r é g lé , et les trois armées étant réunies et bien pourvues de tout y
les quatre frères, à leur tête, prirent le chemin d’Ispahan, où ils
arrivèrent le 22 avril 1786.
Djaffar-Khan en était sorti le 19 ; il ayait évacué cette ville qu’il
n’était plus en état de défendre, et avait pris la route de-Chiras avec
quinze ou dix-huit mille hommes qui lui restaient.
U n autre motif qui le détermina à évacuer Ispahan et à se porter
vers le midi, c’est que Hadgi-Ala-Kouli, gouverneur de Kazeroun,
ville située entre Chiras et Ab ou ch ir , avait profité de son éloigner
ment et du mauvais état de ses affaires, pour arborer l’étendard
de la révolte. Il s’était secrètement lié d’intérêt avec le scheik arabe
Nassir, émir ou prince d’A bouchir, tributaire de la Perse.
Djaffar, rendu à Chiras , se hâta de lever des troupes : il mit la
ville en état de résister à Méhémet si toutefois il se présentait pour
en faire le siège, et marcha contre le rebelle ; il le rencontra près
du village de Desterdgin, le battit , et l ’obligea à prendre la fuite.
Hadgi-Ala-Kouli se rendit quelque tems après à Chiras, sur la
parole qui lui avait été solennellement donnée, qu’il obtiendrait
son pardon s’il venait le demander, et qu’il serait même réintégré
dans son gouvernement s’il faisait de bonne grâce sa soumission ;
mais à peine fut-il arrivé, qu’il fut chargé de chaînes et,enfermé
dans la citadelle.
Cette vietoire.fut doublement-utile à Djaffar : il avait détruit un
ennemi qui pouvait devenir redoutable; il avait confisqué ses biens;
il avait incorporé son armée dans la sienne, et il avait levé : des
contributions à Kazeroun et dans toute la province; ce qui le mettait
en état de résister à Méhémet.
Quant à celui-ci, il perdit à Ispahan un tems infiniment-précieux.
Au-lieu de poursuivre son ennemi , et d’aller l’assiéger à Chiras
avant qu’il eût pourvu de vivres cette place, il s’arrêta pour organiser
les diverses administrations, et pour donner le tems de revenir
à des émissaires qu’il avait envoyés dans le Loristan. Mehéinet avait
à coeur, avant tout, de gagner les tribus militaires qui se trouvent
à l ’occident de la capitale; il avait craint peut-être de se les mettre
à dos en allant à Chiras, ou de se voir couper la retraite s’il était
repoussé. Rassuré à la fin à cet égard, il së décida à aller faire le
siège de cette ville dans le mois de septembre; mais il n’était plus
tems : Djaffar y était rentré avec des forces assez considérables pour
n'avoir rien à craindre. En effe t, après quelques tentatives infructueuses
, Méhémet, voyant qu’il ne pourrait en aucune manière
forcer cette ville à lui ouvrir ses portes, prit le parti de retourner
à Ispahan.
Durant l’hiver et le printeros, Djaffar fit dè très-grands préparatifs
: il porta son armée à plus de soixante mille hommes, et la
pourvut abondamment de Vivres et de munitions de toute espèce j
il en laissa sept ou huit mille à Chiras, et il sortit avec tout le reste,
le ¿5 juin 1787, pour se porter à Yesd, ville assez considérable e t
très-marchande, située à soixante et quinze lieues à l’orient d'Ispa-
han. Yësd ne fit point de résistance, et ouvrit ses portes dès qu’elle
eut l ’assurance que le bon ordre n ’y serait pas troublé. Jaghi-
K h an , à qui elle appartenait, ou qui la gouvernait pendant cet
interrègne, s’était réfugié dans la forteresse nommée Y a f t , qui est
voisine de la v ille , et s’y était mis en état de soutenir un siège,
Cette expédition , que Djaffar sans doute, n’aurait dû entreprendre
qu’après s’être emparé de la capitale et avoir détruit son
compétiteur, n’eut lieu , dâns cette circonstance, que parce que
Jaghi-Khan avait formellement refusé de se déclarer en faveur
d’aucun prétendant, et qu’il entretenait une correspondance avec
lës khans du Kerman et de L a a r , dont l’objet était de se liguer
eittr’eux pour se rendre indépendans. 1
■ - Lorsque les portes d’Yesd lui furent ouvertes, Djaffar promit de
ne pas inquiéter les habitans, et de ne lever sur eux aucune taxe
extraordinaire. Fidèle pendant quelques jours à sa parole, il fit
observer une bonne discipline à Ses troupes , les fit camper hors
des murs, et il ne vint dans la ville qu’avec sa garde, ses ministres
et les seignèurs attachés à sa personne ; il fit inviter les habitans à
se livret à leurs travaux, et fit dire aux négocians qù’ils pouvaient,
sans rien craindre, faire venir des marchandises et expédier celles
qu’ils avaient. Malgré ces assurances, ,il exigea, peu de tems après
et sous divers prétextes ,• de très-fortes sommes , tant de la ville que