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   Nous  passâihes  la  journée  au  bord  d’un  ruisseau,  près  des  
 ruines  d’un village nommé Lenderout : il y  en avait un  sur là montagne  
 ,  dont  on ne  sut  pas  nous  dire  le nom ;  il  était  dominé  par  
 un  château qui  paraissait  assez  fort. 
 Le  19, nous  traversâmes  une  plaine inculte ;  nous côtoyâmes les  
 montagnes volcaniques  que  nous  avions  à  droite ;  nous  entrâmes  
 ensuite  dans une belle plaine très-arrosée  et  en  partie  cultivée,  où  
 nous  vîmes  quelques  villages  détruits,  et  quelques-uns  seulement  
 endommagés,  et nous vînmes lo g e r ,  après  onze heures et demie de  
 marche,  à  côté d’un château nommé Ababé,  placé  sur un  plateau  
 peu  étendu,  peu  élevé ;  il  était  entouré  d’un  mur  très-épais  en  
 terre ,  et  il  avait  quelques  tours.  Nous  n’y   trouvâmes  qu’un  seul  
 homme qui nous parut  dans  la misère  :  nous ne  pûmes  en  obtenir  
 aucune  sorte  de provision. 
 Le  20,  nous marchâmes en plaine  jusqu’à Càchan,  où nous arrivâmes  
 en sept heures et demie.  Chemin faisant nous vîmes quelques  
 villages  détruits.  Les  terres  nous  parurent arrosées  et fertiles. 
 -  Avant "notre départ de Téhéran,  Hadgi-Ibraliim nous  avait  env 
 o y é ,   par son secrétaire,  une  lettre  pour  son  fils,  gouverneur  de  
 la  v ille ,  jeune homme de  dix-huit a  vingt  ans.  M.  Caraman  fût la  
 lui  remettre.  Dès  que  le  khan  eut  jeté un  coup-d’oeil  sur  la  lettre  
 du premier ministre ,  il donna  l ’ordre  par  éc rit,  qu’il nous  fût  délivré  
 ,  tant  à Cachan  que  sur  la  route  jusqu’à  Ispahan,  - ce  dont  
 nous  aurions  besoin  pour  nous  et  pour  nos  chevaux.  Il  nous  fit  
 complimenter  sur  notre  arrivée,  et  nous  fit  demander  si  nous  
 n’avions e u ,  sur notre  route,  à  nous  plaindre  de personne. 
 Nous  fîmes  remercier  le  k h an ,  et  lui  fîmes  dire  que  nous ne  
 ferions  pas  usage  de  l’ordre  qu’il  venait  de  donner,  parce  q u e ,  
 d'après  nos  moeurs  et nos  usages,  nous  ne  recevions  jamais rien  
 lorsque mous n’étions  p is e n  état d’offrir  à notre tour. 
 Nous  séjournâmes  le  2 1 ,  autant  pour  laisser  reposer  nos.  che-  
 YâUxV  que  pour  observer'ce  qu’il  y   avait  de  curieux  .dans  cette  
 tille.¡ Nous  n’en  avions  pas  encore:  vu  en  Perse y  d’aufsi  belle",  
 d-’aussi riche,  d’aussi grande, d’aussi peuplée. Il y  avait, à la vérité, 
 à  peu près un  cinquième  des maisons  qui  se  trouvait  détruit ; mais  
 les  mosquées,  les  caravanserais,.  les  besesteins,  le  palais-royal,  
 tout était en bon état. Les besesteins  surtout y   étaient nombreux  et  
 de  la  plus grande beauté  :  celui qui  est  voisin  de  la  porte  dé Kom  
 est  un  des  plus  longs,  des plus larges,  des mieux  éclairés ;  il n’est  
 occupé  que  par  des  chaudronniers.  Je  ne  dirai  rien  des  caravanserais  
 ,  de  celui  entr autres  qui  se  trouve  près  du  palais-royal  :  
 Tavernier  et  Chardin  en  ont  donné  une  ample  description ;  le  
 dernier en  a même  donné une  bonne  figure. 
 On ne  sait point  à  quelle  ville  de  l’antiquité  Cachan  a  succédé  :  
 les géographes ne  nous  ont  rien  dit  de satisfaisant  à  ce  sujet.  Il  est  
 cependant  tres-probable  que  ce  lieu ,  favorisé  de  la  nature,   situé  
 dans une  belle  plaine  très-arrosée,  très-fertile  et  très-productive,  
 sur  le chemin qui conduisait de Persépolis au nord et au nord-ouest  
 de la Perse,  a  toujours  été  celui  d’une grande  ville. T out ce qu’on  
 sait,  c’est  que  Zobeidah,  femme  de Haroun-al-Raschid,  calife  de  
 Bagdad,  la  fit  batir,  ou  la  fit peut-être  seulement agrandir vers la  
 fin  du deuxième  siècle  de  l ’hégire ,  et que  c’est à Abbas I er.  qu’elle  
 doit  ses plus  beaux  édifices  :  elle a une bonne lieue de  long de l’est  
 à l’ouest,  et plus  de demi-lieue du nord  au  sud ;  eÙe reçoit de l ’eau  
 en  abondance des montagnes qui  se  trouvent  à deux lieues au sud-  
 ouest.  Sa  population,  sous  le  règne  des  Sophis,  devait  être  au  
 moins  de  cent  cinquante mille habitans  :  on  ne  peut  l ’évaluer au-  
 jourd hui à plus de  trente mille.  Elle  est dans  une  belle  plaine,  au  
 33e.  degré  5i  minutes  de  latitude. 
 On  fabrique  dans  cette  ville  beaucoup  d’étoffes  de  soie,  beaucoup  
 de  toiles de  coton  :  on  y   fait  toutes  sortes  d’ustensiles  de cuivre  
 ;  on  y   travaille  aussi  fort  bien  l ’o r ,  l ’argent  et  l ’acier.  Nous  y   
 avons  vu  beaucoup  d’orfèvres,  et nous  sommes  entrés  chez  divers  
 fabricans  de  lames  de  sabre  et  de  cangears. 
 Son territoire produit en  abondance  du  r iz , du eoton,  du  tabac,  
 du  sésame, du froment,  de l’orge, des fruits et des légumes  de toute  
 espèce  :  on  y  cultive  le  ricin,  dont on  extrait  de  l’huile  à  brûler. 
 La  vigne y  est assez commune. Le raisiné  et les  abricots  secs y  sont  
 une  branche  de  commerce  assez  considérable.