Effectivement, Nadir ayant soumis on détruit les Afghans qui
s’étaient révoltés, part de Mesched et prendlà route d’Ispahan, où'
il arrive vers la fin d’août 1732 ; il campe avec son armée près de
la v ille , invite le roi à une fête qu’il veut lui donner , se saisit de
lu i, le dépose, le fait enfermer à Mesched, place sur le trône un
fils de Tahmas, âgé de huit mois, et se fait déclarer régent, sans
trouver la moindre opposition , sans exciter le moindre murmure
ni dans l ’armée ni dans la ville.
Après cet événement mémorable , Nadir fait la paix avec les
Russes, et marche contre les Turcs. Il bat plusieurs fois le pacha
de Bagdad;.il estensuite battu près de cette ville par Topul-Osrnan,
séraskier de l’armée turque; il trouve le moyen de réparer ses perte
s ; il bat à son tour Topai-Osman, le tue, met une seconde fois
le siège devant Bagdad ; mais il est obligé de revenir en Perse pour
s’opposer arux entreprises de Mohammed-Khan , Balouge (*)-, qui
avait levé une armée et se disposait à remettre Chah-Tahmas sur
le'trône. A son approche l ’armée de Mohammed se dissipe. Nadir
marche de nouveau contre les Turcs, leur prend Erivan, Tifïlis et
tous les pays qu’ils avaient conquis au nord-ouest de la Perse.
Enflé de ses succès, Nadir ne met plus de bornes à; son ambition
; il avait fait l’essai de son pouvoir en déposant Chah-Tahmas,
et en mettant un. enfant à sa place ; il avait reconquis tout l'Empire
et appaiséftous les-troubles civils;, il était à la têted’une armée
dont tout lui assurait le dëvoûment : les chefs des administrations
et les gouverneurs des provinces lui devaient leur place et leur
fortune ; le peuple, opprimé par les Afghans, les Turcs et les Russe
s , le regardait comme son libérateur, et l’élevait au dessus des
mortels : cet homme, en un mot, à qui rien n’avait: jusqu’alors
résisté, pouvait bien, sans crainte:, monter sur un trône dont il
disposait depuis qu’il en avait fait descendre Echeref.
i; Cependant; comme en Perse le peuple a une sorte d’idolatrie pour
se9 refis, comme il y adanscet Empire , par l'effet de l ’habitude et
( 1 y l l commandait: le ceiifié ¿te l’armée lorsr|we Chah-Talimus, (jni commandait
l’aile gauclie, fut battu a Kerdékan.
des
des préjugés, un .espace immense entré les membres dé la famille
royale et lès sujets ipême les plus .riches et les plus vénérés,; Nadir,
tôiit-puifesant: par lëefAit, ne; pouvait-se, fàireidëGkrer.mÉfijuI ne
pouvait ceindre le diadème qui Appartenait à la familletiesSophis,
sans faire oublier à l ’instant tous les services qn’il avait rendus*
sans être regardé comme un usurpateur. ; : ■
- Il sentit bien que; pour être fëeUfemént roi , il lui fallait lé'voeu
appâtent de la nation ;.il fallait faire approuver son usurpation par
les députés du .peuple eÇ de; l ’armée; il fallait surtout que; les chefs
de la religion sanctionnassent un acte regardé sans cela Comme
illégal. ; ; -
En conséquence de.cette résolution, Nadir vint camper, en janvier
1735 (1) , dans leè vastes plaines du Mogàn, près du confluent
du Kur et ,de l’Araxe, ;et envoya l ’ordre aux mollas, aux grands
de 1 Empire , aux chefs de tribus, aux gouverneurs dés prôvinCes
et à tous ceux qui occupaient de grands emplois, de se rendre à
son camp pour y délibérer sur les affaires les plus importantes de
l ’Empire.
■ Les députésétarit tous arrivés , Nadir se présenta à'euxsous l ’ap-1
pareil imposant du fastè et de la puissance; r son camp: Avait étéy.
comme par enchantement;, transformé en.une; ville; il offrait tour
le luxe et toutes les superfluités; d’une; cité opulente. Doujae mille
ouvriers avaientfité employés , pendant'plusieurs mois, à construire
dés salles de bains; dps mosquées,.dés besésteins, dés places
pour la course des:chevaux, un vaste èt magnifique Sefrail p o u r
Nadir, ét des maisons commodes èt élégantes; pour tons;'les d é - :
putës (2). :
, furent assemblés, Nadir leur parla des înalhéurs clé ;
1 Etat ; suite inévitable de. l’incapacité, dé la faiblesse et de l ’inclb- ;
lehcé dë ses derniers rois ;. il jeür étala le nomhreidë fees victoires, 1
leur rappela la nécessité' i où il .«’était: trouvé de; déposer Chahv;
(!) En 1.48 de l’hégire; Histoire do Nadir-Chah , 2'. partie, pàg. 3. _ Ce lut -
eiu-vant Otlier, en 1736. Voyage,en Turquie et en Perse , tom. J , pag. 3a7v ’
(2) Histoire de NüïfiV, tradùiteidu persan, a’ -.partie rpaa. 2. ' . . ItO (
Tome II I. E e