L a rhétorique ou l’art de bien parler, de s’énoncer correctement
, d’écrire purement et en termes choisis, de remplir un discours
d’antithèses, de figures, d’hyperboles, d’épigrammes, de jeux
de mots, d’ironies, est.l’étude à laquelle le plus grand nombre
d’entr’eux se livre une partie de la vie.
Ceux qui veulent être initiés dans les hautes sciences, s’appliquent
ensuite à la philosophie, qu’ils divisent en physique, métaphysique
et morale.
L a physique comprend les mathématiques et la médecine ; la
métaphysique renferme la théologie e.t'la jurisprudence, ou tout ce
qui est relatif aux lois du prophète et aux commentaires qui en
ont été faits. La morale ou la doctrine des bonnes moeurs est regardée
comme le complément de la bonne éducation : elle est toute en
maximes, en sentences, en proverbes, en apologues, en récits historiques,
et presque toujours écrite en vers. C’est pour cela que
l ’étude de la poésie accompagne ordinairement celle de la morale.
Les Persans qui n’étudient que, pour s’instruire , parcourent , autant
qu’ils le peuvent , toute la sphèrq des connaissances acquises
dans leur pays, : aucune science ne doit leur être étrangère j mais,
ceux qui ambitionnent des places ou qui visent à la fortune, s’attachent
plus particulièrement à l’étude des lo is , à. l'astrologie ou à
la médecine.
La première les conduit aux dignités religieuses, aux places- de
juge , de daroga, de divan bequi ou ministre dé la justice, à celle
d'athemat ed dewlet ou premier ministre du r o i , de mutévelli ou
administrateur des revenus des mosquées, des collèges et de toutes
les fondations pieuses; enfin à celle: de professeur dans un m a - ,
dressé.
En Turquie, ainsi que nous l’avons, dit, les gens de loi forment,
sous le nom d'ulema, une corporation dans laquelle on n’est reçu
qu’après une longue étude du Coran et de ses commentaires, qu’après
avoir subi des examens et avoir passé par divers grades. En
Perse, ils n e forment point une semblable corporation; ils sont pris
indistinctement dans la classe des hommes consacrés à l ’étude , et
sont nommes par le roi sur la présentation du divan bequi,'
On nomme mollas , en Turquie; ceux qui occupent les premières :
dignités religieuses et judiciaires : en Perse on désigne par ce titre;
des hommes entièrement consacrés à l ’étude de la jurisprudence ,
de la morale et de la théologie. Ils n’ont, comme tels, aucun caractère
public; mais ils deviennent, ou juges, ou administrateurs, ou
ministres immédiats de la religion, ou professeurs. Il y a pour e u x ,
dans toute la Perse, un grand nombre de bénéfices ou de fondations
, qui ne les obligent à autre chose qu’à aller tous les vendredis
dans une mosquée, lire le Coran et en interpréter les passages obscurs.
La plupart des mollas, qu’ils aient des bénéfices ou non, sont
des jurisconsultes qui donnent gratuitement leurs décisions , en
matières civiles et religieuses, toutes les fois qu’ils sont consultés
par des hommes en place, par des juges ou par de simples particuliers.
Les grandes dignités religieuses diffèrent peu de celles qu’on con-.
naît en: Turquie. La première est celle de sèdre ou grand-pontife,
chef suprême de la religion , et surintendant-général de tous les.
biens consacrés au culte. Cette place, donnant à un sujet trop de
crédit et trop, d’influence sur l’opinion, a été divisée : on a depuis
long-tems nomme deux sèdres ; Tum est resté chef suprême de la-
religion, comme le muphti de Turquie ; l’autre a été chargé, comme
le kislar-aga, de la surin tendance de ,tous les biens consacrés au
cu lte , aux collèges, aux. bénéfices , aux fondations pieuses. La
seconde dignité est celle de scheik-islam on juge'suprême de toutes
les causes civiles; la troisième est celle de casi oti de-premier magistrat
civil ét religieux ; la quatrième enfin est celle de mupkti -Ou
interprète suprême de la (religion1.;’> ( i «îraT fis ar.q
< Les ministres du culte 'sohedes mêmes’ qu’en’Turquie ’; ilsSônt’
mariés, et ils peuvent, quand ils T e jugent à propos,' quitter leur
état pour en prendre un autre. : iijjm
s Quant à l’astrologie, c ’est laescience p a r excellente; ..’il’m’y a pas
un seigneur qui'n’ait des-astrologues’ auprès de lu% pas un particulier
qui ne'les-consulte'dans tonteè lés (-grandes1 entreprises.’C’ést
aujourd’hui la profession la plus lucrative et là plus considérée; Les
derniers Sophis en avaient un très-grand nombre. Chardin fait