b o is , peu susceptible de culture , si ce n’est vers sa base, mais
couverte de cistes, de lentisques, de térébinthes, de chênes kermès,
de sauges, de stoechas, de millepertuis, de thyms, et surtout d’une
sorte de genêt épineux, arbuste sur lequel les abeilles vont plus particulièrement
puiser leur miel.
Nous montâmes à cheval le 14 juin , pour nous rendre sur cette
montagne ; elle est à une lieue et demie de la ville , dans la direction
de l’est au sud-est. Le vent était depuis trois jours au sud, et
la veille nous avions été menacés d’orage.-Nous passâmes l’Ilissus,
qui se trouve à quelques pas de la ville ; il était à sec : c’est un
faible torrent presque toujours sans eau, dont on ne parlerait pas
si tout à Athènes ne rappelait des souvenirs, et n’inspirait de l ’intérêt.
On peut en dire autant du Céphise, qui coule, à quelque distance
de la v ille , à l’occident : quoiqu’il ait presque toujours un
peu d’eau , et qu’il fertilise une partie de la plaine, il ne recevrait
pas, en Europe, le nom de rivière.
Au-delà de l ’Iiissus nous vîmes quelques vergers d’oliviers et
fort peu de vignes ; nous traversâmes des champs incultes tout couverts
de myrtes. Cet arbrisseau fut, comme on sait, dédié à Vénus :
nul autre, dans la Grèce, n’était sans doute plus propre à favoriser
les mystères de l ’amour ; nul autre ne présentait une retraite
plus sûre et plus agréable à des amans qui voulaient se soustraire
au x regards courroucés de la jalousie, ou se dérober à ceux d’une
mère trop attentive. I l croît en buisson le long des chemins, dans
les champs et au bord de tous les ruisseaux. Son ombre épaisse, son
odeur suave légèrement aromatique, le vert agréable des feuilles,
la couleur blanche des fleurs ; celle d’un bleu-foneé que prennent
les fruits à la fin de l ’é té, et qui restent sur l’arbrisseau, ainsi que
les feuilles, tout l ’hiver ; tout devait inviter les amans à lui donner
une préférence qu’il mérite.
L ’olivier fut de même consacré à Minerve, comme la vigne le
fut à Bacchus. Rien de plus sage sans doute que de rendre en quelque
sorte sacrés pour le vulgaire les végétaux les plus utiles, et
ceux qui se trouvaient être les plus agréables.
Nous nous rendîmes, dans une heure et demie',, au monastère
S érian t, situé dans un enfoncement vers le bas de la montagne.
Il est entouré de fort beaux oliviers , et on y voit une fontaine
qui jouit de la plus grande célébrité : les femmes stériles, les malades
, les estropiés, s’y portent en foule pour boire de ses eaux ;
l ’Esprit-Saint, dit-on, y descend sous la forme d’un pigeon, le jour
de la Pentecôte , et s’envole rapidement après en avoir pris une
bouchée.
Les caloyers sont fort nombreux et assez pauvres : ils étaient
presque tous hors du couvent, occupés à couper et à battre eux-
mêmes les blés qui leur appartenaient; ils élèvent une très-grande
quantité d’abeilles , tant aux environs du couvent, que sur les
autres possessions qu’ils ont au pied de la montagne.
Nous laissâmes chez eux nos chevaux, et nous prîmes un sentier
très-escarpé. Après avoir dépassé la bande schisteuse qui s’étend
un peu au dessus du couvent, et qui forme toute la base de la montagne
, on trouve nn marbre tantôt blanc , tantôt gris-bleuâtre ,
mélangé de b lan c , qui paraît avoir été anciennement exploité en
plusieurs endroits, quoiqu’il soit d’unë qualité bien inférieure à
celui du Pentelique.
Arrivé au sommet, nous nous trouvâmes sur une plaine que
> rien ne dominait aux environs. Nous avions, au n o rd , le mont
Pentelique, où se trouve le beau marbre statuaire ; au nord-ouest,
la belle plaine d’Athènes , presque partout couverte d’oliviers ; à
l’occident, la vaste rade d’Éleusis, capable de recevoir l’escadre la
plus nombreuse , et l’île de Salamine, qui se détachait bien de la
terre , excepté du côté de Mégare ; au-delà , la vue se promenait
Sur tout le fond du golfe Saroniqué, nommé aujourd’hui G o lfe
d’A thèn es, et se portait jusqu’à Corinthe; au sud et au sud-ouest,
un grand nombre d’îles et d’îlots se présentaient à nous. Phaura
et Ægine se montraient en entier ; mais Calaurie , aujourd’hui
P orri, se confondait avec la côte de Morée, et nous empêchait de
to ir le vaste port qu’elle abrite ou qu’elle forme derrière elle.
Nous voyions, au sud-sud-ouest, le' cap Scyllæum , et plus loin
Hydra, qui fournit aujourd’hui les meilleurs marins de l’A rchipèl.
La petite île Belbina, yocher stérile et inhabité, se montrait loin
V v v z