s’y exercent avec une activité, avec une ardeur, avec une persévérance
dont les Turcs ne sont pas capables. Le harem du roi est le
foyer de ces intrigues, et les eunuques en sont les agens les plus
actifs comme les plus intéressés.
Les femmes jouent ic i, comme en Turquie, un grand rôle dans
toutes les affaires un peu importantes, quoiqu’elles n’y-figurent
qu’à l’aide des maris ou de leurs eunuques.
' Le Persan , s’il faut le dire, nous a paru un peuple dégénéré,
dont les vices se sont accrus pendant les troubles de sa patrie, dont
les vertus peut-être ne sont auj ourd’hui que l ’apparence de ce qu’elles
furent réellement quand les lois étaient en vigueür, quand les talens
étaient encouragés, quand la probité était honorée, quand le mérité
était récompensé; quand chacun, assuré de sa propriété, pouvait
l ’accroître par un travail honnête.
Le T u r c , au contraire , est un peuple nouveau qui a toute la.
grossièreté, toute la rudesse, toute l’ignorance de celui que la civilisation
n’a pas po li, que l’instruction n’a pas rendu meilleur. Avec,
un gouvernement habile et.bien intentionné, les Persans reconsr
trairaient leurs villes, rétabliraient leur commercé, reprendraient
leur industrie, répareraient les dommages que leur agriculture a
soufferts. A v e c u n . gouvernement vigoureux, actif et intelligent,
le Turc ferait peut-être encore une fois trembler l’Europe.
Après avoir exposé le plus succinctement qu il nous a été possible
, les moeurs générales et le caractère national des deux peu-
pies, qu’il nous soit permis d’entrer dans quelques détails à 1 égard
des usages.
Les présens sont encore plus communs en Perse qu’en Turquie..
On ne se présente jamais devant le ro i, on né sollicite jamais une
g râ ce , une faveur auprès d’un grand; on n’aborde pas même ses
égaux pour traiter de quelqu’aifaire d’intérêt, qu’on ne se fhsse
précéder ou accompagner d’un présent proportionné au rang de
la personne qui se présente, ou à l’importance de la faveur qu on
va solliciter. . . .
Il est vrai que l’usage oblige en même tems celui qui reçoit un
présent, d’en rendre un autre ; mais à cet échange, le plus puissant
P doit
doit gagner le déouple, à moins c(ue., par. orgueil ou par ostentation,
il ne veuille surpassér: l’autre en générosité ;> ce qui est très-
rare, si ce n est à 1 égard des étrangers et des ambassadeurs.-
Les juges se conduisent différemment : ils en reçoivent des deux
parties, et ii’en rendent point à leur tour,;;ils croient faire assez
pour 1 une en lui faisant gagner-son procès ,.et pour l’autre en ne
la condamnant pas avec plus de rigueur,. jft
Il y a bien plus de luxe eii Perse qu’en Turquie ; par cela seul que
la civilisation y est plus avancée : ce luxe consiste, dans les deux
États , moins dans l’ameublement de sa maison ét les mets qu’on y
apprête, que dans les-¡habits.-et la parure;qU’on po rte , dans le
nombre-des femmes et dés esclaves:que l ’on entretient, des domestiques
que l’on a à son service, des chevaux que.l’on nourrit.
Les maisons des Persans sont en général plus vastes que celles
des Turcs : elles sont distribuées avec plus' de goût, plus d’élégance,
plus de commodité ; elles ont plusieurs corps-de-logis d’une architecture
simple et régulière. Si ,1e local ne permet pas d’avoir un jardin,
il y a du moins, une cour où .sont plantés quelques arbres. Les
riches ont presque toujours des fontaines ou des jets d’eau dans
leurs salons pour s’y procurer de la fraîcheur.;
L ameublement est. fort simple : il consiste en un double tapis
sur le: plancher de toutes les chambres que l ’pn habite, et en un
divan ou sopha peu élevé, ¡placé tout autour. On m e t, le so ir , sur
le tapis ou sur le divan,; des ¡matelas peu épais:, de laine ou de coton,
.sûr lesquels bn- couche., et. qu’on enferme le . jour dans des
armoires. -Le; premier' des tapis qu’on met sur ¡le plancher, est un
feutre fort épais et assez fort ; le second est ce que nous connaissons
sous le nom de tapis dePer.se. Souvent on ne met que celui
de feutre non en fabrique à cet effet de très-fins et de très-beaux.
J’eii ai ,parlé à la fin du chapitre III.
Pour ce qui regarde l ’habillement (p l. 34, f g . 2) , il est moins
ample, moins compliqué que celui des Turcs. Le caleçon, qut est
ordinairement en soie ou en coton, descend jusqu’au bas delà jambe ,
et ressemble à nos pantalons un peu larges ; il se noue aù dessus
des hanches, au moyen d’un ruban qui passe dans une ¡.coulisse.
Tome I I I . q