Presque tout le coton que la Perse récolte .se consomme dans le
¡pays; il alimente les nombreuses manufactures qui sont répandue®
dans toutes les villes. L a Russie, depuis quelques années, en tire
un peu du ¡Guilan et du Mazaaderan. i l est à présumer qu’en se
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