fort serrée j l’horizon ne présentait encore ni montagnes ni collines.
, Nous campâmes à deux ou trois cents pas d’un autre ra v in , et
à deux milles de quelques marécages produits par les eaux de
l’Euphrate. Rahalféh ou R ahabed , ville autrefois de moyenne
grandeur, nous restait à trois milles au nord-ouest ; nous y allâmes
dans la soirée : elle n’a plus que des ruines inforjnes, et les restes
d’une forteresse qui nous parut avoir été très-considérable. Le
fleuve se trouvait à plus d’une lieue de distance, et Kerkisiéh, selon
nos guides, était à trois lieues de notre camp vers le nord.
Depuis A n ah , nous avons presque toujours marché dans la direction
du nord-ouest, sans jamais nous éloigner beaucoup du fleuve;
les trois dernières journées seulement nous avons été droit au nord.
Ainsi, il nous a paru que l ’Euphrate ne se recourbe pas autant
qu’on le voit sur les cartes de Dan ville, ni autant que sur celle que
nous avons publiée ; car si cette grande courbure qu’on voit à l ’oo-
cident d’Anah existait, nous aurions dû nécessairement marcher
pendant quelques jours dans la direction de l’ouest et du sud-ouest.
La courbure que le fleuve fait à Hit, ne doit pas être non plus aussi
grande qu’on l ’a tracée sur notre carte. Cette ville doit être remontée
et placée au 33e. degré 25 min. de latitude, et au 4°*^ et 12 de
longitude.
Le 2i_, nous quittâmes le fleuve , et nous nous dirigeâmes à
l’ouest. Nous marchâmes huit heures sur un terrain u n i, très-
propre à la culture, et nons campâmes près d’un puits dont l ’eau
était si saumâtre, que les Arabes mêmes ne voulurent pas en boire :
on y abreuva pourtant les chameaux et les chevaux. On distribua
à toutes les personnes de la caravane, de l ’eau de l ’Euphrate, qujon
avait portée, dans des outres , et dont on avait fait grande provision
, parce que n ou s;ne devions en trouver de bonne qu’à
Taïb.
; Les gerboises, les lièvres, les gazelles, les autruches, les alcatas,
se montrèrent ce jour-là en pins grand nombre qu’à l ’ordinaire. Les
premières rentraient dan 5 leurs terriers dès qu’il faisait un peu chaud ;
les lièvres nous partaient à chaque instant des pieds ; on en tua
plusieurs
plusieurs en lançant après eux des bâtons. Les gazelles étaient par
troupes de quinze , vingt ou trente, et se laissaient quelquefois
approcher presqu’à portée de la balle. Quant aux autruches, elles
se tenaient à de très-grandes distances j à-peine les appercevait-on,
dans le lointain. Nous ne parlerons pas des alcatas ; nous les avons
toujours vües par milliers';
Nous étions entourés, à ce puits , d’Arabes pasteurs de la même
tribu que la horde précédente, et nous avions devant nous, c’est-
à-dire , vers l’occident, une montagne que nous appercevions à
peine. ,
Lé 22, il y eut séjour , et le 23 nous marchâmes six heures et
demie. Le terrain fut à peu près le même que celui de la veille , et
tout aussi peuplé d’animaux. Il nous parut pourtant quelquefois un
peu moins bon; c’était aux endroits où le gypse se^montrait à la
surface. Nous campâmes près d’un puits dont l ’eau était encorè plus
saumâtre que celle du 21. ,
Le 24, il y eut encore séjour, et le 25 nons marchâmes pendant
neuf heures et. un quart sur un terrain semblable à celui des jours
précédens; il devenait seulement un peu moins uni à mesure que
nous avancions , et l’horizon était borné par de petites collines.
Nous laissâmes , à deux ou trois lieues à droite, la montagne que
nous avions apperçue du premier puits.
Quoique nous nous fussions un peu élevés, ét que nous nous
fussions avancés de plus d’un degré vers le nord, la chaleur devenait
tous les jours plus forte ; elle nous parut excessive ce jour-là.
A peine pouvait-on, sous la tente, toucher à des métaux, tant ils
étaient brûlans. Le vent même, qui soufflait, comme à l’ordinaire,
du nord-ouest ou de la Méditerranée, fut aussi chaud, depuis dix
et onze heures du matin jusqu’au soir, que s’il fut sorti d’une fournaise
ardente.
Notre dernier thermomètre avait été cassé durant notre Séjour
an premier puits de la Mésopotamie, de sorte que nous ne pûmes
connaître exactement depuis lors, le degré de chaleur que nous
éprouvâmes dans le cours de ce voyage, mais nous ne l ’avons pas
évalué à moins de 3o degrés-du premier puits à A n a h , de 3z et 33
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