de dragons ailés ; à côté de ceux-ci on voit deux lions fort grands,
qui saillent beaucoup hors du mur.
Au dessus de la porte qui est au nord-est, on voit une chouette
écartelée , tenant un serpent à chaque pied. Sur l’une des iàçes latérales,
à droite., il y a une statue d’Hercule, à laquelle on a enlevé
la tête. Au dessus on remarque un bas-relief antique de dix figures
d’environ deux pieds de haut, dont trois de femmes et trois d’hommes
nus; les quatre autres sont habillées. Les deux qui se trouvent
à l’une des extrémités, représentent un homme assis, à qui une
femme offre un casque. Chaque figure, hors les deux dernières,
est comme encadrée et séparée par une colonne cannelée en spi-
'rale. Au dessus dA ce bas-relief il y a une inscription arabe (1 ),
surmontée de-deux génies et d’un soleil au milieu. L ’un de ces génies
tient une coupe à la main , et l ’autre tient une bouteille, qu’ils présentent
au soleil. A côté de la porte, à gauche, il y a , sur le mur ,
quelques autres bas-reliefs. Nous y remarquâmes plus particulièrement
un homme étendu sur un lit élevé, porté sur quatre pieds,
et une femme debout au-devant de ce lit. Près de là nous en vîmes
un autre représentant un guerrier à chev al, tenant un bouclier : il
était précédé d’un autre guerrier à pied, ayant un casque surmonte
d ’un panache qui descendait jusqu’au dessous du dos.
Le séjour que nous fîmes à Koniéh nous aurait permis de dessiner
ces bas-reliefs, et de copier quelques inscriptions tant grecques
qu’arabes ; mais nous n’osâmes pas le faire. Un Arménien qui
était venu avec nous de Caraman, nous avertit de ne pas pousser
trop loin notre curiosité. Il nous dit que déjà on s’informait qui
nous étions : on trouvait que nous regardions les remparts avec
trop d’attention, et que nous avions parcouru la citadelle avec
trop de détails. Nous fûmes d’autant plus portés à suivre ces avis,
que le pacha était absent, et que son lieutenant aurait pu nous
inquiéter, dans l’espoir de nous arracher quelqn’argent.
Cette ville paraît avoir beaucoup souffert depuis qu’elle est entre
les mains des Turcs : on y voit quelques ruines, et beaucoup de
(1) La plupart de ces inscriptions pourraient bien être persanes.
terrain qui n’est point bâti, ou dont les maisons ont disparu; mais
il y a deux faubourgs, l’un au nord , et l ’autre au m id i, qui sont
assez étendus : chaque maison y a son jardin et son champ à cultiver.
La population nous a paru, d’après ce qu’on nous a d it ,
devoir être évaluée à douze ou quinze mille habitans. La ville seule
a environ deux milles de tour.
Son territoire, quoique peu cultivé, fournit tout ce qui est nécessaire
aux besoins de la vie on y recueille du froment et de
l’orge en abondance, du lin et toutes sortes de fruits; on y élève
un grand nombre de troupeaux. On fabrique, dans la v ille , des
maroquins jaunes très-estimés, quelques tapis semblables à ceux
de Perse. Elle fait passer à Sinyrne de la laine assez belle, de lu laine
de chevron, des noix de galle, de la gomme adragant et de la cire.
Lë 3o septembre, à la pointe du jour ,'nous partîmes de Koniéh p
accompagnés seulement de deux Turcs qui nous avaient loué des
chevaux pour Cara-Hissar, et s’étalent obligés'dé nous y conduire
en six jours; ils avaient1 quelques marchandises pour Smyrne.
' Nous longeâmes quelque tems la montagne qui est) à l’occident
de la ville : elle est caloaire dans toute son étendue; et tout-à-fàit
dégarnie de bois : il est probable qu’on en a tii*é les pierres qui ont
servi à bâtir autrefois les murs et les plus beaux édifices de la ville.
Trois heures après'notre départ, nous quittâmes la plaine, et nous
traversâmes des coteaux calcaires. Nous nous trouvâmes ensuite'
entre deux montagnes peu élevées. La roche avait changé de
nature : le sol y était schisteux, et la pierre jaunâtre, assez dure,
quartzeuSe; nous y apperçûmes quelques filons de quartz; nous y
trouvâmes le prunier sauvage que nous avions vu en Caramanie,
En avançant encore un p eu , nous vîmes, sur la montagne qui se
trouvait à gauche, un bois touffu qui nous parut être de très-beaux
pins. Bientôt après nous arrivâmes à Hiladek, après dix heures de
marche’.
•Une heure avant d’arriver à ce village , nous-vîmes les ruines
d’une ville peu étendue, que nous soupçonnâmes d’abord être celle
de Laodicée, Laodicea combusta : elles consistaient en quelques
marbres épars, quelques grosses pierres taillées, quelques restés de
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