aveugle, fût proclamé r o i , et qu’il régnât sur la province où son
aïeul avait reçu le jou r , et qu’il avait conquise la première ; ce qui
fut unanimement adopté avec des transports de joie.
Il fut doncrconvenu que le Khorassan, avec tontes ses dépendances,
serait détaché de la Perse, et qu’il resterait comme apanage
à Charokh, lequel prendrait le titre de chah ou de r o i , battrait
monnaie, lèverait des troupes, jouirait à son gré de tons les revenus
appartenans à ia couronne, percevrait les impôts, et ne serait
jamais, sous aucun prétexte, tributaire de la Perse ni d’aucun autre
Etat. Il lut convenu, en un m o t , d’ériger pour lui et pour sa pos- '
térité cette province en royaume indépendant.
Les seigneurs jurèrent de prendre les armes et de défendre leur
roi tontes les fois qu’ils en seraient requis, et' Achmed promit de
voler à son secours s’il en avait jamais besoin.
Après ces dispositions, le roi de Kandahar laissa une partie de
ses forces à Hérat et dans le Ségestan qu’il venait d’acquérir, et il
ee rendit dans sa capitale avec l ’autre dans le courant de l ’année
i y 5z .
Nous ne le suivrons pas dans ses expéditions à l ’orient du Kandahar,
on il porta la guerre pour reculer les limites de son Empire.
Nous ne dirons rien non plus de son entrée à Delhi qu’il pilla en
1762 , à l ’imitation de Nadir. On trouvera quelques détails sur la
vie de ce prince dans un ouvrage anglais publié parM. Vansitart (1),
et dans le Voyage de M. Foster (2).
Ali-Merdan ne s’était point encore permis de mettre des impositions
extraordinaires sur le faubourg de Julfa ; mais se trouvant
sur le point de quitter la capitale pour l’expédition qu’il méditait,
et Kérim étant sorti par son ordre, dans le courant de l ’hiver 1762,
avec un petit* corps de troupes pour battre la campagne et contenir
quelques tribus qui paraissaient s’agiter à l’orient de la ville , A li-
(1) I ¿¿story o f Ahmed-Schab king o f ab dallies , translated from a persian biogriffy
.................. ........
(2). Voyage du Bengale d'PStersbourg, traduit de l’anglais par M. Langlds , de
i’lnsUmt national.
Merdan profita de cette absence pour exiger des Arméniens du faubourg
une somme d’argent très-considérable.'L’ordre portait de
payer le jour même si on ne voulait s’exposer aux plus rudes trai-
temens.
. Lorsque Kérim apprit ce qui s’était passé à Julfa, il ne put retenir
sa colère : dans sa juste indignation, il laissa échapper des propos
qui offensèrent celui qui en était l ’objet. Sa perte dès-lors fut jurées
le régent ne vit plus dans Kérim l ’homme qu’il avait élevé et que
la reconnaissance devait lui attacher; il le regarda, dès ce moment,
comme nn rival d’autant plus dangereux, qu’à une douceur, une
affabilité qui lui gagnaient tous les coeurs, il joignait de la bravoure ,
de l’énergie et une persévérance dans ses résolutions , qui lui faisaient
ordinairement surmonter tous les obstacles.
Les troubles qui avaient forcé Kérim à quitter la capitale, étant
appaisés, il revint à son poste. On s’attendait dans la ville et dans
f armée, à une rupture entre lui et le régent, ét chacun prenait
parti en faveur de l ’un d’eux. Leur caractère bien connu ne permettait
pas de supposer qu’ils feindraient l’un pour l ’autre des
sentimens qu’ils n’avaient plus. L ’entrevue qu’ils eurent, fut telle
qu’on l ’avait prévue. Kérim, après avoir rendu compte du résultat
de sa mission, voulut se plaindre des ordres qui avaient été donnés
à l ’égard d’un faubourg qui lui était échu en partage. Ali-Merdan
parla en maître, et ajouta qu’il agirait dorénavant comme tel. Kérim
se retira sans dire mot.
Cependant le peuple, mécontent du régent, prenait parti en
faveur de Kérim ; l ’armée elle-même se divisait. Ali-Merdan , informé
des progrès que son rival faisait sur l’opinion, donna ordre
de l ’arrêter ou de le tuer s’il résistait. Cet ordre ne put être exécuté.
Kérim, averti du danger qui le menaçait, disparut à propos, et le
jour même un de ses amis, Mohammed-Khan, poignarda le régent
dans son palais et au milieu de sa garde, sans que personne songeât
à l ’arrêter et à punir cet attentat.
Cette mort, arrivée à laïin de l ’hiver iy5%, n ’excita aucun trouble
dans la ville. Kérim n’eut qu’à se présenter pour qu’à l ’instant l’armée
se soumît à ses ordres. Quelques ofîiciers-généraux que leurs