Cette opinion est également établie en Egypte et au midi de la
Perse. M. Pallas rapporte plusieurs faits dont il dit avoir été témoin,
qui semblent prouver que le venin de cet insecte est mortel si on
n’y apporte remède à tems. Il regarde l ’huile et tous les corps gras
comme les meilleurs à appliquer.
Nous avouerons que malgré l’assertion des Arabes, des Égyptiens
et de tons les habitans chez lesquels se trouvent les galéodes, malgré
l ’assertion de M. Pallas lui-même, nous doutons que ces insectes
soient aussi venimeux qu’on le dit. N ’a-t-on pas fait une semblable
réputation, en Perse, au scorpion; en Italie, à la tarentule; dans
presque tout l’Orient et au midi de l ’Europe,, aux diverses espèces
de geckos, qui vivent dans les maisons ou dans les vieilles masures ?
En Égypte et en Crète, les scinques ne sont-ils pas également regardés
comme venimeux ?
Nous avons trouvé le galéode fort commun en Perse, dans le
désert de la Mésopotamie et dans celui de l’Arabie : tous les soirs
il courait sur nous, sur nos effets , sur notre table, sur nos lits ,
avec la plus grande célérité, sans jamais s’arrêter : personne n’a
été mordu , et nous n’avons jamais pu recueillir un fait bien
constaté, qui prouvât que cet insecte est aussi dangereux qu’on
le dit.
L a morsure du galéode doit être sans doute fort douloureuse, à
en juger par les deux fortes pinces dont la bouche est armée ; mais
est-il bien certain que cette morsure soit accompagnée d’un épan-
chement de venin , comme dans les vipères ? L ’inspection dé la
bouche de l’animal semble ne pas le prouver.
Cet insecte se cache assez ordinairement durant le jou r , et ne
sort guère que la nuit. Il paraît qu’il est attiré par la clarté d’une
bougie ou d’une chandelle allumée', car c’était plus particulièrement
dans notre tente, la seule qui lût éclairée, que venaient les galéodes.
Nous en vîmes moins dans la suite, parce que nous n’eûmes plus
besoin de lumière.
L ’espèce, qui courait avec le pins de célérité, et qui se montrait
le plus communément {pl. 42 > fig- 3 ) , paraît devoir se rapporter
à celle que Pallas a observée au nord de la Caspienne, et qu’il a
décrite sous le nom de pltalangium araneoides (i). Les pattes sont
très-longues, et tout le corps est velu , d’une couleur cendree, un
peu rousseâtre; les mandibules {fig. a ) sont entièrement ciliées, et
armées de fortes dents (2).
Nous en prîmes une seconde espèce {pl. 4a , 'fig• 4) » q™ se présentait
moins fréquemment, et qui courait avec bien moins de
célérité. Celle-ci a ses pattes une ou deux fois plus courtes. Le corps
est velu et de la même couleur que celui de la précédente ; mais ses
mandibules (a) sont d’un rouge ferrugineux ; elles sont moins dentées
, et on remarque au côté interne de la pièce supérieure , un
Crochet arqué*, recourbé , mobile, qui manque au galéode ara-
néoïde (3).
Nous vîmes aussi, aux environs de notre tente , deux autres
galéodes qui offrent entr’elles peu de différence , et qui pourraient
bien, comme les deux précédentes, n’être pas deux espèces, mais
les deux sexes de la même espèce. L ’une {p l. 4?.,fig . 5 ) a le corps
très-noir, les pattes courtes, velues, et un crochet arqué, recourbé ,
mobile à la partie interne des mandibules (4).
L ’autre {p l. 42,fig . 6 ) , qui est évidemment une femelle, a les
pattes très-courtes, velues, et le corps d’un noir de velours; ses
mandibules sont dentées et sans crochet latéral (5).
Le 14 , le vent passa à l’oue st, et souffla toute la journée avec
tant de force, que' nous ne pûmes ni quitter la tente, ni faire de
cuisine. La chaleur n’était pas aussi grande que les jours précé-
dens, néanmoins le thermomètre marqua encore 3o degrés.
(1) Spicilegia. Zoolog. Fascio. 9 , pag. 3y , tab. 3, fig. 7 , 8 et 9.
(2) Galeodes araneoides, chelis dentatis , villosis, simplicibusj corpore villoso,
cinereo. Encyclop. méthod. I n s e c t e s , tom. V I , pag. 58o , n”. 1.
(3) Galeodes phalangium, chelis uniàentatis , mandibulis dente laterali arcudtà,
e recto , mobili ; corpore cinereo, rufescente. PI. 4® ifig - 4-
(4) Galeodes melanus, chelis unidentatis, mandibulis dente laterali arcuato ,
corpore atro. PI. 4Z , f ig . 5.
(5) Galeodes arabs, chelis dentatis, villosis j pedibus brevioribus , corpore atro.