des côtes au sud-sud-est. Une chaîne de montagnes nous dérobait
entièrement la vue du promontoire Sunium, mais nous laissait à
découvert l’extrémité septentrionale de Macronisi ou Ile-Longue.
Une belle plaine s’étendait à l’orient du pied de la montagne jusqu’à
la mer, et nous laissait appercevoir le port Panormos', formé de
deux anses réunies ou placées l’une à côté de l’autre, et abritées
par trois rochers qui se trouvent à leur entrée. Une statue mutilée
qu’on voit près du rivage , et qu’on croit représenter Hadrien
tenant un compas à la main, a lait donner à ce po rt, par les Grecs
modernes, le nom de raphti ou de tailleur, sans doute parce qu’ils
ont pris ce compas pour des ciseaux. Plus lo in , à l’est et au nord-
est , l ’Eubée se confondait avec Andros.
Pendant que nos regards se promenaient sur Athènes et sur'son
territoire > ou qu’ils cherchaient à découvrir et distinguer ces montagnes,
ces villes, ces ports, ces promontoires ,-ces îles que l ’histoire
d’un peuple civilisé-et instruit ont rendus très-célèbres, un orage
se formait dans le lointain ; les nuages s’amoncelaient sur le Pen-
telique , et menaçaient de fondre sur nous. Le vent avait soufflé
du sud les jours précédens et durant toute la matinée; nous l’avions
trouvé à l :est au sommet du mont Hymette, et à onze heures il
commença à souffler légèrement du nord, et sembla nous annoncer
qu’il était teins de mettre lin à nos observations, et de chercher un
abri. Nos guides nous dirent qu’il n’y en avait pas de plus à portée
que le couvent de Sériani : nous en primes le chemin et accélérâmes
nos pas. Nous n’eûmes pas le tems d’y arriver, que toute la
montagne fut couverte de nuages, et que la pluie tomba en abon-
dancé; elle dura jusqu’au soir, de sorte que nous ne pûmes remonter
à cheval et nous rendre à la ville qu’à la nuit.
Deux jours après, nous prîmes des chevaux et un guide pour
nous rendre à Marathon : nous longeâmes lé mont Hymette, et
rencontrâmes, à sa partie septentrionale , dans un lieu nommé
Stavro , une colonne encore debout , portant une inscription
grecque, que nous supposâinés bien connue; plus lo in,.en nous
détournant un peu à d roite, nous vîmes, dans les champs, un lion
colossal mutilé.
I
Après avoir marché quelque tems en plaine, en nous dirigeant
à l ’e s t , nous traversâmes des montagnes peu élevées ou collines
tantôt calcaires, tantôt schisteuses ; peu boisées: Nous y vîmes
pourtant quelques pins : le térébinthe , le lentisque , l’arbousier et
l ’andrachné y étaient assez communs. Le laurier-rose , le myrte et
le platane n’y croissaient que dans les endroits un peu humides.
| Nous passâmes près du monastère d’A ou sans nous y arrêter :
il est situé dans ces collines, et appartient aux caloyers du Pente-
lique. Quoiqu’on l’ait abandonné depuis plusieurs années", on voit
encore quelques cultures aux environs , et quelques champs couverts
d’oliviers. Au-delà de ce couvent, nous passâmes un ruisseau
dont l’eau est peu abondante l’été.
Après avoir marché six heures, presque toujours dans la direction
de l ’est et du nord-est, nous descendîmes dans la plaine de
Marathon, ayant devant nous l’île de Negrepont et quelques rochers
répandus dans le canal qui la sépare de l’A ttique.
: Cette plaine n’a guère qu’une lieue et demie de long du nord au
sud, et une demi-lieue de largeur depuis les montagnes jusqu’à la
mer. En nous approchant du milieu, nous vîmes, à peu de distance
du rivage, des marécages parmi lesquels se trouvaient, en
trois ou quatre endroits, quelques restes des tombeaux élevés aux
Athéniens morts à la glorieuse bataille que ce peuple gagna en ces
lieux sur des ennemis dix ou douze fois plus nombreux. On y voit,
encore des tronçons dè colonnes peu épaisses, des amonceletnens
de pierres, des fragmens de marbre et quelques restes de maçonnerie.
Nous; y remarquâmes un chemin pavé , qui traversait ces
marécages.
• Plus loin, vers le nord , s’élève en monticule, au milieu de la
plaine, un tombeau semblable à ceux de la plaine de T ro ie , mais
beaucoup plus petit. Sa hauteur perpendiculaire est de trente-six
pieds : il ne présente rien de remarquable : M. Fauvel y a fait une
fouille- qui ne lui a rien procuré. De ce tombeau on apperçoit plus
au nord un marais assez étendu, vers lequel nous ne jugeâmes pas
à propos d’aller.
Nous revînmes sur nos pas, en nous dirigeant néanmoins vers