CHAP ITRE XX.VlII.
D e s c r ip tio n d e V ile d e C o r fo u . D é p a r t su r la fr é g a t e la
B ru n e . C ou rse à B u tr in to : rem a rq u es su r le s o l e t ,le s
en v iron s d e c e tte -v ille . A r r iv é e à A n c é n e . M a la d ie e t
' m o rt d e B ru g u iè r e .
L ’ îxb de Corfou était au pouvoir des Français lorsque nous y
abordâmes, et était devenue le chef-lieu d’un des trois departemens
que l’on avait formés sur la mer Ionienne- t e s Vénitiens, à qui elle
appartenait auparavant, et qui la regardaient avec raison comme
la plus importante de leurs possessions lointaines, l’avaient mise
dans un assez bon état de défense, et y avaient formé des établis-
semens pour le carénage et l’entretien de leurs vaisseaux.
Placée à l’entrée du golfe Adriatique , près des côtes de l’Epire,
dont elle n’est séparée que par un canal plus étroit aux deux extrémités
qu’au milieu, elle voit passer presque tous les navires qui
trafiquent dans le golfe et sur les côtes de la Dalmatie, de l ’Albanie
e td e laM o r é e .
La ville, située sur un rocher qui s’avance dans la mer au milieu
de Sa partie orientale , est aussi forte par sa position que par les
ouvrages que les Vénitiens y avaient construits pour sa défense :
on y compte environ quinze mille habitans, moitié Grecs, moitié
Vénitiens, qui vivent presque tous du produit deà terres qu ils possèdent
dans l ’intérieur de l’île. ^ '
Corfou n’a pas de port proprement dit ; mais sa rade, située au
nord-ouest, offre partout un mouillage sûr aux vaisseaux de guerre
et aux navires qui viennent y relâcher ; ils y sont abrités, par la
forme demi-circulaire de l ’île , par la côte de l ’Épire qui n’en est
qu’à deux lieues, et par les trois petites îles qu’on remarque dans
cette rade. La première ou celle de Vido est a cinq ou six cents
toises nord de la ville ; elle a un quart de lieue d’étendue, et est
V - couverte
couverte d’oliviers; la seconde, nommée Çondilanisi, çst à trois ou
quatre cents toises plus'loin vers le nord-ouest : C’est un rocher peu
étendu, sur lequel on a bâti unç,église dédiée à la y ie rg e ; la troisième,
nommée Saxi-Dimitri, .eçt à deux milles norcj-ouest; elle est
beaucoup plus étendue que la seconde :ron y a bâti le lazaret pour
la quarantaine des navires qui viennent de la Turquie, et on y a
construit quelques magasins pour l’entrepôt des marchandises.
- Corfou, qui n’a guère amdelà de dix, lieues de long du nord-ouest
au sud-est, quatre dans sapins grande largeur, prise au nord', et
deux dans sa partie (moyenne et dans sa partie méridionale, a
pourtant une population de soixante mille habitans , qu’elle doit
principalement à la culture de l'oli-vier qui s’y est introduite ; car
c>st cet arbre qui fait toute sa richesse, et à qui elle doit presque
tout son commerce.
• 'Une course que nous avons faite au nord et au sud, par ordre
de M, Comeyras, commissaire-général du Directoire exécutif", et
dont nous allons rendre compte;, donnera peut-être une idée plus
exacte de cette î le , que toutes les descriptions générales que nous
pourrions entreprendre, ,et qui ne seraient en quelque sorte qu’une
répétition de ce qu’on a pnbli.é.dans plusieurs ouvrages inté-
ressans. .
Nous sortîmes de la ville le 17 août, et traversâmes Manduchio,
village situé le long de la mer, qu’on peut regarder, à cause de sa
proximité , comme un faubourg de la ville. Les habitans, au nombre
de.quinze ou seize Cents, sont presque tous marins, et possè-1
dent quelques bateaux employés au commerce de subsistances pour
l ’île.
Au-delà de Manduchio, le terrain est inégal, couvert d’oliviers ;
la terre est calcaire, un peu crétacée; la couche végétale est profonde
et assez bonne. Après un quart-d’heure de marche, nous descendîmes
dans une plaine basse, ' étroite, en?part)e cultivée, en
partie marécageuse ou occupée par une saline fort étendue, et traversée
par une petite rivière.. Nous eûmes à droite, la rade de Corfou
, et à gauche, sur la pente d’une colline toute couverte d’oliviers f
le village de Potamos. Cette plaine nous conduisit à Condôcali, petit
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