haute, étroite, tres-escarpee des deux côtés; elle est d’une roche
calcaire dure, espèce de tuf disposé en couches irrégulières.
Nous marchons encore environ deux heures dans une vallée arrosée
et cultivée, et nous venons camper au pied d’une très-haute
montagne, près d’un large ruisseau, dont les bords sont couverts
de saules : c’est encore le Khaser, dont la source se trouve à peu
de distance de là.
Nous quittons ici l’Empire othomaa pour entrer sur les terres
soumises au roi de Perse. La montagne se nomme Gebel-Tak.
Other lui donne le nom de Tag-Ayagui (i) les Anciens la désignaient
sous le .nom de Zagrm.
Après notre dîner, nous remontons à cheval. Le chemin est rude,
scabreux, souvent .taillé dans, le roc. L a caravane se serre et marche
en bon ordre. On a quelques craintes , parce que tout le pays est
fréquenté par des Curdes qui se présentent quelquefois en grand
nombre peur dépouiller les caravanes ouïes mettre à contribution.
Il ne nous arriva pourtant pas d’autre accident que la perte d’un
cheval, qui se cassa une jambe en glissant sur une roche,. par la
mal-adresse du cavalier qui le montait. Ne pouvant pas suivre en
cet état. la. caravane, on le précipita à travers des rochers: presque
coupés à,pic. Nous remarquions, en passant,, les restes d’un
monument en marbre ; nous y cherchons en vain q.uelqu’inscrtp-
tion , quelque figure qui puisse nous indiquer l ’époque où il fut
érigé.
Nous ne pouvons clouter que ce ne soit ieiila porte médienne,
nommee par les Grecs et les Romains Ziiigri g i l tu*, et que Sarpil,
qu il faudrait sans doute écrire fHarg-pil, ne soihle reste d’une ville
assez considérable qui fut bâtie près, du défilé-, et qui en porta le
nom. Ce village aujourd’hui n ’a rien de remarquable que son cara-
vanserai et quelques chétives maisons de te rre,, habitées par des
Cuardes-
Nous marchâmes pendant sept heures, toujours en nous élevant,
et nous vînmes camper entre deux sommets de montagnes.,. sur
i>).Vy*ge en Turquie et en Perse , tom. I , pag. 175»
lesquels il y avait encore un peu de neige. La nuit fut fraîche et
humide.
Le 2 7 , nous ne faisons que demi-lieue ; nous nous arrêtons dans
un endroit propre à faire paître nos chevaux. Nous sommes dans
une vallée assez agréable. La chaleur est beaucoup plus supportable
que les jours préoédens.
Le 38, nous marchons deux heures et demie. Nous laissons à
gauche un village assez considérable, nommé Kreat (1) ; il est bâti
au pied d’un rocher élevé et escarpé, d’où sort une eau vive et
abondante, qui est employée à l ’arr.osement du vallon.
Krent est l ’ancienne Karma, que sa position militaire rendait
très-importante.
Depuis que nous avons mis les pieds sur les terres de la Perse, les
Curdes qui se trouvent à portée de la caravane, viennent lui offrir
des provisions. Nous nous procurons par ce moyen , des agneaux ,
des poules , des oeufs, du lait caillé a igri, du beurre, du fromage.
Ils sont plus dou x, plus affables que ceux des environs de Merdin
et de Nisibis : leurs armes, leurs vêtemems diffèrent peu, si ce n’ est
qu ils portent un bonnet de feutre très-pointu, terminé de -chaque
côté par deux longs appendices (p L 1). Leurs souliers ressemblent
à nos pantoufles : le dessous est formé de plusieurs peaux
bien cousues; le dessus est un tricot de co ton , très-gros et très-
serré.
Le a.9, nous prolongeons le vallon de Krent ; non® traversons
ensuite une colline couverte de petits amandiers, de iérébinthes,
dazeroliers, de chênes,, et nous nous trouvons dans une autre
plaine. Nous arrivons, après six heures et demie de manche, auprès
du village de Haroun-Abad, où l’ on a bâti un cararanserai assez
considérable. Nous voyons beaucoup de troupeaux de montons.
Nous découvrons quelques habitations curdes, consistant dans la
réunion de plusieurs tentes. Le pays paraît assez bien cultivé : une
partie de la plaine est arrosée.
Le 3o , nous traversons un pays montueux, boisé ; nous
(1) Other le nomme Quirind. Voyez tom. X, pag. 176.