les armées ; il était, à la tête des troupes quise trouvaient à Chiras ;
il ne lui fut pas difficilesO us prétexté de maintenir l’ordre et de
veiller à la sûreté des princes , de s’emparer de toute l’autorité.
Son premier soin, dès que Kérim eut expiré, fut d’ appeler auprès
de lui le commandant de la garde, pour l ’empêcher de rien entreprendre
en faveur des ïils du défunt. Il lit entrer ceux-ci dans le
harem de leur pè re, et fit mettre une forte garde à la porte ; il
répandit ensuite ses troupes dans la ville, leur ordonna de s’emparer
des portes etrd’aller occuper la citadelle.
Tout réussit au gré de ses’ désirs, si ce n’est que le détachement
qui se présenta à la citadelle en-trouva les portes fermées. Vingt-
deux officiers des plus distingués de l’armée s’y'étaient déjà rendus
avec deux cents soixante-deux personnes de leur suite, et en avaient
pris possession au nom d’Aboul-Fétah-Khan. Ils avaient espéré
d être secondes par la garde du roi et par les troupes ; ils avaient
cru que le peuple de Chiras s’armerait en faveur du fils de Kérim.
Zéki-Khan n’était point aimé ; il passait pouf un homme avare,
cruel et orgueilleux. Les dépenses qu’il faisait depuis quelque tems,
ne pouvaient effacer les mauvaises impressions que sa conduite
antérieure avait produites. On savait que s’il n’avait pas craint le
courroux de son frère , plusieurs fois il aurait trempé ses mains
dans le sang. Les grands ne pouvaient lui pardonner son air hautain
et dédaigneux ; les v$pldats étaient révoltés de son excessive
dureté, et le peuple se croyait offensé du mépris qu’il affectait à
son égard.
Cependant comme Aboul-Fétah-Khan se trouva prisonnier avant
meme qu on se doutât des prétentions de son oncle, personne ne
remua en sa faveur. Zéki-Khan vit même son parti se grossir tous
les jours. L ’or qu’il répandait à pleines mains attira sous ses drapeaux
toutes les troupes qui se trouvaient à Chiras .et aux environs,
et la crainte qu’il sut inspirer au peuple fut si fo r te , qu’on
attendit en silence le résultat de cette lutte.
Zeki-Khan, maître de la personne de son-neveu, avait fait investir
la citadelle, et avait fait occuper tous les postes iinportans
de la ville. La citadelle ne pouvait résister long-tems ; mais il se
voyait obligé de l’assiéger .en règle, ou d’attçndre que les provisions
qu’elle contenait , fussent épuisées ; i l avait d’ailleurs à crain-
dre qu’on ne s’armât contre lu i, dans,les.provinces ,, s’il éprouvait
de la résistance dans la capitale. Ces.réflexions lui firent prendre
le parti d’offrir aux officiers qui s’y étaient enfermés, leur pardon
, la conservation de leur gradé, et même son amitié s’ils lui
remettaient à l ’instant même la citadelle.,11 le tir apprenait qu'Aboul-:
Fétah-Khan était entre ses mains, q u e personne ne s’éfait armé
en sa faveur, que Chiras était soumis, çt que tout l ’Empire allait
suivre l’exemple de la capitale.
Les officiers n’eurent .pas'à délibérer long-tems sur le parti qu’ils
avaient à prendre. Privés de tout secours et livrés à eux-mêmes, ifs
dûrent accepter avec empressement les offres qu’on leujç faisait;,,iis
ouvrirent donc les portes à la garde, que Zéki-Khan y envoya , et
se soumirent sans difficulté à leur nouveau maître; mais dès que
celui-ci n’eut plus rien à craindre de leur part , il les fit saisir , .se
les fit amener, et les fit impitoyablement massacrer les uns après les
autres, en sa présence; leurs cadavres furent |etés sur la place publique,
afin d’iptimider ceux qui pourraient être tentés de se déclarer
en faveur des fils de Kérim;
• Les jours suivans, Zéki-Khan fit périr tous les grands de la ville,
qui lui parurent suspects, ou dont il redoutait l ’influence. Il s’empara
de leurs propriétés, de leurs meubles, de leurs effets, dont il
fit distribuer une partie aux soldats, afin de se les attacher.
Lorsqu’il se vit le maître, de Chiras , il voulut s’assurer, des provinces1;
il expédia, à cet effet, desconriers àtoeuslés gouverneurs,;
pour leur notifier la mort de Kérim,.pour; les instruire .de son élévation
à la souveraineté, et pour les obliger à lui envoyer leur
soumission et les présens d’usage. Ceux qui lui paraissaient suspects
furent destitués, et remplacés par. des hommes dont il se croyait
sûr. L e .gouvernement d’ispuhan, Je plus important de tous , fut
donné à Barstan-Khan, qui s’y rendit aussitôt avec cinq mille hommes
de troupes. Un autre général eut ordre de partir sur-le-champ
pour Yesd avec mille hommes. Ali-Murad-Khanfutenvoyé àTéhéran
a la tête de dix mille hommes, pour s’assurer du nord de la Perse.