tems; mais à la fin, ne se voyant pas soutenus, ils plièrent à leur
tour : les Bakhtiaris en firent bientôt autant.
Kérim apprenait dans le même moment, que les six mille Persans
qu’il avait détachés durant la n u it, venaient d’arriver. Cette nouv
e lle , en lui donnant l’espérance d’une utile diversion, le porta à
■l'aire les plus grands efforts pour retenir ses troupes et les ramener
au combat. Ce fut en vain : l ’épouvante s’en était emparée. Il eut
de la peine à rallier autour de lui les plus braves, et empêcher la
ruine totale de son armée. Pendant plus d’une heure qu’il combattit
encore après la perte de la bataille, il assura à divers corps, et
entr’autres aux six mille Persans, une retraite qu’ils n auraient pu
effectuer sans cela.
Kérim arriva à Téhéran sans connaître toute l’étendue de ses
pertes : il attendit quelques jours dans cette ville les fuyards; il ne
put réunir que quinze mille hommes avec lesquels il prit la route
d’Ispahan, où il arriva à la fin de mai 1753.
Mohammed-Hassan le poursuivit deux ou trois jours ; mais il
n ’osa pas sortir de sa province, encore moins s’avancer jusqu’à la
Capitale : il avait appris qu’il allait avoir sur les bras un autre ennemi
tout aussi redoutable que le premier.
Azad était entré dans le Guilan par le défilé de Pyl-Rubar, à la
tête de vingt-cinq'mille hommes, un peu avant que Kérim pénétrât
dans le Haut-Mazanderan par le défilé de Guilas. Le gouverneur,
qui n’avait pas deux mille hommes à opposer aux Afghans, avait
pris la fu ite, et était venu joindre l ’armée de Mohammed-Hassan-
Khan.
Azad, n’éprouvant aucune résistance dans le Guilan, leva partout
de fortes contributions, enrôla quelques montagnards, et sé
disposa à pénétrer dans le Mazanderan, en côtoyant la Caspienne ;
malgré tous les obstacles que devait lui opposer, dans cette saison
, une côte basse et marécageuse.
Il se flattait, quelle que fût l ’issue du combat qui allait avoir lient
ttanç cette province , de pouvoir tomber sur celui qui se trouverait
maître du champ de bataille, et de le vaincre alors qu il serait affaibli
par une lutte qu’il supposait,avec raison, devoir être très-sanglante
entre deux ennemis également braves, également forts , également
animés du désir de vaincre ou de périr.
Dans cette attente, il s’était déjà avancé jusqu’aux environs
d’Amul lorsqu’il apprit la défaite totale des Curdes, et l’intention
qu’avait manifestée Mohammed-Hassan de venir le combattre et
le forcer d’évacuer le Guilan. Les avis qu’il recevait en même tems,
l ’informaient du nombre des troupes que son ennemi avait, et de
la bonne disposition dans laquelle elles se trouvaient.
Azad ne jugea pas à propos d’aller plus loin, ni de hasarder un
combat dans le lieu où il se trouvait. Battu , comme il pouvait
l ’être, il ne lui restait aucun espoir de salut : il avait à sa gauche la
Caspienne, à sa droite de très-hautes montagnes qu’il était impossible
de franchir, et derrière lui un peuple guerrier qu’il avait
mécontenté par de trop fortes impositions. Il prit donc le parti de
se retirer; il évacua assez promptement le territoire de son ennemi,
et prit la route de Sultanie, où il vint; attendre que la fortune lui
fut plus favorable.
Mohammed, qui avait marché sur ses traces, ne crut pas devoir
le poursuivre ; il replaça à Reicht le même gouverneur qu’A zad
avait mis en fuite, et lui confia huit ou dix mille hommes de troupes
, avec ordre de garder soigneusement le défilé, et de se trouver
toujours prêt à s’opposer à toute entreprise d’un ennemi qu’il savait
être très-actif et très-entreprenant. Lorsque Cela fut fa it, il retourna
dans lé Mazanderan, où il continua à se fortifier. ,
Kérim ne fut pas plutôt rendu à la capitale, qu’il s’occupa à réparer
ses pertes. Les trésors qu’Ali-Merdan avait amassés, n’étant
pas encore épuisés, il put retenir sous les drapeaux lés trpupes qui
lui restaient, et en tirer d’autres de tous les pays qui lui étaient
soumis. Moyennant l’activité qu’il y mit, l’argent qu’il y employa
et la bonne volonté des habitans du midi, il eu t, à la fin de l ’hiver
, une armée aussi nombreuse et des troupes tout aussi aguerries
que celles qu’il avait perdues ; mais sa réputation , comme
général, n’était plus la. même-: il aurait bien désiré la rétablir
en prenant sa revanche , en battant à son tour le khan du
Mazanderan, Son amour-propre le portait à marcher contre
ft P p 2