Nous apprîmes de ces officiers, que le roi était parti de Téhéran,
vers le milieu du printems: avec toute sa co u r , qu’il avait rassemblé,
dans le Mazanderan une armée dé soixante mille hommes, et qu’il
était entré dans le Khorassan afin de;réunir, ¡cette province à son:
Empire. Ils ajoutèrent qu’il ne trouverait, selon les apparences „
aucun obstacle à ses desseins, et qu’il serait de retour à Téhéran:
vers la fin de l’été.
- Sur ces nouvelles f je :crms que nous nous remettrions en route;
dès que noüs aurions vu le ¡gouverneur y et que nous aurions pris,
quelques jours de repos dont Bruguiere avait le plus grand besoin
pour rétablir sa santé. Je fus enchanté de l’idee d aller dans, leX-ho-
rassan. Je regardais, comme'une circonstance très-heureusq que
le roi se trouvât ’ dans-la province de la Perse, la,,plus iuterqssaiite
et la plus'curieuse à voir yu celle qui fournit, les plantes; les, pliiS|
remarquables, et la plupart des drogues qui nous, ¿viennent de
l’Orient. Ce voyage nous fournissait l’ocpasibq, de traverser h* P£ys
montagneux , très-élevé, qui se trouve au .nord denTeheran.: ; de>
côtoyer la partie méridionale de la mer Caspienne>y,et d’aller,j.usf,
qu’à M esched, Ville considérable;y fréquentée, par lesiOuzt>egS,;les;
Turcomass et une infinité de tribus que nous ne dévions pus ¡espéï
rer de voit à Téhéran. - ,
Quelques jours se passèrent sauscqn il lut rien îutçîo pQiirjiolt'C
dépar-t, et sans que nous eussions pu voir le gouverneur}; il .était
toujours absent. En attendant qu’il retînt y j’interrogeai les chefs
de caravanes y je parcourus la ville,, et je tâchai ¡de vepueilliri suri
la Toute que nous avions à faire, tous ¡lés prenSeignpnmà qu? PWS
valent nous être utiles. On compte de Téhéran à; MpsehedAUp#!^
de cent trente farsengs ou grandes lieues de quatre.milles, L es
caravanes qui marchent bien font ce trajet en vingt-cinq-j ours,} elles
passent par Eiruscuh ,. A chref, Aster-Abad $ Jorjam .Efikrâim.
Il fallait par conséquent, dans la saison la plus chaudèid^j 1annee,,
tfaverseir le Mazanderan, pays basy,marécageux ettrès-inabsain-i _
L e gouverneur ¡étant, rentré le 9 juillet, M-- •.ÇaramuSîcSÇ'.Sa^i.
auprès.de lui pour lui annoncer notre a rrivée,,ét lui faire, part de
l’intention que nous avions de nous rendre qupfes des ¡tninistres
de
de Méhémet, pour traiter de divers objets qui pouvaient intéresser
le roi. M. Caraman devait le prier en même tems de nous dire s’il
fallait aller vers eux ou les attendre à Téhéran.
Le gouverneur répondit que le roi et ses ministres avaient pria
la route du Khorassari 3 qu’il ne pouvait pas nous indiquer, d’une
manière précise, l’endroit où nous les trouverions , puisque l ’armée
décampait tous les jours, et qu’on ne savait pas de quel côté elle se
dirigeait 5 qu’au reste nous étions les maîtres d’aller dans le Klio-
rassan ou de rester à Téhéran} que, dans le premier cas, il nous
donnerait un officier, pour nous accompagner , et que , dans le
second, il ne négligerait rien pour nous rendre le séjour de la ville
agréable.
La réponse du gouverneur au sujet de notre conduite, ne nous
paraissant pas assez positive, nous prîmes le parti de lui adresser
une note, par laquelle nous lui disions qu’envoyés par notre gouvernement
auprès du premier ministre du r o i , nous l’invitions de
prévenir Hadgi-Ibrahim de notre arrivée, et de lui marquer qu’ayant
à traiter avec lui d’affaires importantes, nous nous transporterions
dans le Khorassan s’il en témoignait le désir, ou bien que nous
attendrions son retour à Téhéran s’il le jugeait plus convenable.
Le gouverneur promit d’envoyer sur-le-champ cette nota.
Ce qui nous avait engagé à prendre ce parti, c’est que l’yn de nous
était hors d’état, pour le moment, d’entreprendre un long voyage.
Bien loin de se rétablir par le repos, ainsi que nous l’avions espéré,
Bruguière s’affaiblissait de jour en jour, et son pouls Revenait un
peu fébrile. Dès qu’il avait pris des alimens , il sentait un embarras
dans l ’estomac, un boursoufflement dans tout le canal intestinal, et
quelquefois de légères coliques. La diarrhée, qui ne l ’avait pas quitté
depuis Kermanchah, menaçait de tems en tems de se changer en
dyssenterie. Déjà moi-même j’avais éprouvé quelquefois les mêmes
accidens; mais soit que, plus jeune et plus fortement constitué que
mon collègue, je résistasse mieux aux fatigues de la route et à la
chaleur du climat, soit que je supportasse mieux le mauvais effet
des eaux, qui sont en général purgatives dans toutes les contrées de
la Perse que nous avons parcourues, soit que je me livrasse moins
'î'om.e III. F