magistrats. Elle a pour objet de terminer à l’amiable tous les procès,
de faire cesser toutes les contestations , d’écoiiter toutes les
plaintes, de réconcilier tous les ennemis, de prendre connaissance^
en un mot de tout ce qui est relatif aux Grecs de la ville et de la
province ; de prononcer à leur égard telle décision , tel jugement
qu’ils croient convenable ; ce qui n’empêche pourtant pas que les
parties ne puissent en appeler et recourir â la justice turque.
Iéindustrie des Athéniens est presque toute dirigée aujourd’hui
vers la culture des terres : ils font pourtant un peu de commerce
avec Salonique, Smyrne et les ports de la Morée; ils portent quel-,
ques denrées aux îles de l’A rchipel, et se rendent fréquemment à
Constantinople , tant pour y verser les productions de leur sol et
de leur industrie, que pour en tirer tous lès objets qui manquent à
leur ville.
Ils ont douze ou quinze savoneries presque toujours en activité,
et ils fabriquent quelques maroquins rouges pour la consommation,
du pays. Dans la plupart des ménages , on fait des toiles de coton
et soie fort lâches, espèce de gaze à grandes raies , dont les personnes
riches des deux sexes font leurs chemises.
Les terres de l ’Attique sont en général si sèches, si montagneu-,
seS, si peu fertiles, qu’on n’y récolte pas assez de froment pour la
Consommation des habitans : ils en tirent annuellement une assez
grande quantité de la Livadie, pays beaucoup plus fertile et beau-,
coup plus abondant que l ’Attique.
Le vin ne suffit pas non plus : on en tire de la Morée et de quelques
îles de l ’Archipel. Celui qu’on fait à Athènes, est d’une amertume
à laquelle il est difficile de s’habituer : elle provient des pommes
de pin qu’on y met en assez grande quantité après les avoir un peu
écrasées : les Athéniens croient par-là aromatiser agréablement '
leur vin et l’empêcher d’aigrir. Cette pratique qu’on retrouve dans
presque tout leLevant, paraît ancienne, puisque Bacchus est représenté
, dans quelques médailles et sur quelques monuinens, avec un
thyrse surmonté d’une pomme de pin.
L ’huile est la plus importante des productions, et celle qui procure
aux Athéniens les moyens de payer les impôts, et de fournir
à tous les besoins de la vie. On peut en fa ire , dans une année
-d’abondance , environ vingt milje milleroles, mesure de Marseille.
Les récoltes ordinaires sont de sept pu huit mille : il en-passait
autrefois beaucoup à Marseille, où elle était employée aux savoneries.
. , ,
Après l ’huile, on doit citer la garance comme un des produits le
plus important de' l’A ttique : elle est aussi estimée que celle de
Chypre, et aussi recherchée par les Français et par les Italiens.
On recueille, sur les montagnes , une assez grande quantité de
velonée ou cupule du chêne velani, et sur les coteaux, du kermès
ou graine d’écarlate.
Le miel et la cire sont des objets assez importans. Le miel du
mont Hymette a conservé sa réputation ; il passe presque tout à
Constantinople, où il s’en fait une très-grande consommation.
Le mûrier réussit très-bien dans toute l ’Attique : on y en voit
pourtant fort peu , et la petite quantité de soie qu’on se procure,
ne suffit pas aux besoins du pays; elle est très-fine et presque toute
blanche : on l’emploie aux étoffes que nous avons dit se fabriquer
dans les ménages.
Le coton de l’Attique n’est pas si estimé que celui de, Chypre et
dé la Syrie : on n’y en récolte guère que pour les besoins de la
ville.
Depuis long-tems le mont Hymette, le mont Pentelique (1) et la
plaine de Marathon fixaient notre attention. Nous ne voulions pas
quitter l’Attique sans observer les plantes qui fournissent aux
abeilles ce miel délicieux tant vanté par les Grecs, sans voir les
carrières d’où sont sortis tant de chefs-d’oeuvre, tant de beaux mo.
numens; sans parcourir ces lieux où quelques guerriers sauvèrent
leur-patrie du joug qu’un roi barbare voulait lui imposer.
Le mont Hymette , qu’on croirait d’abord, au nom fastueux
qu’on lui donne, devoir porter sa cime au dessus des nuages, n’est
qu’une montagne de moyenne hauteur, sèehe, aride, dénuée de
( i) Les Grecs prononcent Penddique, quoiqu’ils l’dcrivent Pentelique; chez eux
le t , précédé d’une n 7 se prononce en d.
Tome I I I , V v y