dans le parti ennemi, qui le serviraient lorsqu’il en serait tems ; il
connaissait le terrain ; il devait être instruit de tous les rnouveiïïens
de Thamar : tout faisait espérer le succès le plus complet.
Ali-Méhémet, plein de confiance dans ses forces, et rassuré par
le ressentiment que Touéni paraissait éprouver contre son adversaire
, sortit de Bassora avec cinq ou six mille Persans et trois ou
quatre mille Arabes des environs du golfe, et vint joindre son allié
qui l ’attendait à une journée de la ville avec quatre mille Arabes'
montefiscs. Dès qu’ils furent réunis, ils entrèrent ensemble dans le
désert, et sé dirigèrent vers l’endroit où Scheik-Thamar était campé
avec douze mille cavaliers. v
Les deux armées ne furent pas plutôt en présence, qu’elles en
vinrent aux mains. Les troupes d’Ali-Méhémet se battirent d’abord
avec courage ; mais se voyant tout à coup abandonnées par les
Arabes de Touéni, qui prirent la fuite un moment après que l’action
se trouva bien engagée, la peur les saisit, et elles n’opposèrent
plus qu’une faible résistance. Leurs ennemis, au contraire, redoublant
leurs efforts, elles furent battues, dispersées, et obligées de
chercher leur salut dans la fuite. Ali-Méhémet fut tué un des premiers
: un grand nombre de Persans restèrent sur le champ de
bataille. Tous ceux q u i, dans leur fuite, se trouvèrent démontés,
ou qui n’eurent pas la force de suivre leurs camarades, furent massacrés.
Il ne rentra pas à Bassora la moitié de l’armée qui en était
sortie, et tout le bagage, toutes les provisions , tous les chameaux
de transport furent perdus.
A la nouvelle de cette défaite, Kérim donna ordre à Sadek de se.
rendre à Bassora avec de nouvelles troupes. Il lui recommanda de
vivre en bonne intelligence avec les Arabes, et de tâcher même de
les mettre tous dans son parti, afin de pouvoir poursuivre dans
eette contrée les conquêtes qu’il méditait.
: Sadek, conformément aux vues de son frère, ne chercha point
à découvrir si Touéni avait servi les Persans avec zèle et fidélité,
ou s’il les avait trahis : il continua de le voir avec bienveillance ;
il fit la paix avec Thamar, et il assura par ce moyen les subsistances
aux habitans de Bassora.
Il y avait quelque tems que Kérim avait nommé au gouvernement
d’A ster-Abad PIussein-Khan, fils aîné de Mohammed-Hâssân-Khart.
Cë seigneur avait profité de l’absence d’une partie des troupes du
vékil pour se révolter : il était déjà parvenu à entraîner dans son
parti, la plupart des seigneurs de la partie orientale du Mazande-
ran, et menaçait de se rendre maître de toute la piovirtce. Kérim
donna quelques troupes à son frère Zéki-Khan, avec l’ordre d’aller
châtier tous les rebelles , et mettre cette province hors d’état de
pouvoir jamais rien entreprendre contre lui. Zéki-Khan parvint à
battre le rebelle Hussein, et à le faire prisonnier : d le fit cruellement
p érir, ainsi que tous les seigneurs qui s’étaient déclarés en sa
faveur ; mais il laissa vivre Morteza-Kouli-Khan et MoUstapha-
Kouli-Khan , tous les deux frères du rebelle Hussein, attendu
qu’ils n’avaient pris aucune part à la révolte, ét qu’ils avaient fait
au contraire quelques efforts pour l’empêcher. Le premier même
fut nommé par Kérim au gouvernement d’Aster-Abad. Zéki-Khan
retourna à Chiras lorsque tout fut bien tranquille dans le Mazan-
deran.
Telle était la situation de la Perse lorsque Kérim fut atteint tout
à coup d’une maladie qui le conduisit en peu de jours au tombeau.
Il mourut à Chiras le i 3 mars 1779, dans la soixante et quatorzième
année de son â ge, et dans la dix-neuvième de son règne s’il date
du moment qu’il eut détruit Mohammed-Hassan. Il avait perdu,
le 18 juillet 1778, Mohammed-Rasin-Khan, le second de ses fils j
Ce qui lui avait causé assez de chagrin pour altérer sa santé, et
pour lui occasionner peut-être la maladie à laquelle il succomba.
Il en laissait deux autres, Aboul-Fétah-Khan, âgé d’environ trente
ans, et Mohammed-Ali-Khan, qui pouvait en avoir dix-huit ou
dix-neuf.