contraire, en sont couverts : ils ont aux doigts un grand nombre
de bagues ; ils ont une chaîne d’or ou d’argent passée autour du
cou, laquelle pend sur la poitrine, et se cache sous l’habit : à cette
chaîne sont attachés des bagues, des cachets, une bourse, une
montre et divers autres bijoux. Le bonnet est orné quelquefois de
pierreries : on eh voit aussi sur la poitrine et autour de la ceinture.
Le roi et quelques grands portent, au dessus du coude, des bracelets
de pierres précieuses. (P l. 36 et P l. 38. )
I l est bien vrai que les plus dévots, parmi les hommes seulement,
font placer les plus belles pierres., les plus gros diamans sur l’argent
, attendu que la loi de Mahomet leur interdit l’or ; mais ces
diamans ainsi montés n’én sont pas moins précieux et pas moins
chers.
Les armes sont un objet du plus grand lu xe-: -il y a des lames de
sabre ou de poignard qui se paient des prix exorbitans. Lorsqu’une
lame est réputée excellente, on en donne quinze, vingt, trente mille
piastres, et même davantage. La poignée est quelquefois encore ,
plus chère ; elle est souvent en jade oriental, et surmontée d’un
très-gros rubis, d’un superbe saphir ou d’un diamant du plus grand
prix : les plus communes sont recouvertes d’une lame d’or ou d’argent
assez bien travaillée. ■ .
Les femmes ont encore plus de bijoux , de joyaux , d’ornemens
précieux, que les hommes : tout leur corps en est pour ainsi dire x
couvert ; elles placent sur la tête et autour du cou des aigrettes,
des bandeaux, des colliers faits avec les plus belles pierres ou les
perles les plus grosses et les plus fines. Leurs ceintures sont enrichies
de diamans, de rubis; leurs doigts sont chargés d’anneaux,;
elles ont des bracelets aux bras et aux pieds , et quelquefois des
pièces d’or sur tous les bords de leurs habits.
La dépense à laquelle le Persan , encore plus que le T u r c , se
laisse entraîner pour son harem, est rarement proportionnée à la
fortune qu’il a , aux emplois qu’il exerce ymu rang qu’il occupe.
Qu’il ait une seule épouse ou plusieurs, lé nombre des esclaves est
toujours fort grand. On sait que parmi ces esclaves, lès unes sont
destinées au service ; ce sont les moins jeunes, les moins jolies ; les
autres briguent toutes l’honneur d’être admises au lit du maître,
et de devenir mères , afin d’avoir elles-mêmes des esclaves pour les
servir , et d’être èn quelque sorte assimilées aux épouses.. L a dépense
qui se fait alors dans le harem est excessive.. Si le maître est
généreux ou faible , ses femmes ne mettent point de bornes à leurs
désirs. Les habits les plus riches et les plus frais , les bijoux les plus
précieux et les plus chers, les parfums les plus exquis et les plus
rares, les mets les plus délicats et les plus recherchés, doivent leur
être fournis avec une abondance, avec une profusion dont on n a
pas d’exemple en Europe. Il semble qu’une femme , dans l ’Orient,
toujours étrangère à la famille de son mari ou de son maître, ne
doive vivre que pour elle, et ne songer qu’à son bonheur particulier;
il semble qu’elle doive chercher à se dédommager par la beaute,
la rareté, le précieux de tout ce qu’elle peut se procurer, de la
contrainte à laquelle les lois et les usagés l’ont condamnée : uniquement
occupée à fixer les regards de l’homme qui la tient enfèrmee,
et obtenir la préférenôe sur ses rivales-, ou à exciter l ’envie des
femmes qu’elle reçoit , elle passe une partie de la journée au bain et
à sa toilette, et l ’autre à étaler toutes les richesses qu’elle possède,
devant des amies qui viennent la v o i r , devant des danseuses, des
musiciennes qu’elle fait venir habituellement chez elle pour charmer
son ennui.
Le luxe des chevaux et des harnois est poussé encore plus loin
en Perse, qu’én Turquie. Un grand ne sort jamais , pour, aller à la
chasse, à la promenade, ou pour faire une visite, qu’il n’ait avec
lui quelques valets de pied et quelques domestiques à cheval, conduisant
chacun un ou deux chevaux superbement harnachés. Le
simple particulier se fait accompagner, lorsqu’il est à cheval, d’un
ou de plusieurs domestiques aussi bien montés que lui.
On prodigue, dans les harnois, l ’or , l’argent, les broderies, les
perles fines, les pierres précieuses. La bride et les cuirs qui attachent
la selle, sont couverts de sequins f de chaînes d’or. L a housse de
parade, qui descend presque jusqu’à terre , est toute en broderie
d’o r , et est souvent enrichie de perles et de pierreries.
: Les Persans ont une grande vénération pour la barbe ; ils la