qui attachaient le peuple au souverain étant rompus, l ’anarchie
fut à son comble. En Jin moment toutes les prôvincés , toutes les
villes furent agitées. La plupart des gouverneurs lirènt des efforts
pour se rendre indépendans •. divers av'enturiers ameutèrent la
populace, en lui faisant accroire qu’ils avaient des droits an
trône.
L ’un d’entr’eu x , sous le nom de Séji-Mirza, fils de Chah-Hus-
sein, fut proclamé roi sur les montagnes qu’occupent les Bakhtiaris
à l’occident d’Ispahan.
. Un Kélander, qui se disait être Abbas-Mirza, frère de Hussein,
était parvenu à rassembler autour de lui un grand nombre de guerriers,
et à se faire un parti redoutable à l ’orient de la capitale.
Dans le Guilan, un autre Kélander , sous le nom A’Ismaëï-
Mtrza , fils de Hussein , obtint d’aberd quelques succès, et fut
d’autant plus dangereux , qu’il était soutenu par tous les religieux
de la contrée.
• • Vérs le golfe Persique, un homme du peuple, sous le nom de
Mohammed-Mirza, autre fils de Hussein , à la tête de quelques
Arabes et d’un parti de Balougiens , s’était emparé de quelques
places fortes. ,
Dans le Farsistan , un ancien gouverneur de Mësched, nommé
Seyd-Ahmed, se disant muni du sceau ro y a l, réunit sous ses drapeaux
un grand nombre de gens de guerre, fut défait par Mahmoud
, et reparut peu de tems après dans le Kerman. Parvenu à
rassembler de nouvelles troupes, il se fit proclamer ro i, et soutint
quelque tems tous les efforts des Afghans.
Mais aucune de ces tentatives pour s’élever au trône ou se faire
un état indépendant ne fut aussi durable et aussi difficile à réprimer
que celle de Mélek-Mahmoud dont nous avons parlé. Gouverneur
de T houn , ville située à trente lieues à l’occident de Hérat, il s’était
révolté avant le détrônement de Chah-Hussein, et s’était ensuite
emparé de Hérat et de tout le Khorassan.
Cependant Tahmas-Mirza, troisième fils de Chah-Hussein, qui
était sorti d’Ispahan pendant que cette ville était bloquée, et qui
avait manifesté l ’intention de lui amener des secours , ne remplit
pas les espérai)ces qu’on avait conçues de lui. Trop jeune pour
inspirer de la .confiance, trop imprudent pour mériter de l’estime,,
trop présomptueux pour suivre de sages avis , il ne put obtenir des:
gouverneurs de provinces l ’argent dont il avait besoin, ni du peuple,
le dévoûment à.sa personne , qui seul aurait suffi pour le faire
triompher. Parvenu à se faire proclamer roi â Casbin après le
détrônement de son p è re , il s’enfuit à Tauris à l ’approche d’un
parti d’Afghans envoyé contre lui par Mahmoud, et il appelle à
son secours les Russes et les Turcs. Par cette démarche imprudente
, le Daghestan, le Chyrvan et le Guilan deviennent la proie
des premiers; la Géorgie, une partie de l’Arménie et.de l’Ader-
bidjàu sont bientôt au pouvoir des seconds.
Mahmoud, en s’emparant du trône des Sophis, se montra pendant
quelques jours supérieur à lui-même et à tous ceux de sa
nation : il procura l’abondance à Ispahan ; il y maintint le bon
ordre ; il y fit régner la justice ; il s’y fit pardonner son usurpation.
Biais bientôt entraîné par une politique atroce et une avarice déplacée
, il fit périr un grand nombre de seigneurs persans, sous le pré- 1
texte qu’ils avaient trahi ou mal défendu leur ancien maître; il
s’empara de leurs biens ; il exigea des habitans une forte somme,
dont il avait besoin pour lever des troupes dans le Kandahar :
bientôt après il ordonna de sang-froid , et comme mesure de sûreté,
le massacre de tous les individus de la ville en état de porteries
armes. La révolte de Casbin contre les troupes qu’il y avait
envoyées, et qui y avaient commis tous les désordres imaginables,
en fut le prétexte ou le motif (î).'Ceux, qui échappèrent à cette,
horrible boucherie, car les assassins se lassèrent d’égorger; ceux;
qui échappèrent, dis-je, eurent ordre de sortir de la ville : on leUr
permit d’aller pleurer au loin la mort de leurs parens, de leurs amis,
et la perte de leurs propriétés (2).
Le moyen auquel Mahmoud eut recours pour remplacer ceux
qu’il avait égorgés ou mis en fuite ne fut pas moins atroce : il arracha
’ (1) Ce fut le 25 janvier 1723. ¡.. a ■ •• . ■ '
(2) Voyage en Turquie et en Perse f par Other y tom. I , pag. 2/3.