vo y an t, ne pouvait douter que le sort de la Perse ne fût bientôt
fixé.
Les calculs que Mohammed-Hassan avait faits sur les forces
d’A za d , étaient parfaitement justes ; mais ceux à l ’égard de Kérixn
se trouvaient fau x , comme on va en juger.
Ce Curde , après la retraite d’A z a d , n’avait pas perdu un moment
pour se procurer de nouvelles troupes : il avait envoyé- un
de ses frères dans le Lorisfan , pour demander du secours^ aux
Zends, aux Bakhtiaris et à toutes les tribus curdes qui habitent
cette province; il en avait fait solliciter à Kaseroun et à toutes les
villes du Farsistan ; il avait parcouru lui-même, durant l’h ive r , le
Kermesir, pour implorer de nouveau l’assistance des Arabes , sans
lesquels il voyait bien qu’il lui était impossible de se remettre sur
pied. Partout on s’était prêté de la meilleure grâce à lui procurer
l ’argent, les vivres et les hommes dont il avait besoin. Les Arabes
qui l ’avaient secouru quelques mois auparavant, prirent de nouveau
les armes, et s’engagèrent à ne pas les quitter qu’ils n’eussent
chassé les Afghans de la capitale, et ne les eussent même obligés
d’évacuer le territoire persan. Mir-Nasr et Mir-Mahenna, deux
frères qui se disputaient la souveraineté du petit district de Bender-
R ik , avaient de même consenti à suspendre leurs querelles , et à le
suivre avec leurs troupes , dans l’espoir que l’un d’eux entrerait
sans trouble dans la possession qui lui était contestée, et que l’autre
obtiendrait le gouvernement d’une riche province.
Toutes les forces de Kérim se trouvèrent réunies à Chiras vers la
fin de l’hiver : elles consistaient en dix ou douze mille Curdes qui ne
l ’avaient pas abandonné, dix ou douze mille hommes de différentes
tribus , que le. Farsistan lui avait fournis, et vingt mille Arabes du
Kermesir. Il les passa tous en revue dans les premiers j ours de mars,
et le i 5 il se mit à leur tête et marcha vers Ispahan.
. | Azad n’attendit pas l’arrivée de ces deux armées ; il évacua promp-
tempnt la ville à la première nouvelle de leur marche, et se rendit
à-Tauris , tant pour se refaire que pour attendre l ’issue du,combat
qui ne , pouvait manquer d’avoir lieu entre les deux ennemis, qui
allaient se. trouver en présence.
Kérim
Kérim arriva le premier : il entra sans difficulté dans Ispahan,
et en prit de nouveau possession au nom d’Ismaël-Chah qui y était
resté sans être inquiété par les Afghans.
Mohammed-Hassan arriva huit jours après ; il établit son camp
à quelques lieues de la ville, et fit toutes ses dispositions pour une
attaque. ^ .
Les Arabes ayaient appris en route la fuite d’A zad , et s’en étaient
réjouis : ils n’avaient montré aucun désir de retourner dans leur
patrie ; bien au contraire, ils avaient continué gaîment leur marche
, et avaient même paru décidés à aller faire la guerre dans
l ’Aderbidjan si Kérim le jugeait à propos. Mais lorsqu’ils virent
qu’ils auraient à faire à un autre ennemi plus puissant, soit qu’ils
en fussent effrayés , soit qu’ils voulussent mettre leurs services à un.
plus haut p r ix , ils demandèrent hautement qu’il leur fût permis de
quitter l’armée, et de retourner dans leurs provinces, attendu que
leur engagement avait fini.
Kérim eut de la peine à les retenir ; il y parvint néanmoins en
caressant beaucoup les chefs , en leur faisant des présens, en leur
promettant des récompenses , en répandant quelqu’argent parmi
les soldats , en persuadant surtout à ceux-ci que les forces de
Mohammed-Hassan étaient inférieures aux siennes.
Dès qu’il crut les murmures appaisés et la confiance rétablie, il
se disposa à sortir de la ville et à livrer bataille ; il savait bien que
les troupes de l’ennemi étaient dans les meilleures dispositions, et
il n’était pas toUt-à-fàit sûr des siennes ; il connaissait les forces qu’il
avait à combattre, mais il jugeait que tout retard né pouvait manquer
de lui être funeëte ; il craignait de ne pouvoir pas retenir long-
tems les Arabes, et il avait l ’espoir qu’ils feraient, dans ce moment,
leur devoir; qu’ils seconderaient ses efforts; qu’ils contribueraient
de tous leurs moyens à le faire triompher. Ce qui le déterminait
d’ailleurs à tenter le, sort d’un combat ; c’est qu’il n’âvait pas de
vivres pour'huit jours, èt qu’il ne pouvait se dissimuler la difficulté
de s’en procurer.
Mohammed-Hassan ayant eu connaissance de la résolution que
Kérim venait de prendre, songèa à. profiter de tous les avantages
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