parmi les Kagiars de sa tribu et les Turcomans qui habitent les
frontières occidentales du Khorassan, et s’était emparé du Tabé-
ristan et de tout le reste du Mazanderan.
Hidéat, khan du Guilan, n’avait pas attendu qu’il vînt l ’attaquer
pour se soumettre; il lui avait lait hommage de sa province dès
qu’il l’avait su à la tête d’une armée, et lui avait fait passer les
mêmes troupes et les mêmes subsides qu’il s’était obligé de fournir
à Kérim.
Pendant le siège de Chiras, Ali-Murad avait- donné ordre à Seyd-
Miirad-Khan de réunir toutes les troupes qu’il avait mises'à ses
ordres, et d’aller attaquer Méhémet ; mais il avait été impossible
à ce général de franchir les Portes Caspiennes ; il avait été repoussé
avec perte, et il était revenu à Téhéran.
Méhémet, à la tête de vingt mille hommes, l’y avait suivi de très-
près, et lui avait enlevé cette ville; il s’était porté de là Sur Casbin,
dont il s’était-également rendu maître. Seyd-Murad, qui n’était pas
assez fort pour s’opposer aux entreprises de cet ennemi, s’était
replié sur Kom et Cachan, et avait informé Ali-Murad de ce qui
se passait.
Ce fut peu de tems après son entrée à Chiras, que celui-ci reçut
le Courier que son général lui envoyait. Il n’avait pas de tems à
perdre s’il voulait empêcher que l ’Aderbidjan, l’Erivan, le M ogan,
le Chyrvan et le Daghestan ne tombassent au pouvoir d’un homme
dont les prétentions n’étaient que trop évidentes, et dont les forces
prenaient chaque jour un accroissement considérable. Il détacha
donc sur-le-champ de son armée trente mille hommes , dont il
donna le commandement à Scheik-Veis son fils, avec ordre d’aller
joindre Seyd-Murad, de se concerter avec fui et de tomber ensemble
sur Méhémet.
■ Scheik-Veis partit en toute diligence, et arriva sous les murs de
Téhéran dans le courant de juin 1781.
Ali-Murad ne resta pas long-tems à Chiras. Conduit par une sage
politique, il transféra, dès la fin de l’été, le siège du gouvernement
à Ispahan. Plusieurs motifs l’engagèrent à cette démarche : il se
rapprochait par-là du théâtre de la guerre ; il sé mettait à portée de'
diriger les opérations de son fils; il témoignait sa reconnaissance à
la ville qui avait pris plusieurs fois les armes en sa faveur ; il se plaçait
au centre de ses États y et sur le point le plus favorable à ses
intérêts ; car malgré les pertes énormes et les dommages très-considérables
qu’Ispahan avait éprouvés ," c’était toujours la première
ville de la Perse, et celle qui avait le plus d’influence sur l’opinion,
tant à cause de sa population et de ses richesses, que parce qu’elle
renfermait encore dans son sein les hommes les plus instruits et
les plus considérés du royaume.
- Scheik-Veis obligea Méhémet d’évacuer Téhéran et Casbin , et
de repasser les monts Caspiens avec toute son armée.
C’est pendant cette campagne, que Moustapha-Kouli-Khan,
chassé par Méhémet de son gouvernement d’Aster-Abad, vint
offrir ses services à Scheik-Veis, et qu’il amena avec luiMorteza-
Kouli-Khan son frère. Ces deux guerriers furent très-bien accueillis
y et obtinrent du commandement.
Durant l ’hiver il ne fut rien entrèpris, mais au printems suivant
(1782) Scheik-Veis, contre l’avis de son général, voulut diviser
ses forces, et les porter en même tems dans les deux provinces
ennemies. Seyd-Murad, avec quinze mille hommes, eut ordre de
forcer le défilé qui conduit dans le Guilan, tandis que Scheik-Veîs ,
avec environ vingt mille hommes, devait entrer dans le Mazanderan
par celui de Guilas.
Cette double entreprise manqua des deux côtés : les deux armées,
malgré leurs efforts réitérés, furent constamment repoussées;
elles perdirent beaucoup de monde par la désertion et par le
fer de l ’ennemi; ce qui obligea Scheik-Veis de venir passer l'hiver
à Téhéran pour se refaire et attendre des secours.
. Ali-Murad , qui voulait terminer promptement cette guerre, ne
se contenta pas de faire passer de nouvelles troupes à son fils, il
voulut, à quelque prix que ce fû t, gagner le khan du Guilan afin
de n’avoir plus qu’un ennemi à combattre, et un seul, point à attaquer.
Il fit promettre à Hidéat jde le combler d’jionneurs, et de le
confirmer dans son gouvernement s’il voulait abandonner Méhémet,
et imiter le reste de la Perse. Hidéat ét^it trop faible pour ne