conseils et les ruses de Thémistocle ; on voit le Pyrée qu’il couvrit
de vaisseaux. Le peuple qui a pu avoir l’idee de déposer en ce lieu
les restes d’un citoyen long-tems proscrit, mais à qui il devait auparavant
son salut et la plus mémorable de ses victoires, méritait
bien que de grands-hommes occupassent les premières places de la
république, que de grands généraux commandassent les armées.
A u coucher du soleil, le vent d’ouest ayant cessé de souffler, nous
Sortîmes du port et mouillâmes à un quart de lieue à l ’occident-
Le 2 5 , nous partîmes au solpil levant avec le calme. Dès que
nous eûmes doublé , au moyen de nos avirons, le cap qui forme,
de oe côté, la rade ou l ’avant-port du Pyrée, le vent d’ouest se fit
sentir et renforça peu A peu. Nous louvoyâmes quelques instans,
et gagnâmes avec peine le port Phorum , qui se trouve à une liene
Seulement du Pyrée. Il est formé de deux petites anses qui sont,
l ’une à droite, et l ’autre à gauche'd’un rocher qui s'avance dans la
mer. Nous descendîmes à terre , et nous nous amusâmes à chasser
au x lièvres , qui y sont très-abondans- Lâ'côte-est calcaire, inculte,
«ouverte de lentisques, de sauges, de cistes >. £t d’une espèce de
tithymale frutescent {tàihymalits sjpinosa) ■: il y a aussi quelques
pins et quelques térébinthes.
A midi , nous fîmes vo ile , quoique le vent d ’ouest continuât de
souffler j nous entrâmes, en louvo y an t, dans le canal de Sala-
mines nous nous approchâmes d’un très-petit village où l’on a établi
quelques bateaux pour faciliter les communications de cette île
avec les côtes de l ’A ttique, et le soir nous arrivâmes à Eleusis.
Cette v id e , autrefois l’une des plus considérables de l’A ttique ,
n ’est plus qu’un misérable village de deux cents habitans , dans
lequel on voit encore quelques restes du temple dé Cérès, la statué
colossale et mutilée de cette déesse portant une corbeille sur la tête}
quelques tronçons d e -'colonnés, et un aqueduc en partie détruit,
qui amenait les eaux dé la montagne qui se trouve à une petite lieue
vers le nord. Eleusis est bâti au bord de la mer, et au bas d’une
colline sur laquelle on voit encore quelques restés de murs fort
épais-.
On voit au-devant du village deux jetées parallèles qui forment
un port pour les bateaux et les petits navires. Les gros vaisseaux
peuvent mouiller partout dans la rade, attendu que le fond y est
bon , et que la mer n’y est jamais trop fortement agitée.
La plaine a près de trois lieuès de long de l’est à l’ouest, et environ
une de profondeur du nord au sud ; elle est très-fertile et
toute cultivée en grains.
La colline qui se trouve à l ’occident, et sur laquelle la ville se
prolongeait autrefois, est une suite des monts Cérates, qui séparent
la plaine d’Eleusis de celle de Mégare.
Le 26 , nous partîmes avec le calme} mais bientôt le vent nous
vint par rafales des monts Cérates, qui s’avancent jusqu’à la mer.
Lorsque nous les eûmes dépassés , et avant d’entrer dans le canal
qui sépare de ce côté Salamine de la côte de Mégare, nous vîmes
à travers les térres cette ville et sa rade.
Le canal n’a pas assez d’eau pour permettre à un navire un peu
gros d’y passer : nous voyions très-distinctement le fond de la mer
en plusieurs endroits : il est beaucoup plus court et beaucoup plus
étroit que le premier.
Lorsque nous fûmes, sortis de ce canal, nous eûmes vent devant,
et fûmes obligés de louvoyer. Nous apperçûmes pendant long-tems
la ville de Mégare, située sur une éminence au milieu d’une plaine
assez étendue, presque toute couverte d’oliviers. Nous vîmes son
p o r t , qui n’est autre chose qu’une anse où de petits navires viennent
mouiller.
Le vent tomba au milieu de la journée, et parut vouloir passer
au sud. Nous fîmes route au moyen de nos voiles et de nos avirons
; nous passâmes sous les fameux rochers d’où le brigand
Sciron fut précipité par Thésée j ils sont très-hauts, presque coupés
à p ic , et effroyables à voir. Le vent d’ouest, qui souffla de nouveau,
nous obligea à louvoyer jusqu’au soir, et à gagner ensuite, à
la rame, un mouillage sur la côte.
Le 27, nous doublâmes, avec nos avirons, le cap qui nousxépa-
rait de Cenchriès, et nous mouillâmes dans ce port avant le retour
du vent contraire.
Cenchriès, qu’on sait avoir été un dçs deux ports de Corinthe,
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