révolte d’Ali-Miirad a tait ralenti sa marche : il voulait* voir le
résultat de cette lutte avant de se décider sur le parti qu il prendrait.
Chemin faisant, il avait appaisé quelques troubles dans le Ker-
mesir, et y avait laissé des troupes. Il avait licencie une borine
partie de son armée afin de ne donner aucun soupçon à son frère t
et était venu camper, à deux journées de Chiras, avec trois mille
hommes seulement.
- Les premiers jours qu’il fut campé se passèrent, entre lui et son
frère, en politesses, en témoignages réciproques d’amitié. Zéki
envoya son fils Akbar-Khan et plusieurs seigneurs auprès de Sadek
pour le complimenter et lui fiiire quelques présens ; celui-ci fit
accompagner ces seigneurs, à leur retour, par son fils Djaifar, qu il
chargea de présens eheoré plus riches. Zéki avait protesté de sa
soumission, et avait invité son aîné à se rendre, le plus tôt possible,
à Chiras, afin de se mettre à la têtè du gouvernement, pour
lequel Abdul-Fétali avait montré, disait-il, de l ’aversion. Sadek,
par ses réponses, avait paru très-éloigné de.s’emparer du pouvoir :
dégagé dë toute ambition, il désirait qu’AboukPétah succédât à son
p è re , e t , 4 défaut, que ce fut Mohammed-Ali, sous la surveillance
dè son beau-père.
Mohammed-Ali, âgé alors de dix-neuf ans, avait épousé, quelques
mois avant la mort de Kérim, une fille de Zéki-Khan, et avait
été nommé commandai) t-général dé la garde de nuit. Zeki avait
toujours paru l'affectionner comme son propre fils.
Djafïàr ne fu t pas plutôt à Chiras, qu’il lut secrètement informé
que son oncle ne cherchait à attirer Sadek auprès de lui qne pour
le faire périr : il sut que lès fils de Kérim étaient détenus malgré
eu x ; il vit les préparatifs que l’on faisait pour attaquer son père
s’il s’obstinait 4 rester éloigné de la ville ; il craignit pour lui-même.
Invité à un fèstiii que Zéki donnait â son occasion-, il s’échappa fur,
tivèmént, monta à cheval, et courut à toute bride informer Sadek
de tout ce qu’il avait appris.
Zé k i, se voyant découvert, ne perdit pas un moment; il fit courir
après Djaffar ; il fit arrêter trois fils de Sadek qui se trouvaient
à Chiras, nommés Mataki-Khan , Ali-Nagui-Khan et Hassan-
Khan ; il ordonna la démolition dp l.eprs palais et la confiscation de
tous leurs biens, et il envoya secrètement dans le camp l ’ordre à
tout officier et soldat de se rendre sur-le-champ dans la ville, sous
peine d’avoir leurs propriétés confisquées et leurs parens maltraités.
On ne put atteindre Djaffar; mais l ’ordre produisit son effet : presque
toutes les troupes qui restaient à Sadek ayant leurs pa.rens et
leurs amis à Chiras , la désertion fut prompte et générale; il ne
resta que trois cents hommes , étrangers à cette v ille , commandés
par Mohammed-Khan, Sistani; qui jurèrent de ne pas abandonner
leur général.
- Zéki-Khan, qui s’attendait à cette désertion, avait donné ordre
à trois ou quatre ,cents cavaliers d’élite , de tomber à l’improviste
sur Sadek, de s’eri emparer ou de le faire mourir; mais ce coup de
main échoua par la fidélité des Sistanis, qui se battirent bjen, et
tuèrent même le commandant ennemi.
Sadek se rendit, avec ses trois cents hommes, dans le Kerman,
où il trouva Sayd-Mirza-Aboul-Hassan,,seigneur très-riche, qui lui
fournit 34,000 toinans (2,160,000 liv .) , à l ’aide desquels il rassembla
de nouvelles troupes,'et se disposa à reparaître sur la scène.
Zéki n’eut pas plutôt mis en fuite Sadek, qu’il songea à.marçher
contre Ali-Murad.
I l .axait appris, sans en être effrayé > la révolte ,<|e ,ce dernier et
les dispositions hostiles de tout le nord de la Perse. I l se flattait
qu’en accélérant son départ, il lui serait aisé de dissiper une arqjée
qui n’aurait pas eu le tems de. s’organiser, qui devait manquer de
tou t,.e t qui d’ailleurs, par le nombre, ne pouvait se mesurer avec
la sienne. Il ne lui fallût pas huit jours pour être en état de se
mettre en campagne, et de.marcher vers Ispahan. Il ¡laissa à Chirps
un de ses fils avec fort peu de troupes , et il emmena avec .lui
Aboul-Fétah , Mohammed-Ali, ses trois.nouveaux prisonniers,
‘Mataki-Khan, Ali-Nagui-Khan, Hassan-Khan , et tous .ceux dçs
habitans qui, par leurs liaisons avec Sadek ou avec Ali-Murad ».pouvaient
lui faire craindre qjielqu’entreprise çontre son fils.
Il a r r iv a ,le septième jour de.son départ, à Yesdekast, ville .peu
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