Mais l'architecture, plus simple, plusélégaute, mieux ordonnée
que chez les.Turcs, est tout-à-f'ait adaptée au climat. Les plafonds
et les dômes sont d'une recherche, d’un fini , d’un précieux, d’une
richesse qui étonne. On: y a prodigué les orjiemens. L ’architécte
européen trouverait sans doute à redire qu’oh-eût ;mis dans les plafonds
d’un palais,(plus de travail, plus de, dépense que dans tout le
reste de l ’éflifice : i’architecfe persan , à son tour, reprocherait à
l ’Européen de sacrifier :trop souvent la commodité du dedans à la
décoration du dehors, et surtout de dépenser vingt fois plus que
lui-sans que nous soyions pour cela mieux logés.
Les Persans ont poussé fort loin l’art de faire lesivoûtes. Le bois
étant rare et très-chef, ils ont dû s’en passer et recourir à une manière
de bâtir tout-à-fait différente de celles que nous connaissons,.
Leurs maisons, élevées tout au plus de deux' étages, sont toutes
bâties en terre. Leurs toits Sont voûtés; leurs planchers lè sont
aussi, et il n’entre dans leur construction, non plus que dans belle
des.murs, ni bois, ni fer:, ni rièn de solide pour lier le tout ensemble.
Us.emploient, pour les gros murs, des cubes dé terre, et , pour
leurs planchers et leurs murs intérieurs,Ides briques cuites aû feu
pu simplement durcies au soleil. Le dessus des maisons est toujours
en terrasse : pour le garantir de la pluie,, on1 y passe^plusieurs couches
de chaux et de plâtre que l’on bat fortement : dans quelques
lieux-, on emploie.le 'bitume minéral, mêlé avec de la terre! §1t L
Les. cubesr dont on se sert pour les rimrs,sont faits de terre a rg ileuse
qu'on et qu’on mélange ensuite avec de la paille' hachée.
Onleur dpqne les dimensions qu’on veut dans des moules;, etion.les
laisjse [Séqher, avant de dés, employer. Ils sont liés. entr’eux avec la
mênie; argilq qui fe ser.yi ¡à les fa ire, .ef quelquefois on tplaee, entre
chaque assise de, Cubes , unefou ¡deux rangées de briques dulrcies aû
soleil. Ces briques ne diffèrent pas dés cubes quarit à la matière i on
a seulement .choisi une terre plus , pure-, moins sujète à se fendre en
séchant. Quelquefoàsilé, mur qst entièrement construit avec ces briques
; il a plus de solidité,, mais, la'dépense est un peu plus'forte.
.Paps.I,’un q^I’gutre cas* il est revêtu, tant au dehorsqu’aiudedans,
d’une fo^te couche, de; chaux ou de plâtre, ii - if.
Dans
Dans les édifices publics et dans les palais des rois, on a généralement
employé des briques Cuites au feu , et quelquefois de très-
bomfes pierres de taille.
Les dômes et les minarets des mosquées, divers palais et divers
édifices publics , sont revêtus de briques en faïence, diversement
coloriées; ce qui lait un très-bel effet, et les préserve des influences
de l’air.
La peinture est encore au berceau : les Persans n’ont fiait aucun
progrès dans cet a rt, soit que la religion de Mahomet, qui défend
la représentation de figurés humaines, en soit la cause-; soit que le
génie persan ne se soit jamais dirigé vers cet objet. A in s i, à proprement
parler, il n’y a pas de peintres en Perse, à moins qu’on ne
veuille prendre pour tels ceux qui font, pour quelques sous, sur
le papier et à la gouache, des fleurs, des animaux, des figures humaines;
ceux qui représentent des obscénités, ou ceux qui appli-
quent-des couleurs sur les murs, sur divers ustensiles, ou qui les
placent sur la porcelaine, sur la faïence ou autres sortes de poteries.
Les grands tableaux qu’on voit dans les palais des rois à Ispahan
et ailleurs, ont été faits par des Européens : quoiqu’ils soient très-
mauvais, je ne crois pas qu’il y ait des artistes en Perse, qui pussent
en approcher. En général, leur manière de faire ressemble un peu
à celle des Chinois : leur dessin est très-incorrect; ils ne connaissent
pas la perspective; ils ne savent pas employer les ombres ; les figures
qu’ils fo n t, sont mal disposées, mal groupées ; les arbres mal rendus,
mal feuilles. Cependant on voit sortir de leurs mains des ouvrages
assez jolis; ils peignent assez bien les fleurs et les oiseaux
de fantaisie ; ils réussissent dans les arabesques 5 ils emploient très-
bien l’ o r ; ils font de très-beaux vernis; ce qu’on ne voit pas en
Turquie.
Les couleurs que les Persans emploient, et qu’ils font eux-mêmes,
qnt tout l ’éclat, toute la solidité qu’on peut desirer.,Ce sont eux
qui nous ont fait connaître l’outremer : le lapis-lazuli, d’où cette
couleur est tirée, est abondant sur quelques montagnes du Kho-
rassan.
Tome III. y