nous y passâmes. On y cultive aussi des dattiers, des figuiers, des
abricotiers, des grenadiers, quelques pruniers, e tlo r t peu d’oràn-
gers. On y introduit l ’e a u , comme à H it , au moyen de grandes
roues à godets , placées sur le bord du fleuve.
■ Les femmes d’Anah portent une grande chemise blanche ou
bleue , et une robe longue à manches par-dessus. Elles ont une
espèce de voile blanc de coton, qui s’avance un peu au-devant de
la tête, vient couvrir la bouche, le menton, une partie»des joues;
fait le tour du cou , et va pendre derrière les épaules. Elles ont
presque toutes un gland anneau d’or entre les deux narines, et des
mouchetures bleuâtres sur le visxage ; du reste , elles sont très-bien
faites ; leur figure est fort brune, mais leurs traits sont assez réguliers.
Tout le tems que nous fûmes campés sur les bords de l ’Eu-
plu ate , nous vîmes passer au milieu du fleuve des familles arabes
qui allaient faire leur moisson. Le mari, la femme et les enlans
étaient appuyés sur des outres enflées, et se laissaient emporter
par le courant ; ils nagéaient des pieds et de l’une ou l’autre main
lorsqu’ils voulaient accélérer leur marche , ou se diriger à droite
ou à gauche. Les enfans à la mamelle, èt ceux qui n’avaient pas
encore la force et l’adresse d’aller seuls,,étaient liés sur les épaules
de la femme ou sur celles de l’homme. Nous avons vu jusqu’à sept
enfans suivre de'cette manière leurs parens. Les provisions pour
le voyage étaient enfermées dans l’une des outres , et les vêtemens.
étaient liés autour de là tête.--
j. C’était ainsi qu’on nous apportait chaque jour des provisions .de
la ville. Comme nous en étions à deux lieues., et qu’il eût .été trop
fatigant de venir à pied, des hommes remplissaient à moitié une
ou plusieurs.outres, d’abricots, de beurre, de fromage et même de
pain ; iis les enflaient bien , se mettaient sur j l’une d’elles, et nageaient
jusqu’à nous : il ne leur fallait pas une heure pour faire
oes deux lieues. Lorsque les. provisions étaient vendues, ils retournaient
à pied avec leurs outres vides.
„ Les Arabes domiciliés de ces contrées ne connaissent pas d’autre
manière de voyager; lorsqu’ils veulent se transporter à H it, à Hellë
et à Bagdad. En arrivant dans cette dernièré v ille , dont ils se sont
rapprochés par l’Euphrate le plus qu’ils ont p u , et où ils se sont
renclus ensuite à pied, ils vendent leurs outres à cinquante ou â
soixante pour cent de bénéfice; ce qui leur donne le moyen de subsister
en attendant qu’ils se soient procuré du travail.
Ces voyages n’ont lieu que dans la belle saison, et lorsque les
eaux sont basses : il n’y a pour lors aucun danger à courir, puisqu’il
est très-aisé d’éviter les roches, les troncs d’arbres; et tout ce
qui pourrait crever ou endommager l ’outre ; et l ’on sait qu’il n’y
a , sur ce fleuve, ni crocodile ni poisson dangereux. D'ailleurs,
l ’eau de l ’Euphrate , l’été , est beaucoup moins trouble que celle
du Tigre.
Depuis long-tems nous avions remarqué, tant sur le Tigre que
sur l’Euphrate, une grosse tortue que nous n ’avions jamais pu nous
procurer. Comme elle ne venait que rarement à la surface de l’eau,
qu’elle ne montrait que le bout de la tê te, et qu’elle se trouvait
presque touj ours à une grande distànce du rivage , je fus obligé
d’entrer bien avant dans le fleuve, pour l ’atteindre d’un coup de
fusil. Elle est représentée ( p l. 4 1 , fig- 1 et f ig . 2).
Les A rabes la nomment rafcht. Ils prétendent que sa chair n’est
pas bonne à manger, mais que sa graisse est excellente pour guérir
les dartres et autres éruptions cutanées.
La longueur de tout l’animal était de trois pieds. La carapace ou
la partie supérieure du test {fig. 1) avait un pied sept pouces six
lignes de long, et un pied deux pouces'de large. Elle était lisse,
peu convexe, ovale, pins large en arrière qu’en avant, et d’un vert
foncé-obscur. Le milieu était corné , solide, avec les bords latéraux
et la partie postérieure mous et coriaces.
Le plastron ou la partie inférieure du test { fig .'2 ) n’avait que
dix pouces six lignes de long. Il était corné, solide,- et avait, sur
les côtés, un prolongement cartilagineux qui allait joindre la carapace.
La tête pouvait rentrer entièrement dans le test, ou se prolonger
d’un pied ou environ ; elle était terminée en forme de museau.
La mâchoire supérieure dépassait un peu l ’inférieure celle-ci