la montagne ; nous vînmes passer près du village de V ra n a , que
nous laissâmes à gauche, et nous entrâmes dans un vallon large
de trois ou quatre cents p a s , où l ’on présume que s’engagea la
bataille à jamais mémorable des Athéniens contre les Perses. A u
fond de cette vallée, qui n’a guère plus d’un mille de long, et là
où le terrain commence à s’élever, on voit les restes d’un mur de
retranchement, et ceux d’un temple qui y fut sans doute bâti après
la bataille : nous vîmes un peu plus loin une statue entièrement
mutilée. Le camp se prolongeait sur la pente de la montagne, et
était entouré d’un mur en pierres sèches , dont on suit encore les
traces. Sa situation était telle qu’il ne pouvait être attaqué que par
le vallon dont nous avons parlé.
Un peu au-delà de ce camp retranché vers le nord-ouest est un
autre vallon dans lequel nous descendîmes : nous marchâmes pendant
une demi-heure près d’un ruisseau dont les bords étaient
couverts de lauriers-roses, de myrtes , de clématites ; nous passâmes
près d’un moulin à farine, et nous entrâmes dans le village
de Marathon.
L ’eau de ce ruisseau est assez abondante, dans toutes les saisons
, pour fournir aux besoins des habitans ; elle arrose quelques
jardins autour du village, et va ensuite fertiliser les champs qui se
trouvent au dessous.
• Marathon est à trois milles de la mer , et à l’extrémité de la,
plaine qui porte son n om, ou pour mieux dire, il est situé dans un
vallon qui aboutit à cette plaine : on n’y compte pas aujourd’hui
plus de cent habitans.
Nous passâmes le reste de la journée dans un jardin , à l ’ombre
d'un très-grand mûrier. On nous y fit faire assez bonne chère , et
on nous apporta , pour la nuit, de la paille fraîche sur laquelle
nous couchâmes.
L e lendemain, à la pointe du jour , nous montâmes à cheval,
et vînmes passer le long du ruisseau par lequel nous étions arrivés
la veille. Au fond du vallon , et fout au bas de la montagne , il y
a une tour ronde qui ne nous a pas paru ancienne ; un peu au
dessus il y a une grotte profonde et spacieuse, dans laquelle nous
entrâmes ; elle n’of&e rien de curieux que des stalactites de diverses
formes.
A u sortir de cette grotte, qu’on croit avoir été consacrée au dieu
P an , nous montâmes, par de très-mauvais chemins, sur des montagnes
calcaires; nous en traversâmes d’autres qui étaient schisteuses
, sur lesquelles nous vîmes quelques cultures : les blés, sur
ces hauteurs, étaient encore sur pied, tandis qu’ils étaient coupés
depuis plusieurs jours dans la plaine d’Athènes, Après trois ou
quatre heures de marche, nous nous arrêtâmes quelques instans
près d’une source abondante, nommée Cephalaris, qui se trouve
à côté d’un village dont nous avons oublié le nom : de là , prenant
a gauche, nous vînmes, en contournant la montagne, au monastère
du Pentelique, Le prieur, pour lequel M. Gaspari nous avait
donné une lettre , n’y était pas ; mais les autres caloyers nous
reçurent très-bien, et nous offrirent à dîner.
Pendant qu’on le préparait, noUs allâmes voir les carrières de
marbre qui se trouvent à demi-lieue du couvent. Le sentier qui y
conduit, est rude et scabreux; il e s t bordé de cistes, d’arbousiers,
d’andrachnés, de chênes kermès, de genêts : le terrain est schisteux
, micacé jusqu’aux environs de la carrière. Le banc de marbre
qui pose immédiatement sur les schistes, est blanc, et d’un grain
assez fin; il a servi, non-seulement aux colonnes et aux divers
monumens d’A thènes, mais encore aux statues : on devait cependant
préférer, pour celles-ci, le marbre de Paros, comme plus fin
et plus beau.
L ’exploitation de celui du Pentelique s’en est faite en différens
endroits , à bânc ouvert : on a aussi pénétré dans la roche , et
formé des galeries dans lesquelles on peut encore entrer , et qu’on
peut parcourir dans une grande étendue ; elles offrent partout des
stalactites dont la forme varie à l ’infini. L ’entréè est vaste : on y
a construit une église où les caloyers du Pentelique viennent quelquefois
célébrer la messe.
Il y a dans ce monastère près de cent caloyers qui se livrent tous
à la culture des terres , à l ’éducation des troupeaux, à celle des
abeilles. Ils ont de très-vastes propriétés, tant sur la montagne,