s’offrit à nous. Les précipices, les gorges, les lieux inaccessibles ,
lés rochers comme les pelouses et les endroits &rros<£s y tout était nu y
tout était dépouillé.
Les neiges disparaissent, au milieu de la montagne, vers la lin
de mars, et l’ on n’en voit plus en aucune part dès la lin de juin ou
le commencement de juillet.
Ce que nous observâmes de plus intéressant, c ’est que la plaine
d’Amadan est à la même hauteur, ou à peu près, que celle de Ken-
gaver ; c ’est que l’Elvind qui les sépare, et qui s’étend considérablement
au nord et au midi, a une pente égale des deux côtés. La
forme et l ’élévation que présente cette montagne, sont à peu près
les mêmes partout. Les eaux de la partie occidentale sont versées
dans le Tigre j celles de la partie orientale , moins abondantes, se
perdent dans les plaines, ou sont employées à Parrosement des
terres.
C H A P I T R E III.
Départ d ’Amadan. Taillages détruits sur la route. Arrivée
à Téhéran. Séjour. Difficulté d ’obtenir une maison.
Conduite d ’un ju g e . Vis ite au gouverneur. Résolution
d ’ aller s’établir à la campagne. Description de Téhéran.
N o us partîmes d’Amadan le 22 juin 1796, après midi, avec une
caravane composée de dix servadars (1) et d’une soixantaine de chevaux
chargés de comestibles pour Téhéran. L ’air était calme, et
la chaleur si forte , qu’un négociant _ arménien un peu replet fut
attaqué, à une lieue de la ville , d’une apoplexie sanguine dont il
mourut sur-le-champ ; il était monté à cheval au sortir d’un repas
que lui avaient donné ses amis , et dans lequel sans doute il avait
bu outre mesure d’un vin blanc très-spiritueux que font les Arméniens
dans ce pays. On le transporta à Amadan, et nous continuâmes
notre route. Nous fîmes quatre lieues et demie, et nous
nous arrêtâmes à une prairie naturelle fort étendue : l’herbe était
haute et de la meilleure qualité. Nous vîmes, dans la plaine, plusieurs
villages dont quelques-uns étaient fort endommagés, et les
autres entièrement abandonnés.
Après nous être reposés quelques heures et avoir fait paître nos
chevaux, nous continuâmes notre route, et nous vînmes camper,
le 23 au m atin, après neuf heures de m arche, près d’un ruisseau ou
canal dont les bords étaient ornés de réglisses, de sophores, de
rosiers et d’un grand nombre d’autres plantes en fleur. Cette journée
fu t , comme la précédente , très-chaude, parce que l’air ne fut
rafraîchi par aucun vent. La santé de mon collègue en souffrit
(1) C’est ainsi qu’on nomme les valets qui conduisent, dans une caravane, les
b&tes de somme.
E 2