Le 3o , on marcha pendant dix heures'et demie en plaine , sur
un terrain n u , calcaire, et on laissa en arrière la montagne qui se
trouvait à notre gauche depuis Taïb. On courut ce jour-là après
un Arabe qu’ohapperçut sur un chameau : après l’avoir questionné,
on le laissa poursuivre tranquillement son chemin, parce qu’il appartenait
à une horde connue et amie. Nous n’eûmes pas d’autre eau à
boire que celle qu’on avait transportée la veille dans des outres.
Le-premier juillet , nous nous dirigeâmes vers des collines qui se
présentaient au nord; nons passâmes sur un terrain où Peau avait
séjourné l ’hiver ) et où elle avait laissé une croûte saline assez
épaisse. Après huit heures et demie de marche , nous dressâmes
nos tentes sur la pente d’une colline, près d’une source d’eau minérale
chaude, assez abondante, qui nous parut sulfureuse. Les chameaux,
les chevaux et quelques Arabes qui en burent, furent assez
fortement purgés. Nous y remarquâmes quelques restes d’un grand
édifice ; nous y vîmes des sépultures musulmanes, mais aucun indice
de ville. Le sol environnant présentait beaucoup de pierres basaltiques,
qui y étaient étrangères, et que nous jugeâmes y avoir été
apportées d’une montagne ou colline qui se trouvait à peu de distance
de là vers le nord-est. Tout le terrain autour de la source
était crayeux.
L ’eau douce manquait entièrement dans ces contrées : à peine
en avait-on conservé quelques outres pour les personnes les plus
distinguées de la caravane; les antres furent obligées de s’en passer
ou de .boire de l ’eau minérale.
Le 2 , il y eut sept heures de marche sur un terrain presque toujours
crayeux. Nous suivîmes d’abord la colline que nous avions
à droite, et qui faisait suite à celle où se trouvait la sonrce_ d’eau
minérale chaude. Nous nous trouvâmes ensuite dans une large
vallée que nous longeâmes en nous, dirigeant au nord. Les montagnes
qui la formaient, n’étaient pas bien hautes ; elles nous parurent
l’une et l’antre volcaniques : nous nous approchâmes de
celle à gauche; nous passâmes sur le sol d’une ancienne v ille , où
se trouvaient beaucoup de pierres volcaniques taillées au ciseau;
et nous campâmes à un quart de lieuç au-delà. ^
Il y avait de la bonne eau sur la montagne : on fut en prendre ,
tant pour les hommes, que pour tons les animaux de la caravane.
Vers le soir on apperçut an loin des Arabes : à 1 instant tons
les chefs montèrent à cheval, et s’avancèrent dans la plaine. Les
Arabes étaient à peu près quatre-vingts , tous à cheval ou sur des
dromadaires ; nous les vîmes défiler tranquillement au pied de la
montagne, opposée. .Lorsqu’on,les eut .perdus de vue , les .chefs
revinrent au camp, et recommandèrent de faire bonne garde, toute
la nuit. ,, ‘ . ' . ; . v
Le 3 , nous côtoyâmes pendant une heure ét demie la montagne
que nons avions à gauche ; elle nous conduisit ; au bord d un lac
de deux ou trois lieues' d’étendue. Nous passâmes successivement
sur les ruines de trois villages, et nous campâmes un peu au-delà
du dernier j après quatre heures de,marche. Le lac> dont nous suivîmes
tout le bord occidental, est presqu’à sec à la fin de l ’été, et
l ’on' en tire chaque année, beaucoup de sel marin, quoique l’eau
paraisse douce et fort bonne à boire l’hiver.
La veille on avait expédié deux cavaliers pour prévenir le douanier
d’Alep de l’arrivée de la caravane. Celui-ci avait envoyé,-dans
la mâtinée du 3, un commis pour prendre note de toutes les marchandises
qu’elle avait, et pour ne pas les perdre de vue que-les
droits ne fussent açquittés.a Alep. .
. L ’après-midi nous reçûmes deux exprès, l’un de M .;Vailhen,
négociant français, notre ami particulier, et le second de MM- Cho -
derlos notre consul, arrivé depuis peu dans cette'ville,: et Bichot,
ci-devant proconsul, chez qui nous avions logé, lors de notre pre-
,mier voyage. Ces Messieurs nous enyoyaient quelques provisions
fraîches, et nous engageaient d’une manière aussi amicale que
généreuse, à aller descendre chez eux.
Nous quittâmes.la caravane, mon collègue.et moi, vers les quatre
heures du soir , accompagnés de nos deux exp rè s , et nous arrivâmes
..dans une heure et demie à un village où l’on battait les
blés : nous ne nous y arrêtâmes pas ; nous nous rendîmes dans
un autre, nommé S p h iri, situé à un mille plus loin, où nous passâmes
la nuit.